"Nous sommes un groupe démocratique"
Seul membre fondateur restant dans le groupe, Ian Hill parle du dernier album de Judas Priest, Redeemer of Souls. Il y évoque ce qui a poussé le groupe à le faire, l'apport de Richie Faulkner, nouveau guitariste du groupe, sans oublier de revenir sur le reste de sa carrière avec recul et honnêteté et parle également de l'avenir, avec notamment une tournée européenne prévue pour 2015.
Redeemer of Souls, le nouvel album de Judas Priest, vient de sortir, quels sont tes sentiments à son propos ?
On est très positifs à propos de cet album. C’est un de nos meilleurs disques depuis de nombreuses années. On a mis tout ce qu’on a eu envie de mettre qui nous correspondait. On espère que nos fans pensent la même chose.
Parle-nous du titre du disque.
C’est un titre fantasy que Rob Halford [chanteur] a trouvé sur une des chansons du disque et ça collait bien à l’album. Cela fait suite à Angel of Retribution, qui est le dernier album conventionnel de Judas Priest, Nostradamus étant un concept album et une histoire à part entière.
Cela faisait six ans que vous n’aviez pas sorti d’album. Le studio vous avait-il manqué ?
On a été plutôt occupé pendant tout ce temps ! [rires] On a fait la tournée Nostradamus, puis la tournée qui célébrait les 30 ans de British Steel aux Etats-Unis et la tournée Epitaph. Peu avant la fin de cette dernière, nous avons décidé de revenir au studio. Mais quand tu travailles, ça ne te manque pas vraiment.
Tout le monde pensait qu’Epitaph serait la dernière chose que Judas Priest ferait. Qu’est-ce qui vous a donné envie de ressortir un album ?
Glen Tipton [guitariste], Rob Halford et Richie Faulkner [guitariste], les compositeurs, avaient toutes ces idées. Richie a trouvé plein de bons riffs pendant la tournée, du coup, quand on s’est réunis, on s’est dit qu’on devrait faire un album. Les idées étaient bonnes, on était capables de faire un album et on avait envie de le faire, du coup il n’y avait aucune raison de ne pas le faire. Au fur et à mesure que le travail avançait, on s’est rendus compte que cet album était spécial.
Parle-nous de ton apport dans les compositions de l’album.
Glen et Richie se sont réunis et ont posé leurs idées musicales, Rob a un catalogue entier de paroles [rires], il écrit tout le temps. Une fois qu’une chanson faite et qu’on a un ensemble cohérent du début à la fin et plus des morceaux d’idées, Scott Travis [batteur] et moi recevons des enregistrements et nous travaillons nos parties respectives en fonction du titre. Ensuite, on se réunit tous en studio pour les améliorer ou les enregistrer telles quelles. Nous sommes un groupe démocratique, si un membre n’aime pas un truc, il le dit et on change.
D’ailleurs, il semblerait que la basse soit plus en avant sur cet album.
C’est vrai, c’est une bonne chose pour moi ! [rires] On a choisi cela parce que cela correspondait aux chansons, il nous fallait cela dans le son, du coup le mix met la basse plus en avant et les lignes sont un peu plus travaillées. Cela a l’air de bien fonctionner.
Redeemer of Souls est le premier album avec Mike Exeter à la production. Comment cela s’est passé ?
C’était super. Il venait de finir de s’occuper du dernier album de Black Sabbath, 13, donc il était en mode metal. C’est un chic type qui a des vastes connaissances dans les techniques d’enregistrement. C’était un plaisir de travailler avec lui, il a trouvé plein de bonnes idées et nous a bien aidé à avoir le meilleur son possible pour tous les instruments et les parties vocales. C’était un vrai bonus de l’avoir parmi nous.
C’est aussi le premier album sans K.K. Downing à la guitare. N’était-ce pas un peu étrange d’enregistrer sans lui ?
