3 ans après un premier essai grandement réussi et une notoriété internationale qui monte, les français de Betraying The Martyrs sont de retour avec Phantom pour mettre les choses aux claires sur leurs prétentions.
Cet album ne plaira pas à tout le monde et comme le dit la maxime : haters gonna hate.
Groupe français mais clairement international avec un anglais au chant et un russe à la batterie, Betraying The Martyrs taille sa musique pour une portée plus étendue que celle de l’hexagone. Il faut dire qu’en faisant parti de l’escadron Sumerian Records (sans oublier les comparses de Dooweet pour la promo française), ils s’offrent la possibilité de figurer en bonne position dans la promotion du label américain. C’est d’ailleurs un habitué de la maison américaine, Daniel McBride - aussi connu pour son travail avec Born Of Osiris, Asking Alexandria ou encore City In The Sea – qui aura eu la tâche de réaliser la pochette de ce Phantom.
Passons maintenant au cœur de cette chronique avec l’étude des 13 chansons que nous offre les parisiens. L’album s’ouvre avec "Jigsaw," titre que nous avons pu découvrir avant la sortie de l’album en compagnie de "Where The World Ends". On arrive en terrain connu avec ce premier morceau, l’intro est agressive et Mark Mironov martèle ses futs et manie la double pédale avec fracas. Ce qui caractérise néanmoins cette chanson, c’est le chant de Victor Guillet (synthé/chant clair). Alors que celui-ci était un peu braillard et ennuyeux à la longue sur Breathe In Life, il est beaucoup mieux maitrisé sur cette chanson et ce sera le cas sur la plupart de ses interventions, je pense notamment à "Lighthouse" ou "What’s Left Of You". Il n’y a que sur "Walk Away" ou son timbre de voix se confond avec ce qui a déjà été fait auparavant. Aaron Mats est fidèle à lui-même tout au long de l’album, ne baissant jamais le pied et assenant avec vigueur son growl pendant les 10 « vraies » chansons de ce Phantom. Car oui, 3 interludes ou morceaux instrumentaux peuplent cet album. "Afterlife" et "L’Abysse des Anges" sont des morceaux très planants et j’irai même jusqu’à dire quasiment atmosphériques. Ils offrent une pause bienvenue dans cet amas de brutalité que nous propose BTM et servent aussi à l’ambiance qui nous est servis tout au long de l’album. De son côté, "Your Throne" sert à introduite "Our Kingdom".
Juste au-dessus, j’ai parlé d’ambiance parce que c’est bien de cela qu’il s’agit pour comprendre l’évolution du groupe, il faut s’attarder sur les petites touches que ce soit au piano, au synthé et même à la guitare qui permette de voir que les 6 membres ont grandis et que la musique est bien plus évolué qu’auparavant. Prenons "What’s Left Of You" par exemple, la guitare solo fait son petit bout de chemin seule à un moment, se désolidarisant de la mélodie jouée, pour aboutir sur un solo heavy éloignée des habitudes du genre. Et cela ne s’arrête pas là sur cette chanson puisqu’on y retrouve un duel synthé/guitare du plus bel effet, quel dommage que celui-ci soit trop court et ne permette pas de se prendre plus au jeu. Globalement ce qu’il faut retenir, c’est l’énorme boulot de Lucas D’Angelo (chez qui une grosse partie de l’album a été enregistré) et Baptiste Vigier qui se partagent avec brio les parties rythmiques et de lead, chacun avec sa patte. C’est par eux et avec eux que l’évolution musicale se propage sur Phantom.
Ce qui constitue aussi la surprise de cet album, c’est la chanson "Let It Go". Je suis quasiment sûr qu’une grande partie des gens qui vont écouter l’album ne vont pas capter tout de suite que c’est une reprise. Une reprise de la chanson la plus vendue de 2013 issue du dessin animé de Disney, La Reine des Neiges (ou Frozen pour les puritstes). Ce qui ressort de cette cover c’est qu’elle est rondement bien menée : la basse de Valentin Hauser claque de partout et l’alternance chant growl et chant clair qui se rejoint notamment à la fin de la chanson, apporte un vrai plus pour une très bonne réinterprétation en version Metal de cette chanson enfantine.
Coup de coeur pour "Legends Never Die" qui voit Lucas D'Angelo poser sa voix l'espace de deux couplet. Son chant est très agréable et il serait intéressant de l'inclure encore un peu plus dans le futur, c'est une réussite. Tout comme "Walk Away" revenait au source du premier album, la chanson éponyme en duo avec Gus Faria (Volumes) se trouve comme un lien entre les deux albums avec les breakdowns de Breathe In Life et la maturité de Phantom.
Phantom est un excellent album qui s’écoute de bout en bout sans longueur, nous emmenant vers diverses émotions et c’est sa grande force. Néanmoins, il manque à cet album un titre à l’image de "Man Made Disaster" ou "Tapestry Of Me" sur Breathe In Life qui soit accrocheur et un single indéboulonnable, de même certaines chansons auraient méritées d’avoir quelques breakdowns monstrueux pour un plus à l’ensemble. Ne gachons cependant pas notre plaisir, cet album est une immense réussite et il prouve que Betraying The Martyrs est un groupe à prendre au sérieux. Bien sûr le groupe se fera descendre un peu partout sur le Net parce que c’est un peu la coutume ou parce qu’ils reprennent du Disney mais tout cela n’éclipse pas la qualité de l’album et du groupe.
Continuez comme ça messieurs, le top n’est plus très loin.