Biohazard (Evan Seinfeld et Bobby Hambel) au Hellfest 2010

Le lendemain de leur solide prestation sur la Mainstage 2, deux des membres principaux de Biohazard (le chanteur Evan Seinfeld et le guitariste Bobby Hambel) sont venus converser avec La Grosse Radio Metal au sujet du concert, de leur reformation, du "style" hardcore et du futur nouvel album. Une entrevue enregistrée à 15h le samedi 19 juin sur le site du Hellfest et préparée par Arnonours.

Ju de Melon : Bonjour les gars, vous avez conclu la première journée de ce Hellfest 2010 et on peut dire que vous avez mis le feu ! Comment était l'ambiance et la foule hier soir ?

Bobby Hambel : C'était vraiment super, on n'a pas fait le voyage pour rien ! Nous sommes venu de loin ici seulement pour un show et une fois sur scène nous avons vraiment passé un putain de bon temps, le public était merveilleux et c'est vraiment cool d'être ici. Maintenant nous allons nous remettre au travail et enregistrer un nouvel album...

Evan Seinfeld : Seulement une date ici mais tu sais, le Hellfest c'est quelque chose de grand, un excellent rendez-vous pour le metal et le hardcore. C'était vraiment important pour nous de nous produire ici, nous savions que la foule allait être bonne avec le public français, nous avons eu une forte connexion avec les gens ! On a eu l'honneur de conclure la journée d'hier et ça a dépassé nos attentes... Désormais nous allons repartir et entrer en studio lundi avec de nouvelles idées, nous sommes prêts pour un nouvel album. En tout cas super show, le "circle pit" avec tous ces gens restera dans les mémoires j'espère !

Biohazard

Ju de Melon : En 2005, vous aviez décidé que "Means to an End" serait votre dernier album, mais vous avez depuis changé d'avis. Pour quelles raisons ? Un lien avec l'hommage à Dimebag Darrel ?

Bobby Hambel : Non pas vraiment. Je pense que "Means to an End" était le dernier album de la version précédente de Biohazard, ici nous revenons avec la formation originelle du groupe. C'est un peu confusant je sais mais le principal c'est que la formation initiale soit de retour ensemble, ça faisait un moment que nous étions séparés et bon... Peu importe ce qui s'est passé avant cette reformation finalement. En ce qui concerne l'hommage à Dimebag, c'était un véritable honneur pour nous... Dimebag était un ami et un grand musicien. Mais nous étions déjà revenus ensemble avant qu'on nous offre cette possibilité, on était déjà en pleine tournée donc ce n'est qu'une coïncidence ! En fait nous nous sommes reformés pour fêter nos 20 ans et faire une tournée de réunion. Cette tournée s'est super bien passé un peu partout dans le monde, le public nous a vraiment soutenu ! Du coup nous avons décidé de retravailler ensemble sur un album et de continuer l'aventure.

Evan Seinfeld : Et donc on en a profité pour faire cet hommage et d'autres choses importantes, une fois revenus en tant que groupe nous pouvions nous le permettre et reprendre une vie musicale ensemble, que ce soit en live ou pour la préparation d'un nouvel album.

Ju de Melon : C'est donc l'acceuil des fans pendant la tournée qui vous a donné envie de refaire un album ensemble ?

Evan Seinfeld : Je ne sais pas si "envie" est le mot. Nous savions juste que ça allait arriver ! Le fait de revenir ensemble avec Billy et Bobby a en quelque sorte fermé cette parenthèse avec d'autres anciens lineups. Beaucoup de fans voulaient que nous revenions ensemble et après cette tournée nous avons senti le retour de cette magie et ça nous a donnée une nouvelle énergie, envie de nous dépasser en tant que musiciens et de créer à nouveau. Nous voulons faire quelque chose de hard, heavy, mélodique, effrayant... Bref ressentir ce feeling, et c'est pour ça que nous sommes à nouveau réunis.

Ju de Melon : Parlons un peu de la scène New Yorkaise Hardcore... Hier vous avez mentionné Sick of It All pendant votre concert, il y a aussi Agnostic Front qui joue ce weekend... Etes vous en quelque sorte connectés ?

Bobby Hambel : Tous ces gars sont nos amis ! Nous sommes donc connectés en ce sens, il y a comme un lien de fraternité entre nous. Tu sais, dans chaque interview on se rend compte que le mot "hardcore" a une signification différente pour chacun. Pour nous, le hardcore c'est avant tout ce que nous sommes au fond de nous, ce que nous pensons, ce que nous faisons... ça n'a rien à voir avec le son ou la musique en fait. le "style musical" Hardcore c'est un peu une sorte de fantasme... On voit plein de jeunes groupes qui essayent de copier des groupes qui eux-même copient d'autres groupes, mais peu importe ! L'important c'est de trouver sa propre direction et sa connexion avec la musique... Pour nous, en tant que premiers groupes de cette scène New Yotkaise, c'est une histoire de famille en quelque sorte. Nous sommes tous potes, les gars d'Agnostic Front en particulier !