S’il avait été avec nous sur la tournée, on l’aurait pris pour l’album. Mais pendant la tournée Epitaph, on a passé un an avec Richie. Du coup, on a appris à le connaître, non seulement en tant que musicien, mais aussi en tant que personne. Il est passé du statut de collègue à grand ami. Du coup, rien n’était étrange à le voir en studio avec nous, il est membre du groupe à part entière maintenant. En tournée, il a joué les parties de Ken et a essayé de sonner comme lui, étant donné l’importance qu’il avait dans les compositions, mais maintenant, il est sur son album et écrit les chansons, du coup il s’implique plus en tant que Richie Faulkner plutôt que de copier ce que Ken faisait et son implication est très importante dans Redeemer of Souls.
Avez-vous eu des retours de sa part sur l’album ?
Je ne sais pas ce qu’il en pense. On est toujours amis, mais cela fait un moment qu’on ne s’est pas parlé. Il poursuit sa carrière et nous avons été très occupé avec l’album et toute la promotion qui suit. Je pense qu’on aura son avis dessus tôt ou tard, il nous le fera savoir.
Qu’est-ce que ça fait d’être le seul membre fondateur restant dans Judas Priest ?
J’essaie de ne pas trop y penser ! [rires] C’est vrai que ça fait longtemps, mais on s’amuse tellement qu’on ne voit pas le temps passer. Le groupe a vraiment démarré quand il est passé à cinq membres, à l’arrivée de Glen en 1974, cela a forgé la marque du groupe et le succès est venu après tout ça. La période d’avant est importante, car sans elle, on ne serait pas ce qu’on est maintenant, mais la dernière pièce du puzzle a été apportée à l’arrivée de Glen.
Quelle est la chose la plus importante que tu as apprise pendant toutes ces années ?
C’est de ne pas être trop imbu de sa personne. Avec le succès qui leur monte à la tête, certains finissent par se prendre pour le messie ! [rires] Les exigences arrivent et à la fin, ça mène au désastre. Il est important de savoir rester humble et de garder un certain recul sur ce qui t’arrive. Il faut apprendre à être tolérant, patient aussi, c’est très important dans ce milieu ! [rires] Mais c’est vraiment important de ne pas se croire au-dessus des autres.
Vous avez annoncé récemment que vous ferez une tournée aux Etats-Unis avec Steel Panther en première partie, qu’en est-il de l’Europe ?
Nous prévoyons de tourner en Europe pour l’été 2015. La tournée américaine se fera jusqu’à mi-novembre, on va prendre un peu de temps pour nous à noël, nous avons quelques concerts de prévu entre février et avril, et on prévoit de faire autant de dates qu’on pourra à partir du début de l’été, aussi bien en festival que dans les salles de concert.
Avez-vous prévu d’inclure beaucoup de chansons de Redeemer of Souls dans vos setlists ?
Pas tant que ça. On travaille sur quatre ou cinq chansons, je ne te dirai pas lesquelles [rires], mais on en jouera sûrement trois ou quatre par concert. Le truc, c’est que c’est un cauchemar de travailler sur une setlist, parce qu’à chaque fois que tu inclus une nouvelle chanson, tu dois retirer la préférée de quelqu’un. Il faut garder l’équilibre entre les nouvelles chansons, les anciennes et les classiques. Ça pose problème à chaque fois.
Qu’en est-il de l’état du groupe sur scène, comptez-vous garder des sets de deux heures tous les soirs ?
Ce sera probablement plus court pour cette tournée. On se calme un peu, c’est le côté vintage qui veut ça [rires]. Si on fait ça, cela rallongera la durée de vie du groupe. Si on en fait trop pendant les prochaines années, on causera plus de dégâts qu’autre chose sur nous-même. On va donc réduire la durée à une heure et demie et espacer les dates pour plus de sécurité.
Penses-tu qu’il y aura un autre album après Redeemer of Souls ?
Ça dépend. Si les idées sont là, qu’elles correspondent aux critères de qualité de Judas Priest, pourquoi pas ? Il faut aussi que les fans le veuillent, parce qu’il n’y a aucune raison de faire un album si les fans n’en veulent pas. Tant que tous les membres du groupe sont pour, il n’y a pas de raison de ne pas en faire !
Je te laisse les derniers mots pour les fans français.
Merci à tous pour votre soutien, les fans français ont toujours été spéciaux pour nous. Cela fait un moment que nous ne sommes pas venus chez vous, mais nous avons prévu de revenir et nous avons hâte. On se voit l’été prochain !
Photo live : Lionel / Born 666 / © 2011
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