American Dog – Neanderthal

Les chiens hirsutes d'American Dog nous livrent cette année un septième album, arborant à leur habitude un rock'n'roll primitif et crasseux, et aggrandissant ainsi une discographie où, décidemment, rien n'est à jeter. American Dog réussit un pari presque impossible avec Neanderthal: celui de ne pas tourner en rond, et ce tout en nous offrant une nouvelle fois un album heavy, poilu et plein de savoir faire. Seulement cette fois-ci, deux changements sont à noter. Premièrement, un nouvel individu capillairement fourni, Vinnie Salvatore, s'est joint au trio néanderthalien composé de Michael Hannon, Steve Theado, et Michael Harris. Seconde surprise, la pochette de l'album est (pour une fois) splendide, et issue d'une oeuvre de Frank Frazetta, déjà à l'origine des plus belles pochettes de Molly Hachet.

Les quatre molosses démarrent Neanderthal avec deux morceaux biens velus "Carnivore" et "Who's She Killing", tout juste de quoi se mettre dans l'ambiance. On remarque évidemment que le trio a gagné en puissance grâce à l'ajout d'un second guitariste, et cela permet également à Steve Theado de respirer et qui plus est de faire ses preuves d'un point de vue guitaristique. Ce dernier est alors plus libre de s'aventurer dans de longs solos, n'ayant plus exclusivement à tenir la rythmique. Les années passent, mais l'énergie, la spontanéité, et le message restent les mêmes qu'à leurs débuts. Mieux que cela, le groupe semble avoir évolué sans pourtant changer de recette. Neanderthal gomme les aspects brouillons que l'on retrouvait sur des albums comme Last of a Dying Breed, tout en restant aussi rentre dedans, massif, en ajoutant également un coté blues et appliqué, avec des morceaux comme "Dirty Fun", ou "Devil Inside". On pourrait alors s'attendre à un énième album aux riffs plus heavy les uns que les autres et à une bande de joyeux lurons scandant joyeusement les mots "Drunk", "Dog" et "Rock'N'Roll"... Et c'est exactement ce que nous sert American Dog, mais les gars maîtrisent tellement la chose, que c'en est complètement jouissif.

Michael Hannon, comme le vin et le reste d'American Dog, se bonnifie avec le temps. Loin d'être un grand chanteur, sa voix rocailleuse semble ici plus travaillée et mieux mise en avant, le résultat est en tout cas beaucoup plus soigné. Du coup, les gars d'American Dog laissent tomber le power trio, les pochettes dégueulasses, et commencent à soigner leurs albums... American Dog serait-il en train de devenir un groupe de vieux cons, vous demandez-vous ? "We Ain't Gonna Not Get Drunk Tonight", devrait répondre à votre question, avec un véritable moment de sagesse façon American Dog, retranscrivant à merveille l'ironie et la philosophie du groupe, de façon bluesy, plutôt festive et, comme à leur habitude, alcoolisée. N'ayez crainte, le groupe conserve son âme résoluement hard rock, crasseuse et les effluves de de whishy et de transpiration qui viendront vous chratouiller les narines vous le confirmeront.
 


Certains morceaux surprennent de la part des quatre américains. "Sun Won't Shine" par exemple dure plus de sept minutes, et regorge de slide guitare. Le morceau débute de façon plutôt lente et planante, avant d'accélerer, pour mieux rentrer dans le lard. Car oui, si American Dog nous octroient quelques intermèdes plutôt calmes, c'est pour mieux nous en mettre plein la tronche ensuite, il y a une réputation à tenir. Le groupe se permet également une petite fantaisie, et reprend un excellent morceau de Ted Nugent, "Dog Eat Dog". Plus massive que l'originale, ils parviennent parfaitement à se l'approprier, d'autant plus que le morceau leur correspond à merveille.

American Dog nous balance également "Neanderthal", une chanson résumant bien l'esprit de l'album éponyme: au final, pas besoin de grand chose pour envoyer un bon vieux rock'n'roll qui tache, ils ont le son, le feu, et se foutent royalement du reste. Beaucoup de groupes de leur tranche cherchent aujourd'hui à évoluer avec leur temps, à obtenir un son plus moderne, et nous livrent des albums plus que fadasses. Hannon et ses copains quant à eux macèrent dans leur liqueur, ils font ce qu'ils savent le mieux faire, le font tout simplement, de mieux en mieux, et dans une ambiance clairement franchouillarde. Ils envoient du très gros son, ne cherchent pas plus loin, et c'est pour cela que c'est aussi bon. Et si les albums de hard rock sont souvent assez redondants, ce n'est pas le cas ici. Aussi surprenant que puisse être cette information: Neanderthal est riche, varié, et parvient tout de même à envoyer du paté. Du très gros paté. L'album se clôt avec "Start To Bleed", péchu et savoureux, suivit du génial "Devil Inside", un blues malsain et crasseux qui fait office d'apothéose, la cerise au whisky sur le gâteau, en quelque sorte. Chaque morceau a sa saveur, mais on ne perçoit pas, dans l'ensemble, de grandes inégalités. Rien d'innovant, certes, mais s'ils font du hard rock old-school en 2014, ils le font bien et restent fidèles à eux-même, et à leurs bonnes vieilles bouteilles.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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