Album de tueur ?
Crystal Eyes, tiens donc... Je les avais presque oublié eux, pourtant qu'est-ce que j'avais pu les aimer en 2005 avec leur superbe album Confessions of the Maker ! Une petite perle underground, un peu cheatée il est vrai par la présence (non prévue) de l'excellent chanteur Daniel Heiman (ex-Lost Horizon, ex-Heed, perdu depuis dans un groupe de rock alternatif sans âme) venu assurer les parties vocales au dernier moment mais insufflant tout de même son grand talent à l'ensemble. Depuis j'avais un peu déchanté, Chained en 2008 m'ayant vite lassé... Quid donc de ce septième opus, 6 ans plus tard, intitulé Killer et paru chez Massacre Records le 25 juillet ?
Une chose est sûre, le combo a bien fait de prendre son temps avant de pondre ce nouvel album, on le sentait exangue avec sa dernière production et arrivé au bout d'une certaine inspiration. Depuis, le guitariste Niclas Karlsson est revenu, de même pour le batteur d'origine Martin Tilander (qui n'a cependant pas participé à l'album semble-t-il), et si peu de choses ont changé y compris au niveau du style on sent une certaine fraîcheur dans cette nouvelle livraison. J'en parle rarement, mais par exemple ici la production donne un beau peps à l'ensemble, à la fois légère et puissante, une vraie progression par rapport aux précédentes galettes. Reste plus qu'à parler du contenu, du vrai !
Déjà 38 minutes c'est bien, le groupe a décidé de se recentrer sur l'essentiel et nous propose un beau panel d'hymnes heavy/power globalement simples. Si l'ouverture éponyme ne restera pas dans les mémoires, l'enchainement avec un "Warrior" très inspiré Iron Maiden s'avère heureux, le tout avant d'entamer l'un des incontournables du CD : "Hail the Fallen" et ses aigus à la King Diamond, ses back vocals à la Snowy Show ou son break à la Joacim Cans ; tout le heavy scandinave résumé en un morceau fort jouissif. Parlant de tube, le dénommé "Spotlight Rebel" et son accent presque hard FM (influence que l'on retrouve comme un écho sur le dansant final "Dogs on Holy Ground") ne devrait pas vous laisser de marbre lui aussi.
Puisqu'on parlait d'aigus, notons que la voix de Mikael Dahl semble encore meilleure qu'avant et arrivée à une certaine maturité. Outre le morceau précité, on peut aussi l'élever à un excellent niveau sur "Solar Mariner" (elle aussi très Maiden et un peu Helloween), le bonhomme s'avérant toujours juste et plus varié que jamais dans ses tonalités. Il parvient même à faire passer une certaine émotion sur la ballade à tiroirs "Forgotten Realms" et son intro arpégée à la Metallica (ou Mercyful Fate), un vrai petit clone de Hammerfall avec un refrain plus rentre dedans et épique qui lorgnerait presque vers Gamma Ray.
Crystal Eyes nous offre donc une pièce plus qu'honnête qui rend un bel hommage aux anciens, sûrement le CD le plus proche de ses inspirations résolument old school mais avec un son assez léché pour le style. Alors certes il ne reste pas inoubliable (la faute à une fin de disque un peu plus poussive, faute notamment à la ballade trop mièvre "Dreamers on Trial"), il devrait trouver un écho fort positif parmi les aficionados du genre allergiques aux joutes néo-classiques épiques. Crystal Eyes reste ancré dans son heavy tout en les parant de mélodies hard ou power plus qu'honorables, en cela on ne peut que saluer un combo de retour en grâce après une petite traversée du désert.
La Folle Fougère