Space Ace et son univers
Le célèbre guitar hero historique de KISS n'est pas prêt de raccrocher sa six-cordes. Malgré de récents démêlés par presse interposée avec ses (anciens ?) amis Paul Stanley et Gene Simmons (même si certaines tensions semblent s'être récemment apaisées lors d'une soiré Hall of Fame), le Spaceman n'oublie pas ses fans et nous offre ce 19 août son cinquième (ou sixième si on compte celui avec KISS) album solo chez SPV/Steamhammer. Cinq ans après un Anomaly des plus corrects, que nous réserve l'artiste avec ce Space Invader au titre très évocateur ?
Par un tel nom, Ace Frehley avoue d'emblée ne nous réserver aucune surprise pour un disque très proche de lui et de ses influences, résolument old school et axé avant tout sur les leads acérés de sa guitare. Il en va de même des thèmes abordés, tournant autour du titre de l'opus, et ce dès l'éponyme "Space Invader" qui ouvre les débats sur une composition correcte mais au refrain qui manque de cette verve qui fit de "Outer Space" un véritable petit tube cinq années auparavant. La planète se meurt, et un alien venu de l'espace semble venu pour nous libérer... voici qui pourrait presque être d'actualité, allez savoir ! Pour le reste, "Inside the Vortex" porte bien son nom avec son riff tournoyant, "Past the Milky Way" se veut assez aérienne et la conclusion "Starship" s'avère être une longue (un peu trop ?) instrumentale comme Ace a l'habitude d'en faire pour refermer les débats.
Le point positif de ces thématiques réside surtout en la force qu'à Frehley d'adpater ses compos et son jeu aux paroles et donc histoires ainsi contées. La marque d'un grand qui sait s'exprimer avant tout avec sa musique, au-delà des mots, mais parfois aux dépends d'une certaine accroche et d'une facilité d'écoute. Pourtant, Ace est en voix et semble inspiré dans son chant, mais les mélodies manquent globalement de profondeur si ce n'est sur les morceaux plus "classic old school" comme le très bon "Gimme a Feelin'" très américain qui se montre plus intéressant qu'une large moitié du dernier album de KISS, l'assez décevant Monster. Puisque l'on parle de son ancien groupe, relevons aussi "Reckless" qu'on aurait pu aisément retrouver sur son album solo réalisé "en marge de KISS" en 1978. Au rayon du "tubesque plus simple", saluons également "What Every Girl Wants" qui brille par son refrain ou "I Wanna Hold You" très classique et aux choeurs sympathiques.
Ace semble ainsi rendre hommage à ce qui l'a inspiré ou accompagné tout au long de sa carrière, du vieux KISS donc mais aussi à sa période Frehley's Comet avec la chanson "Toys" qui semble faire écho au célèbre "Dolls" paru en 1987 et avec une lourdeur de couplets qui plairait certainement à Gene Simmons. Il va même plus loin avec des bases blues voire country, comme le montre ce "Immortal Pleasures" assez original dans la tracklist même si un peu répétitif. Le Space Ace va jusqu'à rendre hommage à une célèbre chanson US, "The Joker" du Steve Miller Band, même si cette reprise n'apporte pas grand chose à l'original.
Cette nouvelle sortie de Ace Frehley s'avère donc honnête avec une production classique mais assez claire. Certainement pas le meilleur brûlot de l'américain, mais beaucoup à sa place aimeraient en faire autant, et pas forcément des artistes aussi âgés ou ayant traversé autant d'épreuves que lui. Bien que perfectible, ce Space Invader force un certain respect, on espère désormais que le guitariste viendra défendre son bébé en concert sur nos terres !
