Diabulus in Musica – Secrets

Le metal symphonique, un genre où il est bien difficile de se lancer. Dans ce genre saturé par les groupes qui naissent chaque année, on compte trois catégories : ceux qui, avec des albums magistraux, parviennent à se dégager de la masse et sont propulsés comme les icônes du genre (Nightwish, Within Temptation, Epica), ceux qui même au bout de quatre voir cinq albums ne réussissent toujours pas à se démarquer en proposant des productions anecdotiques et des compositions très pompées des formations précédemment citées (Xandria, Edenbridge, Visions of Atlantis, Magica) et la dernière catégorie, ceux que l'on croit condamnés à errer avec les seconds et qui réalisent au bout de 2-3 albums un coup de maître, capable de rivaliser avec les plus grands (Krypteria, et plus récemment Coronatus). Et voici que débarquent les pamplonais de Diabulus In Musica, bien décidés à ne pas passer inaperçus, avec ce premier essai du nom de « Secrets », signé sur Metal Blade et sortant le 24 Mai 2010. Alors, dans quelle catégorie sont nos espagnols ?

 

Au niveau des compositions, on ne peut que féliciter le travail qui a été fait. L'harmonie d'ensemble est, pour un si jeune groupe, réellement impressionnante, et les pistes sont vraiment très diversifiées, évitant ainsi le piège classique de bon nombre des formations de la seconde catégorie, c'est à dire de se répéter encore et encore pour finalement laisser l'auditeur somnolant à la fin de l'album. Non, Diabulus In Musica l'a bien compris ça, et veut apporter sa touche au metal symphonique délivré. D'ailleurs, le violon fait, à l'instar de Stream of Passion ou Lyriel, partie intégrante de la musique du jeune combo, apportant cette touche parfois orientale, parfois sombre, mais toujours employé de manière à créer une ambiance qui colle parfaitement aux compositions. Et constatons que c'est très réussi, encore une fois. En ce qui concerne les pistes de cet opus, elles sont efficaces et possèdent des refrains très entraînants. Deux pistes sont cependant au-dessous du lot, à savoir la ballade « Lonely Soul », larmoyante à souhait pour tenter de nous faire pleurer des larmes de crocodile, et « Under The Shadow (Of a Butterfly) », qui tourne un peu en rond, quand même. Mais deux autres parviennent en revanche à se démarquer par leur efficacité, leur ambiance, leur beauté et leur virtuosité qui ferait jalouser un Epica. Premièrement, la magnifique « The Forest of Ashes », garnie de chœurs magistraux et développant un côté sombre tout à fait intéressant, et surtout la piste finale, « St. Michael's Nightmare », absolument prenante et sublime de bout en bout, tant on est comblé par la beauté dont ce titre est composé et interprété.

 

Côté production, elle est à la hauteur des ambitions de nos amis de la péninsule Ibérique, à savoir une production qui met parfaitement en valeur chaque instrument doté de son espace d'expression, des éléments symphoniques parfaitement incorporés, un chant qui se fait parfaitement audible. Il faut dire que celle-ci est due quand même à Sascha Paeth, un nom qui n'est pas inconnu puisqu'ayant travaillé avec de grands noms du power symphonique (Rhapsody of Fire ou Avantasia, rien que ça).

D'ailleurs, les musiciens sont doués et délivrent d'agréables lignes musicales tout au long de l'opus, montrant que sur un plan technique Diabulus In Musica est loin d'être à la masse.

 

En ce qui concerne le chant, élément clé dans ces formations, il est partagé entre un chant extrême somme toute assez classique mais plutôt efficace (intervenant même majoritairement sur « Ishtar ») et le chant féminin de Zuberoa Aznárez. D'ailleurs, en parlant de cette dernière, voici ce qu'on peut vraiment appeler une chanteuse talentueuse. La belle prend un malin plaisir à explorer les sphères du chant lyrique et celles du chant rock avec à chaque fois un succès certain, preuve de sa maîtrise vocale. D'ailleurs, aucune fausse note n'est à noter sur ce brûlot. Et au niveau émotion, la jeune femme sait aussi montrer qu'elle peut nous en transmettre, tel ses passages susurrés sur « Ishtar » ou encore ses parties vocales sur « St. Michael's Nightmare », de haute volée. Pas de doute, voilà un duo vocal qui fonctionne bien et permet à ces pamplonais de sortir des bas-fonds du symphonique.

 

Un groupe au final bien surprenant, arrivant à délivrer une production à la hauteur des plus grands et ce dès le premier album. Technique, production, chant, toutes les qualités sont ici réunies pour pouvoir se propulser sur le devant de la scène. Et ce premier essai laisse entrevoir le meilleur pour la suite d'une jeune formation qui pourrait bien secouer ce milieu du metal symphonique. Excellent, tout simplement.

 

Note finale : 8,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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