Year of No light est un groupe bordelais qui officie dans le style souvent anglo-saxon du post-hardcore, matiné de post-rock. Je sais, ces étiquettes n'ont aucun sens, mais ça fait plaisir d'étaler sa science de pacotille. Voilà, c'est fait !
Alors, pourquoi "post-hardcore" ? Parce que l'intention sonore est appuyée par des riffs lourds et saturés, sombres, puissants et aiguisés, parce qu'on entendrait aisément la plainte des sorcières en fond, parce qu'il y a une tribalité certaine dans la construction des morceaux.
Et pourquoi ce "post-rock" ? Mmh, comment vous dire... On officie ici dans une espèce de bande originale de film, on accompagne une possible évocation visuelle, on peint des tableaux sonores.
Vous l'aurez bien compris, on n'est pas là pour créer du hit, ni pour vendre un maximum d'albums (sous-entendu plaire à un maximum d'auditeurs). On est là pour créer un univers singulier. D'ailleurs, les quatre morceaux de cet album, paru le mois dernier, oscillent entre 9:37 et 13:17 minutes. Quatre morceaux, quatre tableaux soniques, pour 48 minutes de voyage.
Year of no light avait déjà frappé fort il y a quatre ans, avec l'album "Nord". Une énergie triste et puissante traversait cet album. Mais les choses ont changé : la voix a disparu, nous avons donc à faire à un album instrumental... Une troisième guitare est venue se greffer au combo bordelais, ainsi qu'une deuxième batterie. Le résultat n'est pas décevant. Le virage est amorcé, il est toujours aussi exigeant et procurera un plaisir certain à qui osera prendre un bain de lave.
On pourrait reprocher à cet album, pour qui a parcouru quelques plaines de l'univers vaste du post-core névrosé (Nadja, Isis, Neurosis), de se complaire à réitérer les schémas établis par le genre. Oui et non. Il y a effectivement dans le son quelque chose de déjà entendu, cette masse sonore en accords mineurs qui a fait la recette du déjà oublié (tant mieux...) God Speed You Black Emperor, mais Year of No Light maîtrise si bien son sujet qu'il le transcende.
Il suffit de réitérer l'écoute de ce bel album pour n'en point douter : c'est un disque qui accompagne, qui dévoile avec pudeur, qui a l'esprit sauvage. Avec un esprit shoegaze des plus appréciable.
Et le dernier morceau, "abesse", véritable monument imprenable, summum incandescent, est là pour prouver que les gars ont atteint une véritable osmose.
Décidemment, cette année 2010 est riche en sonorités délectables !
Ma note : 9/10
Voici mon avis.