Dès le premier morceau, « Late for the Kill, Early for the Slaughter », on sent que SOILWORK a retrouvé la sérennité qui lui faisait défaut, arrête de se prendre la tête à vouloir innover à tout prix (ou s’américaniser à tout prix, c’est selon), en un mot, se lâche et se (nous) fait plaisir. Cette introduction en forme de déflagration sonore nous renvoie même loin en arrière, à la bonne époque « A Predator’s Portrait », l’expérience accumulée en plus. Accrocheur, efficace, ultra-violent, qui accomplit le tour de force de rester mélodique, gros refrain mid-tempo, c’est du tout bon. 10 titres, un album concis qui s'écoute d'une traite, qui prend son temps juste ce qu’il faut, sans traîner en longueur outre-mesure, artistiquement c’est peut-être pas très novateur, musicalement c’est que du bonheur. Entre missiles à fragmentation (« Deliverance is mine », le monstrueux « King oh the Threshold »), mid-tempos ravageurs, un art dans lequel les suédois sont passés maîtres («The Thrill », « Night Comes Clean), difficile de s’ennuyer. Enfin débarassé de ses chaînes, « le plus français des batteurs belges » aka maître Dirk peut faire preuve de son immense savoir-faire. Avec un cogneur pareil en ses rangs, SOILWORK peut tout se permettre et ne s’en prive pas.
On retrouve donc avec bonheur le death métal mélodique et le style immédiatement reconnaissable du groupe, entre couplets ravageurs et refrains ultra mélodiques portés par l’excellent chant de Speed Strid. Et ce coup-ci, détail qui a son importance, les solos de gratte sont de retour. Qu’un titre n’ait pas systématiquement besoin d’un solo, certes, mais un album avec 2 solos en tout et pour tout, vous appelez ça du métal vous ? Des nordiques qui font du néo, on aura tout vu. Le retour de Wichers semble avoir fait un bien fou à la formation. On retrouve donc ses mélodies de guitare si caractéristiques, marque de fabrique du combo. Il est d’ailleurs étonnant de constater à quel point brutalité et mélodies sont ici inextricablement liées. C’est bien évidemment dans ce domaine que les suédois excellent, leur plus grande force. Si bien exploitée qu’il est difficile de déterminer si cet album est globalement plus agressif ou plus mélodique lors des premières écoutes. C’est là le grand tour de force de ce « The Panic Broadcast », moins évident qu’il ne peut en avoir l’air au premier abord. Les connaisseurs seront probablement décontenancés tout en retrouvant leurs marques. Paradoxal en un sens, ou le signe d’un album qui parvient à marier harmonieusement des éléments hétéroclites en restant naturel.
Revigorés par le retour de son guitariste fétiche, SOILWORK nous propose donc un condensé de ce qu’il sait faire de mieux et profite de l’expérience accumulée pour pondre des titres immédiatement assimilables que l’on prendra grand plaisir à réécouter pour en apprécier toutes les subtilités. Tous sont d’ailleurs travaillés de façon à avoir une couleur propre, une accroche particulière. J’ai écrit plus haut qu’artistiquement, le groupe faisait du surplace. Ce n’est pas tout à fait exact. Il paraît de toute façons difficilement concevable qu’un groupe de cette carrure se contente de si peu. Outre un équilibre brutalité/mélodies particulièrement réussi, les 4 derniers titres s’avèrent plus aventureux, osent des structures et des mélodies plus alambiquées (rien à voir avec du prog’ pour autant). « Epitome » est à ce titre une des plus belles réussites du disque, son tempo lent se mariant parfaitement à la noirceur développée. Strid y livre une prestation toute en feeling et assurément une de ses meilleures lignes de chant toutes périodes confondues. Le final, entre le lumineux « The Akuma Afterglow » et la montée en puissance « Enter Dog of Pavlov », conclut ce « The Panic Broadcat » d’excellente facture. Vous l’aurez compris, SOILWORK vient de sortir son meilleur album depuis sa glorieuse période 2002-2003, un vrai numéro d’équilibriste, et parvient cette fois à proposer un condensé des nombreuses facettes de sa personnalité. Il ne rete plus qu’à espérer que nos suédois fassent un effort sur scène, domaine dans lequel ils se sont souvent contentés de la mention « bien mais peut mieux faire ». Des shows d’1h20 après 15 ans de carrière, on peut quand même espérer plus (surtout à notre époque où les artistes augmentent leurs cachets pour compenser la baisse des ventes de disques). Et qui sait, s’ils font le plein de vibrations positives et que leur nouvelle recrue s’intègre bien (entre Verbeuren et lui, SOILWORK a quand même récupéré les deux principaux compositeurs de SCARVE), peut-être aura-t on droit la prochaine fois à un nouveau chef d’oeuvre ? Croisons les doigts.
Ma note : 8/10