Lyzanxia – Locust


Cette fois-ci serait elle la bonne ? Allait-on enfin avoir droit à un LYZANXIA plus ouvert, maître de son sujet tout en continuant de s'éclater ? Ou aurait-on à faire à un album qui stagne, renvoyant le groupe d'Angers vers les limbes de l'oubli ? Petit retour en arrière : "Eden" (2001) avait marqué des débuts prometteurs et remarqués des frangins Potvin, tous deux guitaristes chanteurs, après une première démo qui leur avait déjà permis de faire des dates aux côtés de grosses pointures. Un Thrash death mélodique efficace et une l'excellente complémentarité de voix mélodiques et agressives apportait un côté un peu cinglé bienvenu et achevaient de convaincre.  "Mindcrimes", avec lequel j'ai découvert les angevins présentait un grand pas en avant, tant sur le son que la production et les arrangements. L'univers musical du groupe était maintenant établi. D'excellents retours, une distribution à grande échelle et une première tournée aux Etats-Unis, il ne restait qu'à enfoncer définitivement le clou en passant le fameux cap du 3e album. Chose que "Unsu" (2006) n'avait étrangement pas réussi à faire.
   On attendait plus. On espérait mieux. Une fois de plus réalisé en collaboration avec Fredrik Nordström en Suède comme ses deux petits frères, l'album avait cette fois entièrement été enregistré sur place. Outre une ambiance générale assez épileptique qui paradoxalement desservait la puissance de l'ensemble en la rendant anecdotique car redondante, le son avait gagné en clarté et en précision, mais terriblement perdu en épaisseur pour un rendu trop clinique, inadapté au côté parfois un peu déconnant, rock'n roll de LYZANXIA. Sans compter que vu le nombre de groupes de métal scandinave (et autres) qui enregistrent toujours dans les mêmes studios, on commence à saturer sérieusement. En somme, rien de déshonorant, mais il ne fallait pas réitérer la semi-déception qu'avait été "Unsu" en son temps. Après avoir travaillé sur des projets parallèles, PHAZE 1 et surtout ONE WAY MIRROR, revoici les frangins et leurs copains pour ce LOCUST qui fort heureusement passe à la vitesse supérieure.

   Après avoir monté leurs studio et s'être fait la main en produisant d'autres groupes et leurs projets précités, ils ont cette fois décidé de se produire eux-mêmes, entre autres afin de pouvoir prendre le temps d'aller au fond de leur idée et, de l'aveu de Frank dans son interview, trouver le son qu'ils voulaient entendre. Et le résultat s'entend à l'oeil nu. Ce coup-ci, pas de prise de tête à vouloir trop bien faire. On est immédiatement agréablement surpris par le gros boulot réalisé sur les voix et les refrains, bien plus mises en avant et intégrées dans la musique. L'expérience ONE WAY MIRROR en compagnie de Guillaume Bideau (chanteur, MNEMIC, ex SCARVE, qui avait également coproduit l'album avec un des frangins) semble avoir décidé LYZANXIA à enfin se pencher là-dessus. De plus, le line-up est pour une fois resté stable, nul doute que l'apport de Vince et Clément, bassiste et batteur, a été revu à la hausse. Notamment du premier cité, on regrettera un peu une batterie certes efficace, mais qui reste un poil en retrait. Mais c'est là chipoter pour pas grand chose. C'est à une équipe rôdée qu'on a désormais à faire, et ici aussi, la différence est palpable.
   Plus calme, plus posé, LOCUST ne cherche pas à en faire trop et prend le temps de poser ses ambiances. Tous les éléments de base qui avaient déjà été posés sont là, mais s'imbriquent cette fois sans forcer. Le son est toujours orienté trash death, surtout les riffs de guitare, mais les compositions s'avèrent nettement plus intéressantes et modernes. Fini le chien fou qui court dans tous les sens, place au clébard super bien dressé qui sait quoi faire et qui le fait bien, au lieu de gâcher ses forces à cavaler derrière la première bagnole venue. LYZANXIA réussit à nous balancer un excellent album composés de 11 concentrés de bonheur. Structures variées et efficaces, passages mélodiques moins convenus, cette fois le combo a trouvé "sa" patte, son "truc". En pleine confiance, nos angevins gagnent et cette fois pour de bon leurs galons de groupe sur lequel il faudra compter.

    

   "Prime Thrill" donne le ton juste ce qu'il faut avant qu'un "underlie" franchement furibard, mais également doté d'un gros refrain qui passe comme une lettre à la poste, ne nous pète à la gueule. Dans le fond, la musique de LYZANXIA s'éloigne du death mélodique scandinave trop convenu et enrichit sa palette pour un résultat bien plus personnel, toujours très accrocheur. Et avec une efficacité à toute épreuve. "Light Transition" fait figure de bon tube avant que l'excellent et plaintif "Parasitic Growth" ('vous attendez surtout pas à une ballade pour autant) ne revienne brouiller les cartes. Quand on ne s'ennuie pas une seconde, c'est quand même qu'on a un sacré bon skeud entre les mains. "Tomorrow died" est un bon exemple de la direction générale : titre mid-tempo qui aurait pu être franchement moyen si mal dosé, et qui s'avère être une belle réussite, avant que "Subhero Zero" et surtout le canon "Father Râ" (sans doute le meilleur titre de l'album) ne viennent achever les débats.
   Et le moins que je puisse dire, c'est que ça fait vraiment plaisir d'entendre ça, et de pouvoir se dire qu'on a un excellent album de plus pour l'été. A la fois accessible et plus ambitieux qu'il n'y paraît au premier abord, ce 4e album est une franche réussite. Son dernier morceau marque une ouverture vers d'autres horizons et nous fait espérer que LYZANXIA va continuer son chemin au sein de la première division, en laissant d'autres influences et envies s'exprimer. Et cette fois, on voit mal ce qui pourrait les en empêcher.

Note : 8,5/10

Disponible le 31 mai, XIIIbis Records

www.myspace.com/lyzanxiaband

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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