"Je me suis enfin dit oui à moi-même !"
Rencontre avec une nouvelle légende en ce Hellfest Open Air 2014, le chanteur John Garcia qui n'est nul autre que le co-fondateur du "desert rock" en compagnie de Josh Homme au sein du mythique groupe Kyuss. Resté loin des paillettes du "rock star system" au contraire de son ancien compère, c'est un homme simple, sincère et parfois même touchant qui nous a accordé une interview rare en ce dimanche torride sur Clisson, quelques heures avant de jouer avec Unida et quelques semaines avant la sortie de son premier opus solo chez Napalm Records.
Bienvenue au Hellfest, tu joues ce soir avec Unida en même temps que Black Sabbath...
John Garcia : En effet, je vais prévenir les gars de faire une bonne petite instru car leur chanteur va s'absenter quelques instants pour voir un peu le show de Black Sab (rires) ! Mais bon, c'est une très bonne chose d'être invité à nouveau par l'orga.
Un show spécial et unique pour Unida cette année ou il y en aura d'autres ?
On a un total de dix shows à donner, une sorte de tournée d'adieu même si ce n'en est peut-être pas vraiment une. Disons que Unida va probablement s'arrêter de tourner après cela, pas certain qu'on ne reviendra pas cependant. Ensuite je me concentrerai uniquement sur mon projet solo, et c'est un peu pour cela que je suis ici en train de donner des interviews.
En parlant de ce premier album solo, est-ce que tu travailles dessus depuis un moment ?
Oui, cela fait des années que je veux en faire un, et le voir enfin se matérialiser cet été c'est vraiment un grand soulagement. Ca fait des lustres que j'en parle, que je le planifie, le voici enfin...
As-tu mis beaucoup de tes émotions dans les textes ?
J'avais cette boite dans ma chambre où j'ai répertorié au fil des années toutes ces chansons très personnelles, et j'ai fini par en avoir marre de les laisser de côté. Je me sentais mal pour elles, je les ai trop négligées alors que pourtant je les aime beaucoup. Alors j'ai enfin décidé de les faire vivre ! J'ai donc dit "non" à Vista Chino qui voulait travailler sur un nouvel album, idem pour Unida et un éventuel comeback ou encore Hermano... Et j'ai dit "oui" à ces chansons, je me suis dit "oui" à moi-même pour enfin mettre sur pied cet album qui me ressemble.
Il y a aussi quelques invités sur ce disque : ton ami de longue date Nick Oliveri, Danko Jones, Robby Krieger le guitariste des Doors...
C'est vraiment un ensemble de musiciens exceptionnels avec qui j'ai eu la chance de travailler. Robby, Nick, Danko, mais aussi Chris Hale et Damon Garrison de Slo Burn, Dandy Brown et David Angstrom de Hermano, Mark Diamond et Tom Brighton des Dwarves. Ce sont aussi eux qui ont rendu ce disque possible aux côtés de mon producteur. Des gens adorables sans qui rien n'aurait été possible.
Tu avais toi-même officié en tant que guest sur plusieurs albums, un juste retour des choses ?
Oui, en quelque sorte. Je suis un grand fan de musique ! Je n'aime pas rester en place, j'ai eu des tas de groupes et projets, j'ai chanté pour Danko Jones, Monkey3... et j'en passe ! Il faut être curieux et explorer les possibilités, je suis comme ça.
Prévois-tu de défendre ce premier album lors de quelques shows ?
Oui, j'ai déjà mon groupe live, que des musiciens du desert rock, on a débuté les répétitions ensemble. On commence une tournée en septembre en Australie, et on reviendra en Europe pour plusieurs dates entre octobre et décembre.
En 1990, un film documentaire sur les Doors était sorti où on voit Jim Morrison perdu dans le désert avec des hallucinations dues à la drogue... est-ce que cela a plus ou moins inspiré la musique de Kyuss à l'époque ?
J'ai vu ce film en effet, il est très intéressant. Je suis un grand fan des Doors et Kyuss a existé grâce à eux, même si nous n'avons jamais véritablement cherché à leur ressembler. Et ce docu a sûrement influencé indirectement certaines choses...
