The Revelation. Voilà le titre du 1er album des japonais de Coldrain, paru récemment dans nos contrées.
Mais il n’est qu’à moitié vrai car à l’instar de la plupart de ses compatriotes, le groupe a déjà dû faire ses preuves sur le marché nippon avant de signer un contrat de distribution internationale, et a donc déjà à son actif au Japon deux EP et trois albums studios dont ce même The Revelation, sorti il y a déjà plus d’un an au pays du soleil levant.
La conquête du monde de Coldrain est minutieusement programmée : une tournée en première partie de Bullet For My Valentine au printemps, puis celle des plus gros festivals d’Europe (Rock Am Ring, Download…), tout est prêt pour que le combo emboite le pas de la bombe Crossfaith, dont la popularité ne cesse de grandir. Officiant dans un style mélangeant j-rock et metalcore qui en fera vomir plus d’un, la formation semble pourtant à priori avoir peu d’atout pour se distinguer vraiment dans une scène où les groupes sont légion. Ils y parviennent pourtant avec ce disque qui fait office d’introduction parfaite à leur univers et qui conduit autant à se pencher sur le passé du groupe que sur son futur prometteur.
Première surprise de The Revelation version internationale, le bouleversement total de la tracklist par rapport à la version japonaise. Entre la disparition de certaines chansons, l’apparition d’autres et les changements de places, difficile de s’y retrouver. Heureusement, les indéboulonnables singles « The War is On » et « The Revelation » se retrouvent toujours en ouverture. Le premier est le titre fort de l’album, avec son intro presque typée emo qui bascule soudainement dans un déferlement de guitares metalcore pour finir sur un refrain à forte tendance j-rock. C’est presque sa carte de visite que nous tend coldrain, mais si elle est bien dosée ici, c’est beaucoup moins évident sur le titre qui suit, où les rythmiques ont un air de déjà vu et où le chant clair peut vraiment agacer. C’est heureusement un des seuls titres qui dégage cette impression.
Globalement, les japonais ne font pas de fioritures. Tous les titres sont directs et ont des allures de singles, aucun ou presque ne dépassant les quatre minutes. Le résultat est là : les longueurs sont absentes et l’auditeur ne s’ennuie pas. Et même les sceptiques auront du mal à ne pas succomber au plaisir coupable de taper du pied ou d’headbanger au rythme des excellents « Given Up On You » ou « Voiceless ». Le quintette sait la plupart du temps doser les éléments de sa musique qui sont généralement usés et abusés par les groupes du genre : ici pas d’indigestion de breakdowns, pas d’éléments électro à outrance. Toute la réussite de The Revelation tient dans le mélange des genres réussi mais aussi la digestion des influences. On sent des riffs inspirés de Bring Me The Horizon qui côtoient aisément des passages à la One Ok Rock pour que l’ensemble ressemble à coldrain. Les titres où ce fragile équilibre se rompt comme « Evolve » sont les plus faibles de l’album.
Comme d’habitude quand il s’agit d’un groupe japonais, un très (trop ?) grand soin est attaché à la production, ce qui peut être parfois gênant dans l’écoute. Rien de rédhibitoire cependant, puisqu’on peut grâce à cela se rendre compte à quel point coldrain est une machine bien rôdée où chacun a son rôle bien précis à jouer. Sugi, le guitariste rythmique ne relâche jamais la pression pour permettre à son compère Yokochi d’envoyer ses solos biens sentis et qui ajoutent un aspect mélodique, mine de rien relativement rare chez les formations classiques de metalcore. La basse de Ryo, qui n’était là que pour la photo sur les précédentes sorties des nippons fait ici un retour appréciable, enrobant les morceaux en permanence. Quant au chanteur Masato, sa performance vocale est correcte, même si il gagnerait à davantage varier son timbre clair. Si l’on sent qu’il n’est pas forcément familier du scream, il en a développé une technique plus qu’honorable et la puissance est bel et bien là.
The Revelation est donc une excellente introduction à la musique de coldrain. L’album ne contient pas forcément les meilleures chansons du combo, mais il a le mérite de faire un tour d’horizon de son style, ce qui est quand même ce qu’on demande pour une première sortie internationale. Un peu plus de diversité au niveau de la forme des chansons aurait été bienvenue, de même qu’un titre peut-être un peu plus long pour confirmer le potentiel de ces japonais, mais nul doute qu’ils relèveront le défi que leur lance le monde dans les années à venir.
