Samedi 21 juin, 20h45 - Altar
Une vraie fin brutale
On a beaucoup parlé de concerts exceptionnels ou de groupes rares pour le Hellfest 2014 : Iron Maiden par-ci, Black Sabbath par-là, Aerosmith… Mais l’évènementiel du festival se situait tout autant sur les autres scènes, et on peut gager qu’elles n’ont pas eu le battage médiatique mérité. L’exemple de Brutal Truth est symptomatique. Après (presque) 24 ans de bons et loyaux services à la cause du grind, la formation new yorkaise tirait sa révérence avec une tournée d’adieu. Le concert au Hellfest constituait leur avant-dernier concert en Europe.
Sans espèce d’introduction, le concert commence sur les chapeaux de roue : un circle pit se forme dès la première chanson, et restera en activité jusqu’à la fin. Un début brutal, avec Kevin Sharp bien déterminé à installer le désordre sous l’Altar, son chapeau de cowboy vissé sur la tête. A la basse, on retrouve celui qu’on peut très légitimement qualifier de « légende » du métal extrême : Dan Lilker, membre fondateur de Brutal Truth, mais également d’Anthrax et S.O.D . Pourtant, l’homme ne semble pas avoir la grosse tête, et joue la carte de la sobriété sur scène. Il vient apporter le surplus de basses nécessaire au jeu enragé et épileptique de Richard Hoak à la batterie pour être irrésistible.
Entre les morceaux, pauses salvatrices, Kevin Sharp remercie le Hellfest pour leur accueil à chacune de leurs venues, et de leur avoir accordé un créneau plutôt favorable cette année. Il en profite également pour répondre aux incompréhensions quant la séparation du groupe, que nous traduisons ici, car ces mots se distinguent nettement du discours un poil démagogique habituellement servi par les groupes à leur public :
« J’y ai réfléchis mûrement. Quand on se consacre à quelque chose aussi longtemps qu’on a pu le faire pour Brutal Truth, ça devient quelque chose qui est plus grand que toi. Mais pour moi, Brutal Truth est plus qu’un groupe ou les chansons qu’on joue, c’est une idéologie : si vous vous vous battez, si vous criez assez fort, vous pourrez vivre votre vie de la manière dont vous l’entendez. J’ai 47 ans et je vous suis extrêmement reconnaissant. Merci beaucoup de faire partie de nos vies ! » Après ce discours chargé d’émotions, le concert reprend de plus belle, avec une énergie renouvelée.
Le son est très fort et puissant, mais on peut tout de même regretter qu’il manque de précision. Mais que voulez vous, on est à un concert de grind, mais de musique classique ! Des riffs gros comme des pavés sont balancés à la face du public, qui se met sur la gueule dans la joie et la bonne humeur. Cette musique a tout ce qu’il y a d’extrême : vitesse, agression et volume. Etonnamment, une bonne partie du public reste assez calme, se contentant de hocher la tête d’un air satisfait, comme s’ils voulaient profiter de leur dernier concert de Brutal Truth tranquillement, écoutant religieusement les maîtres à l’œuvre. C’est d’ailleurs en voyant la formation sur scène qu’on se rend compte à quel point Brutal Truth a apporté au genre, y compris dans l’attitude sur scène.
On assiste à une scène assez insolite en posant le regard sur une femme enceinte, à un stade plutôt avancé. Rares sont ceux qui ont assisté à un concert de grind si jeunes ! Pour la fin du set, le groupe dégaine quelques titres de son premier album, celui qui marquait le début de l’aventure et en marquait la fin ce soir au Hellfest. Le dernier concert européen est prévu pour l’Obscene Extreme, et il s’annonce émotionnel. Stay brutal !
Reportage par Tfaaon
Photos : © 2014 Thomas Orlanth / Site du photographe
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