The Order of Israfel – Wisdom

Plus connue pour sa scène death mélodique, la Suède n'est pourtant pas la dernière en ce qui concerne cette vague revival 70s qui fait le bonheur des amateurs de stoner rock / doom. Patrie d'origine des bien connus Witchcraft, de la sensation du moment Blues Pills ou de l'étoile montante Avatarium, le pays scandinave compte aussi moult légendes déjà bien renommées, ancrées dans ce paysage depuis belle lurette (Candlemass, à tout hasard). Faire une trouvaille en provenance de cette contrée n'est donc pas un événement en soi. Et pourtant, en seulement deux petites années d'existence, le label autrichien Napalm Records décide d'accueillir au sein de son écurie un nouveau poulain répondant au nom de The Order of Israfel, qui amène à la face du monde le fruit de son travail pondu rapidement compte tenu de la jeunesse du combo. Wisdom, donc, est la première carte de visite de cette formation.

Amateurs du genre, ne cherchez plus bien loin, car avec ce quatuor nordique, vous avez sonné à la bonne porte. Moult groupes officiant dans cette vague puisent leur influence principale du côté de Black Sabbath, et dans le cas présent, cette affirmation se confirme une fois de plus. Alors, encore un suiveur en panne d'idées? Non, tenez cette idée très loin de votre esprit car ces quatre musiciens parviennent à délivrer avec ce disque un travail de grande qualité, qui, s'il s'ancre dans cette mouvance peu originale et s'épuisant légèrement, réussit à sortir la tête de l'eau et à dépasser une grande partie de la concurrence, et ce de très loin. La clef d'un tel succès n'est pourtant pas si difficile à trouver, et pourtant bien d'autres continuent de chercher là où The Order of Israfel, en si peu de temps, est déjà parvenu à posséder ce trésor entre ses mains. Et cette recette miracle qui fait toute la différence porte un nom que tant redoutent et admirent à la fois : l'inspiration.

C'est certain, le quatuor suédois n'en manque pas et cela se démontre dès la première piste de l'offrande, « Wisdom ». Tout y est : riffs plombés en veux-tu en voilà, ligne de chant fluide et efficace, et cerise sur le gâteau, le groupe prend un malin plaisir à étendre ce morceau sur la longueur, celui-ci atteignant ainsi presque dix minutes au compteur. Le résultat est prenant à souhait, tant la pièce ne cesse de se développer. Le travail de la section rythmique et du chant permet ainsi de construire un titre qui, en plus de maintenir l'auditeur en haleine, tient la route de bout en bout, proposant des ambiances variées et envoûtantes. Et le combo ne s'arrête pas en si bon chemin, s'amusant à diversifier ses structures et ses atmosphères, le tout avec brio. Car dans les moments où The Order of Israfel s'essaye à des moments plus accrocheurs et tubesque, le succès est tout aussi immédiat : « On Black Wings, a Demon » est imparable, avec un refrain fédérateur à souhait, évoquant facilement un Orange Goblin dans ses meilleurs jours. Il est évident que cet hymne est taillé pour la scène, et s'il est déjà ravageur en format physique, la prestation live risque d'être encore plus dévastatrice.

Voilà qui met l'eau à la bouche, et c'est compréhensible. Seulement, il subsiste quelques défauts qui viennent noircir le tableau, sans être handicapant. Proposer des morceaux de (très) longue durée, avoisinant parfois les quinze minutes est un pari risqué, surtout pour un premier opus. Cette tâche est souvent accomplie avec brio, mais la très longue pièce « Promises Made to the Earth » comporte un certain nombre de longueurs dispensables. Nul doute que ce titre ambitieux et globalement satisfaisant aurait encore gagné en efficacité en se voyant retranché de quelques minutes, tant il est difficile de ne pas décrocher sur une partie du titre. Ce constat est d'autant plus frustrant que les bons moments ne manquent pas, et que la performance vocale de Tom Sutton est excellente, mais l'exercice de la composition dépassant les dix minutes n'est pas toujours un succès. A leur décharge, les musiciens suédois s'y essayent plus d'une fois et on se surprend à être captivé par un « The Noctuus » aux délicieuses allures de Saint Vitus, mais aussi par un « Born From War », au format bien plus court, où l'aspect rock des années 60s / 70s mêlé à la lourdeur du doom forme une combinaison parfaite.

The Order of Israfel

Effet 70s jusqu'au bout.

Wisdom possède quelques légers points noirs mais ces faux pas sont très vite rattrapés par le grand nombre de qualités présentes tout au long de l'album. Si la vague revival ne fait pas que des heureux, les amateurs du genre peuvent se précipiter sur cette galette mature et solidement composée, aux accents rock et doom ne manquant pas de charme. The Order of Israfel est un nom à retenir, car il est bien possible que l'on reparle d'eux à l'avenir. Nouvelle révélation du genre? C'est bien possible.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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