(Interlude "French Coffee")

Evan Seinfeld

Ju de Melon : Revenons-en à cette scène Hardcore... Pourquoi spécifiquement à New York ? D'où vient cette rage, cette colère ?

Evan Seinfeld : Parce qu'à New York il y a plein de gens qui, tels des rats, se dévorent entre eux ! Sérieusement, si j'avais grandi à la campagne, je ne pense pas que j'en serai là aujourd'hui. Tu sais, tu peux être en colère quand tu vois ce qui se passe dans le monde, toutes ces injustices, etc., mais ça ne doit pas te rester sur le coeur... Quand tu vois ça à la TV, tu te demandes ce qui se passe quoi ! Puis quand tu vis à New York City, tout est décuplé, tu as cette colère en toi et il faut que tu l'exprimes d'une certaine façon.

Ju de Melon : Vous venez tous du même endroit à New York ?

Evan Seinfeld : Ouais, globalement nous venons tous de Brooklyn, Mill Basin et les alentours...

Bobby Hambel : Nous venous tous des quartiers en fait, c'est comme ça à New York ! A l'époque il y avait la scène heavy metal et tous ces styles avec un habillage particulier, un code bien ficelé... Le Hardcore c'est différent, il n'y a aucun code vestimentaire par exemple, des gens très divers peuvent s'identifier à ce courant. C'est plus ouvert selon moi... Mais bon le Hardcore a tendance à devenir une mode, et je trouve ça idiot. C'est juste une musique urbaine quoi, et il faut vivre dans cet environnement pour comprendre et faire ce que l'on fait !

Evan Seinfeld : Mais beaucoup de gens s'identifient à ce "style", par exemple si on va jouer au Brésil près des bidonvilles : les gamins nous comprennent, il y a quelque chose qui se passe. Même chose pour les gosses du Midwest qui sont plus attirés par le rap, mais y a quelque chose, peu importe après le style car ça va au-delà de la musique au final ! Pour nous, la musique est une religion, c'est spirituel... Peu importe ce qui te fait planer au final ! Comme l'a dit Bobby, le fait d'avoir grandi dans des quartiers difficiles a fait de nous ce que nous sommes. Pour nous la musique était notre seule échappatoire, nous n'avions aucun diplôme...

Bobby Hambel : On aurait eu plus de chance de s'en sortir par la déliquance que par le travail, il faut l'avouer. Nous étions un peu découragé en allant à l'école, nous savions qu'on ne pourrait pas avoir une carrière professionnelle fructueuse. Mais la musique était là ! Et le fait qu'on chante sur la vie de tous les jours ou les problèmes quotidiens font que des petits brésiliens sur la plage ou des jeunes fermiers de Slovénie peuvent tout autant nous comprendre. Pas besoin d'avour grandi dans une grande ville au final, on parle de la souffrance... et tout le monde peut ressentir cette souffrance !

Evan Seinfeld : Quand tu vois toutes ses affiches sur le festival, on sent qu'il y a des groupes différents... Certains préfèrent parler de l'imaginaire, du fantastique ! C'est pour eux un autre moyen de s'échapper, et c'est cool, tu vois ce que je veux dire ? Peu importe comment on y arrive ! Quand j'étais gosse, j'écoutais des trucs comme Iron Maiden ou Black Sabbath, j'en avais besoin pour oublier la réalité. Mais jamais je n'ai pu écrire des paroles imaginées comme eux le font, j'ai toujours eu besoin de parler de choses vraies. C'est avec ce genre de textes que la connexion avec les gens se fait, on reste terre à terre et proches d'eux.

Ju de Melon : En ce qui concerne le nouvel album, quelques plans précis sur quand il sortira par exemple ?

Bobby Hambel : Normalement au début de l'année 2011, en janvier. Voire en février !

Ju de Melon : Un label déjà en place ?

Bobby Hambel : On est en train de travailler sur un contrat mais je préfère ne pas en parler pour l'instant. On se concentre sur l'enregistrement et la production à venir, on va bosser avec un gars qui s'appelle Toby Wright, un super producteur avec qui ça va super bien se passer je pense. En fait, pour être honnête, ce nouvel album est presque l'excuse qui pour nous justifiera une nouvelle tournée ! Nous ce qu'on veut c'est jouer en live... Un album c'est toujours quelque chose de ponctuel, comme une photo : après tu peux très vite changer et t'évolues ! C'est comme ça pour la musique, et la musique que t'as enregistré il y a 20 ans sonne toujours différente quand tu la fais en live aujourd'hui. C'est très difficile de capter cette énergie en enregistrement, celle-ci prend toute son ampleur en live. Sur cet album nous allons travailler au maximum afin d'atteindre le plus possible cet aspect "live", on donnera le meilleur de nous même avant d'aller sur la route.

Biohazard

Ju de Melon : Evan, tu as énormément d'activités, t'es quelqu'un de très occupé... Comment parviens-tu à tout concilier ?