Dans le concept "desert rock" peut-être ?
Je ne pense pas que ce soit la base, en fait ce style est ancré dans ce que je suis, dans mon histoire. Je n'essaye pas trop de savoir d'où ça vient, c'est surtout à la base quatre gars venus du désert qui se sont mis à jouer du rock ensemble. C'est tout, et c'est déjà une belle histoire.
Tu avais fait un show Kyuss Lives! en 2011 ici, sans Josh Homme... tu as depuis rejoué avec Josh dans un concert de Queens of the Stone Age en Californie... Difficile de vous retrouver ensemble, Josh étant un homme très occupé ?
Oui, les choses sont comme elles sont, je t'avoue que je ne m'occupe plus des vrais choses de la vie. Comme partir à la pêche avec mes enfants. Je ne suis pas du genre à vouloir me prendre au sérieux... Je ne suis pas quelqu'un de cool ou à la mode, je m'en fiche. Tout ce qui m'intéresse c'est d'être un bon père, un bon mari, et parler à deux inconnus de mon nouvel album c'est pour moi bien plus intéressant. Je garde ma tête sur les épaules et je reste surpris qu'on puisse ainsi s'intéresser à ma carrière.
Et on sait que tu cuisines bien aussi ! Quelle est la meilleure façon pour toi de cuisiner le poisson ?
Pour moi c'est au barbecue, j'adore ça !
Es-tu intéressé par ces jeunes groupes qui essayent de recréer cette ambiance desert ou stoner, d'où qu'ils viennent d'ailleurs ?
J'apprécie que certaines personnes s'intéressent au genre et le jouent avec leurs tripes, c'est amusant qu'ils se disent "desert rock" et qu'ils viennent de Scandinavie par exemple mais peu importe. Moi ça ne me dérange pas, c'est une question de feeling avant tout, peu importe d'où tu viens.
En ce qui concerne Vista Chino, est-ce terminé ou... ?
Non, je ne pense pas, je l'ai juste rangé dans un garage et ce projet va se reposer un peu.
Idem pour Slo Burn ?
Oui, mais il ne faut jamais dire jamais.
Si Josh Homme te rappelle pour un guest quelconque, répondras-tu présent ?
Je n'en sais trop rien, cela dépend de pas mal de choses. Il faut que ce soit le bon moment.
As-tu d'autres projets en tête en ce moment ?
Non, je vais rester totalement concentré sur mon projet solo, j'en ai vraiment besoin pour l'instant.
En tant que fan de Glen Danzig (Misfits) et Ian Astbury (The Cult), as-tu déjà eu l'occasion de les rencontrer ?
J'ai déjà rencontré Glen et Ian, je pourrais en parler pendant des heures, ce sont deux chanteurs immenses qui m'ont beaucoup inspiré. Deux icones du genre.
Avec sa voix suave, n'as-tu jamais songé à faire une carrière de crooner un peu comme Iggy Pop ?
Franchement ? Je suis très heureux de ce que je fais en ce moment, non merci ! (rires)
Il existe un album de Unida qui n'a jamais pu officiellement sortir dans le commerce, y a-t-il quelques plans pour une nouvelle tentative de sortie un jour ?
J'espère vraiment ! C'est possible, mais on verra après.
Envisages-tu déjà un second album solo ?
Oui, c'est sur quoi je travaillerai juste après la tournée, je veux sortir plusieurs albums à la suite.
Si tu devais citer un film qui t'a marqué plus qu'un autre ?
Je suis très embêté par cette question, je n'y ai jamais réfléchi... J'aurais du mal à en citer un seul là.
Et si un jour un réalisateur vient te voir pour tourner une sorte de film autobiographique sur ta vie ou un biopic, accepterais-tu ?
Je ne pense pas...
Suis-tu la coupe du monde de football ?
Je regarde mais je ne fais pas trop de pronostics. J'aimerais que les Etats-Unis aillent loin mais je n'y crois pas.
Entretien réalisé en compagnie de Lionel/Born 666
Photos d'ambiance : © 2014 Lionel/Born 666