Witch Mountain au Hellfest 2014

Samedi : 16h, Valley

La sorcière nous ensorcelle

Programmation de rêve pour les fans de doom en ce Samedi sous la Valley. Après les shows d'H A R K, d'Herder, de Mos Generator et de Subrosa, c'est au tour du quatuor américain nommé Witch Mountain de prendre place sur scène. Difficile de convoiter les foules à l'heure où Skyclad se produit au même moment au Temple et où We Came As Romans séduit les amoureux de metalcore sur la Mainstage 02. Mais force est de constater que la foule présente à l'heure où les quatre musiciens d'outre-Atlantique se produisent est loin d'être négligeable, ce qui est déjà très positif pour eux. Encore faut-il que la performance, elle, tienne la route.

Witch Mountain

Mes craintes personnelles concernaient avant tout le chant d'Uta Plotkin, tant la jeune femme n'hésite pas, en format studio, à chanter (très) haut. Et voilà que celles-ci s'éclipsent dès que le combo commence à jouer « The Ballad of Lanky Rae », judicieusement placé en opener pour présenter à tous l'univers si particulier du groupe. Le morceau est accrocheur, bien composé et sa retranscription sur scène ne diffère quasiment pas de ce que l'on peut entendre en CD. Néanmoins, l'atmosphère présente réussit à prendre facilement et, surtout, la chanteuse fait des merveilles, grâce à une réelle maîtrise de son organe. Indéniablement, celle-ci apprécie la musique qu'elle chante et semble prise elle-même dans l'ambiance des morceaux délivrés dans ce set de quarante minutes. Tour à tour enchanteresse (« Never Know »), conteuse (« The Ballad of Lanky Rae »), ou menaçante (son chant extrême sur « Beekeeper » fait des miracles), la frontwoman s'adapte dans chaque registre, et se révèle comme le point fort du groupe. On comprend aisément pourquoi le guitariste / fondateur / compositeur Rob Wrong n'imagine plus Witch Mountain sans elle.

Witch Mountain

Le reproche principal que l'on pourrait adresser à l'encontre de la formation, c'est de peut-être trop se reposer sur sa chanteuse. Les autres membres de la formation paraissent presque effacés par rapport à cette femme qui se donne tellement sur scène, et il est bien dommage qu'ils restent aussi statiques. Cela mis à part, il n'y a pas eu de problème majeur dans ce concert. La setlist, très orientée sur leur dernier album en date Cauldron of the Wild, est bien équilibrée, alternant moments lourds, denses ou calmes, histoire de ne pas donner une impression de linéarité ou de balancer un set monolithique. Et cette volonté est louable, car cela nous permet d'apprécier à leur juste valeur des titres du calibre de « Shelter », qui, en plus de démontrer qu'Uta est loin d'être une débutante question chant, nous fait la preuve que les quatre américains sont de très bons compositeurs qui savent écrire des morceaux longs, mais intenses, et variés. Le public, par ailleurs, réagit très bien à la performance de Witch Mountain. Si le doom peut parfois se révéler difficile d'accès et hermétique, dans le cas ici présent, la formation sait comment tout mettre en œuvre pour captiver la foule, et ce avec la plus grande simplicité. Et ça marche.

Witch Mountain

Bénéficiant, par dessus le marché, d'un son tout à fait correct, Witch Mountain aura certainement gagné des points en ce Samedi grâce à un concert très bien mené. Des titres écrits avec intelligence passant le cap de la scène à la perfection, une chanteuse possédée et envoûtante, ne reste qu'aux autres musiciens à montrer davantage de leur implication et ce sera tout bon. En tout cas, voilà un groupe qu'il ne serait pas déplaisant de revoir pour les prochaines années au Hellfest. Bravo au quatuor pour ce set réussi!

Photos : Lionel / Born 666 / © 2014
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