Evan Seinfeld : Je suis un jongleur ! J'ai beaucoup d'énergie bizarre en moi, ça a toujours été comme ça. Même à l'époque où je commençais le groupe, j'étais toujours en train de faire du sport, de courir et j'en passe ! J'adore être créatif, pousser mes limites et ne jamais m'arrêter. Je suis là pour prendre tout ce que je peux prendre, je n'ai pas de plan spécial : je fonce. Je sais que beaucoup de gens ont plein de rêves mais ils n'osent pas... Je ne suis pas de ce genre, j'ai toujours été un fonceur. J'ai pas envie de vivre avec des regrets, tout ce que je peux faire j'essaye de le faire...

Bobby Hambel : Après tout, on ne vit qu'une fois ! Quand on voit des amis partir trop tôt, on comprend très vite. Il ne faut pas hésiter et saisir chaque opportunité avant qu'il ne soit trop tard. On essaye de faire un maximum de choses, il faut faire des expériences et ne pas nier que nous sommes. C'est notre philosophie ! On s'en fout de ceux qui disent "non, tu ne peux pas faire ça"... Il faut tenter ! Après tout, tout ce que tu n'oses pas faire peut être considéré comme un échec. Si t'as peur de faire un truc car tu penses le rater, si t'essayes pas, t'es sûr que c'est un échec, car tu n'as même pas essayé de voir si c'était possible ou non.

Evan Seinfeld : Bien dit ! Je préfère essayer quelque chose qui semble impossible et le rater... Après tout, si tu n'essaies pas, tu rates forcément. Perso j'ai eu une bonne carrière d'acteur, je continue à apprendre le métier et j'adore ça. Que ce soit de la comédie ou du tragique, peu importe, j'essaye d'aller plus loin. Dans Biohazard, nous essayons toujours d'aller plus loin, de nous lancer des défis, notamment sur ce nouvel album. On va essayer de faire des trucs plus durs, que ce soit un chant plus aigu, un solo plus rapide, des rythmes plus syncopés... Peu importe, il faut tenter. Tu vois, j'adore Biohazard, autant que mes potes, c'est mon premier groupe et mon premier "amour"... Mais malgré tout je ne m'imagine pas faire un seul truc ou toujours la même chose !

Ju de Melon : Question polémique au sujet de ces politiciens ou catholiques extrémistes qui voulaient faire interdire le festival, vous en pensez quoi ?

Evan Seinfeld : Les politiques locaux sont surtout intéressés par l'argent que le festival va apporter je pense... tout en dénigrant son contenu, c'est vraiment n'importe quoi.

Bobby Hambel : Quant à ces catholiques extrémistes... Ils sont idiots car au final ils finissent par se contredire eux-même. Il y a plus "d'amour" ici qu'ailleurs limite, après tout si Jésus était là il serait super heureux je pense de voir ça ! Et ici je ne blasphème pas... Regarde un peu, ce rassemblement de gens avec amour, respect et chaleur ! Une vraie communauté, sans attitude négative, sans destruction ni cruauté, aucune violence et aucun crime ! En fait l'agression vient de ces gens qui soit disant apportent un message de paix... Mon oeil oui, le vrai rassemblement de paix il est ici et ils devraient venir partager cette ambiance avec nous au lieu de dénigrer sans savoir. Qu'ils viennent et constatent par eux-même ! En tout cas, je ne pense pas qu'il faille les combattre, au contraire... Offrez-leur des billets gratuits, montrez-leur que tout se passe bien et aussi bien l'année d'après ils reviendront d'eux-même en payant leur place, qui sait ?!

Evan Seinfeld : Tu sais quoi, je crois que ces extrémistes sont plus intéressés par les petits garçons, y a trop d'adultes ici (rires)...

Bobby Hambel : Non mais sérieusement, il y a trop de "politique" dans ces discours. C'est un peu hors propos... Tout est une question d'argent, c'est ça qui dérange. Mais quand on voit que 99.9 % des gens ici sont respectueux et tranquilles, leurs propos ne tiennent pas la route. Des choses pires arrivent dans des matchs de foot par exemple... et ça ne gêne pas ces catholiques. Peut-être parce que les supporters viennent à l'église prier avant les matchs, j'en sais rien... va savoir... Enfin bon ici c'est de l'ignorance, ils se renferment dans leur foi et refusent d'essayer de comprendre. Après tout Cannibal Corpse n'est pas plus dangereux que ce qu'on voit à la TV, y compris visuellement...

Biohazard - La Grosse Radio Metal

Ju de Melon : Quelques derniers mots pour les fans français pas mal excités par votre retour ?

Evan Seinfeld : J'espère qu'ils apprécieront notre nouvel album. On va y mettre toute notre âme et notre coeur... Après 20 ans d'existence, on a envie de mettre la barre encore plus haut et surtout les revoir en live. Car c'est important de garder cette connexion avec le public, on y tient plus que tout ! Alors rendez-vous sur la prochaine tournée les gars !

Ju de Melon : Merci beaucoup et bonne continuation !

Evan Seinfeld : Fuckin' up France, hardcore !

La Grosse Page de Biohazard




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