La Norvège, pays réputé pour son black metal (notons que des groupes tels Immortal, Emperor ou Taake viennent de là-bas) nous livre encore un opus de l'une de ses formations phare : Limbonic Art. Cet ex-duo (Daemon est désormais seul maître à bord) présente donc en Mai 2010 sur le célèbre label Candlelight Records son nouveau brûlot, « Phantasmagoria », actuellement 7ème album de sieur Daemon. Nouvel album s'ajoutant aux plus réussis du cru 2010 ou rejoignant les blagues de l'année, déjà nombreuses ?
Et c'est 12 titres riches que vous parcourez dès à présent. Les compositions révèlent l'atmosphère voulue par le maître à penser norvégien, une ambiance malsaine, sinistre, mais à la fois aérienne et diversifiée. Pas un titre n'est en dessous d'une autre, l'ensemble formant une véritable unité et possédant sa propre force. Ainsi, le titre « Crypt of Bereavement » regorge de puissance voire de violence, « Dark Winds » axé plus aérien, mais plus oppressant, sur laquelle on ressent même une pointe de doom, utilisée d'une façon encore différence sur « A Black Sphere of Serenity », ce qui donne cette saveur particulière à ce « Phantasmagoria ». En fait, on pourrait dire que l'on voyage entre les genres, en passant du black symphonique au doom, en passant par l'atmosphérique. Ce qui prouve la qualité d'inventivité de Daemon. Alliant puissance, émotion et atmosphère, plus on avance dans l'album et plus on se retrouve imprégné des effets de cette dose de Limbonic Art. Dommage que le clavier soit assez reculé par rapport à l'ensemble ce qui parfois freine l'immersion de l'auditeur dans l'œuvre. Détail somme toute assez superficiel, heureusement. De plus, l'usage d'une boîte à rythme est légèrement préjudiciable, le rendu aurait été meilleur avec une véritable batterie.
La production est satisfaisante sans casser des briques, le tout paraît parfois un peu lointain et certains instruments difficilement audibles, notamment la boîte à rythme qui semble noyée, dommage.
Et que serait Limbonic Art sans le chant du norvégien Daemon ?
Un chant froid, glaçant mais paradoxalement habile dans la transmission d'émotions et dans la création de l'ambiance. Dans la pure tradition black, il varie en fonction des titres. Douloureux sur certains, plus déshumanisé, désincarné sur d'autres, on peut sans doute dire qu'il constitue probablement la pierre angulaire de l'œuvre.
Vous l'aurez compris (du moins j'espère), voici un bon gros coup de cœur. Une de ces galettes qui ne vous quittent pas avant longtemps, par un travail d'une beauté à couper le souffle. Pas de doute possible, les norvégiens sont encore capables de pondre des petites pépites et « Phantasmagoria » en fait partie. Pas parfait, certes, mais suffisamment excellent pour se hisser en bonne concurrence aux meilleurs albums de l'année. Limbonic Art, mort vous dites ? Même sans Morfeus, ça reste grandiose !
Note finale : 8,5/10