Une Plas de choix parmi les meilleurs groupes de prog
L'humour de notre rédacteur en chef préféré a encore frappé. Au détour d'une conversation banale, je lui exprimais, à mon grand regret, mon incapacité à pouvoir assister au concert d'une formation que j'apprécie beaucoup, et je vous le donne en mille, il s'agit de : « Vends-des-places ». Merci à lui pour ce jeu de mot qui m'a bien fait rire tout de même. Mais bien que votre chroniqueuse adorée ne soit pas en mesure de pouvoir, dans un futur proche, remuer sa chevelure devant une scène sur laquelle les allemands joueront leurs meilleurs titres, elle est tout de même capable d'écrire un article sur le dernier essai en date des cinq musiciens, baptisé Chronicles of the Immortals: Netherworld (Path One). Un nom court et concis pour un concept bien précis derrière : la collaboration entre notre formation, qui s'occupe du plan musical, et l'auteur allemand Wolfgang Hohlbein, dont les textes d'une pièce de théâtre inspirent cette nouvelle œuvre. Projet ambitieux s'il en est, ne reste plus qu'à espérer que la composition ne déçoive pas.
Si vous êtes familiers avec Vanden Plas, vous savez plus ou moins à quoi vous attendre à l'écoute de cette cuvée 2014. Oh non, bien sûr, aucune insinuation quant à un éventuel manque de prise de risque, ce n'est pas le propos. Le combo nous habitue cependant à quelques rituels qu'il ne manque pas d'appliquer ici non plus, ce qui nous permet donc de retrouver immédiatement toute l'identité du groupe intacte. Preuve en est du travail magistral de la guitare, qui révèle toute sa puissance titre après titre, et nous plonge dans cet univers qui ravira tout fan de metal progressif, en mêlant complexité et simplicité à la fois. La technique n'est jamais mise au placard, mais celle-ci ne sert pas à faire l'étalage des capacités de Stephan Lill. Bien au contraire, on ne peut que saluer l'étonnante fluidité de cet instrument, aux passages complexes mais n'en laissant pas tant paraître, et misant donc sur l'efficacité des pistes avant tout, afin de laisser respirer l'auditeur. Voilà ce que l'on apprécie tant chez cette formation : sa façon de composer à la fois riche et terriblement accrocheuse.
Nous prendrons pour exemple "Vision 2wo - The Black Knight", qui atteint plus de huit longues minutes au compteur, s'ancrant dans les canons du metal progressif. Il n'est pourtant pas difficile d’assimiler ce titre tant les musiciens s'évertuent à transformer ce qu'ils touchent en or. Le refrain est irrésistible, et donne envie de s'y replonger tant celui-ci ne manque pas d'atouts. Le chant y est soutenu par un clavier exacerbant les émotions contenues dans le chant d'Andy Kuntz, alliant ainsi une composante essentielle à la réussite d'un disque : sa puissance émotionnelle. Bien entendu, chacun sera touché (ou non) par différentes choses, mais l'agencement de ces éléments est très bien pensé, montrant toute la virtuosité dont les cinq allemands peuvent faire preuve.
Cet album nous offre pourtant une partie centrale qui peut en dérouter plus d'un, laissant la place à de grands moments de calme, où le metal y est plus en retrait. "Vision 5ive - A Ghosts Requiem" est une pièce où le piano possède un grand rôle, soutenu par des chœurs, ainsi que la belle voix féminine de Julia Steingass. Ce titre est une réussite complète, touchant, captivant, transportant très, très loin. La ballade "Vision 8ight - Misery Affection" offre un duo fascinant entre les superbes chants d'Andy et de Julia, sans aucun doute l'un des titres forts de cette œuvre. Chronicles of the Immortals: Netherworld (Path One) est intéressant grâce à cette volonté d'offrir un panel très varié de sentiments, et de toujours travailler ceux-ci de la meilleure façon possible. Tantôt lourdes, tantôt apaisantes, les atmosphères sont somptueuses dans l'un et l'autre cas. On savait Vanden Plas doué dans l'art de la composition, mais sur cette nouvelle galette, le groupe se surpasse et livre tout ce qu'il a dans les tripes. Les trois derniers morceaux de l'opus offrent une conclusion idyllique à cette mouture, tant ils excellent chacun dans leur catégorie. "Vision 9ine - Soul Alliance" est construit autour de riffs sombres, d'une ambiance pesante, mais laissant toujours une présence de lumière grâce au clavier de Günter Werno. Et ce chant, ce refrain puissant, tout les ingrédients de l'enchantement sont réunis. Enfin, "Vision 10n - Inside" est tout ce que l'on demande d'une mid-tempo : jouant entre émerveillement et puissance, le combo reprend des ingrédients classiques, mais une fois ceux-ci sublimés par les meilleurs chefs, le goût n'en est que plus savoureux.
Bien sûr, Vanden Plas fait du Vanden Plas. Le quintette allemand ne change pas sa trajectoire. Mais qu'est-ce que c'est bien écrit. La musique délivrée sur Chronicles of the Immortals: Netherworld (Path One) est littéralement envoûtante, presque sans défauts. Amateurs de metal progressif, ou tout simplement de belle musique, il est temps de vous intéresser à cette sortie dont je n'ai que trop tardé à écrire la chronique. Quelle réussite, tout de même … vivement la suite.
La Folle Fougère
