Le Japon fait du bruit !
Allez, ce soir c'est soirée disco avec Boris ! ... Ah non mince, ce n'est pas le même, aussi je m'étonnais un peu. Bon, ce Boris là est japonais et nous propose une musique assez atypique pour un combo du soleil levant. Exit le j-pop, le visual kei ou le power speedé japonais, on en est TRES loin ici car Boris propose une sorte de noise rock ambiant métallisé des plus aériens mais non dénué d'une touche plus punk. On ne s'y attend pas forcément, et parait-il même que les fans du combo vont être surpris par ce nouvel album intitulé Noise et paru le 16 juin dernier chez Sargant House/Differ-Ant.
C'est un peu leur tradition, qui dit nouvel album dit nouvelle orientation musicale pour le trio nippon. Une musique plus éthérée mais bien lourde, mélangeant allégrement post-rock, shoegaze ou sludge. Dès le premier morceau sobrement intitulé "Melody", la magie prend carrément, comme si Alcest avait copulé avec Solstafir, et ça marche super bien. Le coté décalé et déjanté d'un Joy Division (ou de toute cette scène post-punk) transparait également avec joie, comme sur "Vanillia" où on sent aussi ce côté japonais avec des attirances dark que certains artistes visual kei ou plus sombres intègrent à leur musique (je penserais à Dir En Grey pour le côté un peu provoc musicale même si les deux groupes restent assez éloignés).
On sent le trio Atsuro (batterie/voix), Wata (guitare/voix) et Takeshi (basse/voix) parfaitement inspiré et en grande harmonie, les parties instrumentales prenant d'ailleurs souvent le pas sur les instants chantés pas forcément toujours évidents d'accroche. Les guitares fuzzent et s'envolent sans arrêt, contrastant parfaitement avec les rythmiques bien lourdes, ajoutés à cela quelques arrangements atmosphériques de bon ton et on peut ranger cette nouvelle galette parmi les "nouvelles sorties qui se fument" aux côtés du nouveau Mastodon et du futur Solstafir.
Au rayon réussite intense, citons "Ghost of Romance" qui s'évade façon Deafhaven avant de dommiser dans ses riffs comme si Electric Wizard voulait s'inviter à la dance. N'oublions pas "Heavy Rain" pour le côté justement doom qui rappelle là où le groupe a pris ses racines, et le monstrueux "Angel" culminant à 18'40" et offrant toutes les émotions possibles ou presque de sa subtile progression. Pour les amateurs de tempo plus metal et plus rapide, "Quicksilver" sera à souligner, réussissant à nous faire mal en beauté.
Avec ce melting pop d'influences frais et à dévorer sans fin, Boris réussit son pari. Quitte à désarçonner certains, les japonais vont au bout de leurs idées, ce qui est rare dans le milieu actuel. A part reprocher une certaine cohérence globale (le popisant "Taiyo No Baka" étant peut-être trop à part sur cet album) et quelques morceaux plus compliqués à appréhender, on ne peut nier que ce Noise est une franche réussite et devrait bercer l'été de pas mal d'entre vous entre deux barbeuks ou soirées arrosées.
La Folle Fougère
Ma note : 7.5/10