Connaissez-vous la Moravie ? Non ? Il s'agit en fait d'une une région d'Europe centrale, formant aujourd'hui la partie orientale de la République Tchèque. Mais pourquoi en parle-t-on ici ? La Grosse Radio serait-elle devenue un Atlas géographique ? Rassurez-vous, on vous impose ce petit aparté culturel tout simplement parce qu'un groupe de metal a décidé, et ce depuis de nombreuses années, de consacrer son talent et ses histoires à cette contrée ancestrale. Ils sont tchèques, forcément me direz-vous, et répondent au doux nom de Salamandra. Ils ont sorti, le 15 juillet dernier chez Leviathan Records, leur 5ème opus studio sous le nom de "Time to Change". Ou le début d'une nouvelle saga... ?
Il est temps de changer... ou pas, en fait ! Salamandra pratique toujours ce heavy power metal des familles, aux touches épiques, parfait en somme pour narrer des faits à la fois mystiques et historiques. Il s'agit du deuxième disque avec le chanteur Ivan Borovský, qui a remplacé en 2005 l'excellent Dalibor "Panther" Halamícek parti se perdre avec un autre projet (Moravius) aujourd'hui interrompu. Que de regrets ? Peut-être bien, tant la panthère excellait sur le splendide CD que fut "Great Moravian Elegies" (2004) et qui constitue encore aujourd'hui une véritable clef de voûte dans la discographie de nos amis slaves... Mais, tout de même...
Ivan s'est amélioré depuis son premier essai avec le groupe en 2007 et un "Faces of Chimera" un tantinet décevant. Nous retrouvons ici l'énergie vocale digne d'un combo à la personnalité certaine et à l'énergie intense. En ce sens, "Time to Change" s'avère déjà comme une réussite, constituant une progression et ravivant de bons souvenirs dans l'esprit des fans inconditionnels.
La musique, elle, n'évolue donc pas des masses. Fortement influencé par des groupes comme Edguy (et par extension Avantasia), Helloween ou Stratovarius, Salamandra ne change pas une recette qui gagne et ne fera pas briller cette galette d'une originalité sans nom. Cependant, la qualité est là, les compo rivalisent d'hymne en hymne et se posent solidement dans nos esprits.
Quelques titres comme "Factor Zero", "Masters of Rock" ou "Underworld Tale" vous accrocheront par leur refrain imparable, leur "easy-to-sing" mélodies où le chant se pare de milles et unes influences clichées du genre. Parfois en mode éraillé, parfois haut perché, Ivan ne renie pas ses modèles entre vieux heavy à la Rainbow/Deep Purple ou power plus récent à la Trick or Treat. Tout y passe !
Musicalement, tous les poncifs du power traditionnel sont récités sans ménagement, ce qui pourrait en exaspérer plus d'un mais devrait ravir les inconditionnels. Salamandra agit là où ça fait mal et enfonce le clou d'un heavy mélodique bien trempé et assaisonné aux claviers parfois aériens et gothico-symphoniques.
Ce qui fait de Salamandra un groupe quelque peu à part n'a point été oublié sur ce disque. Les choeurs grégorio-moraviens s'en donnent à coeur joie sur certains refrains, renforçant même certaines chansons (comme la douce "Leaving Me" et son final par exemple) avec des envolées mystico-tragiques. Rajoutant à cela une excellente voix féminine assurée par la claviériste Hanka Šlachtová et nous avons droit à toute la panoplie rêvée.
Alors oui, il y a quelques bémols. La production reste "brute" (même si fort bien équilibrée pour le genre), le chant peut parfois irriter notamment dans les aigus, la facilité des structures peut même sembler quelque peu sur-usitée, mais le rendu final est plus que cohérent et convaincant. Du vrai heavy power metal comme on en fait plutôt rarement de nos jours... Malgré ce que semblerait nous suggérer l'intitulé de ce nouveau brûlot, Salamandra ne change donc pas plus que cela, mais ce LP n'en est pas pour autant un mensonge sur la marchandise.
Ma note : 8/10
Page Myspace de Salamandra
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