Un voyage en première classe !
Il fallait oser entamer l'album de cette façon, plus épique que ça tu meurs ! "Redstar Rising" est en effet une intro pleine de promesses, le genre de petite pièce musicale composée aux petits oignons qui normalement annonce les grands albums. Alors certes l'influence Rhapsody ("Epicus Furor" ?) et le côté très filmique à la Pirate des Caraïbes la rendront pour certains assez clichée, mais on ne peut s'empêcher de la qualifier de réussie. Alors pour le reste, Galneryus a la pression sur ce Vetelgyus...
Car le groupe japonais n'en est pas à son coup d'essai, nous proposant ici son neuvième album studio en 11 ans (!), le tout premier après un premier passage fort remarqué en Europe dont nous avons été les témoins et qui a donné lieu à une entrevue plus qu'intéressante. Ce n'est pas pour cette raison que La Grosse Radio par le biais de votre serviteur allait être plus indulgente, attendant cette nouvelle galette avec impatience et une certaine crainte. Car nous voici munis d'une mission : assurer la pérennité d'un futur succès européen pour un groupe qui le mérite en parlant d'un disque charnière dans sa carrière.
Alors si cette entame est plutôt jouissive, il faut que le reste suive. Et dès "Endless Story", que nous avions pu découvrir en avant-première en live, on ne peut qu'être rassuré. Voici un tube comme Galneryus sait en faire, dans la plus pure tradition d'un power metal speed mélodique sublimé ici par des arrangements judicieux et une construction globale tout bonnement parfaite. Rajoutez à cela de superbes duos Syu (guitare)/Yuhki (claviers) et un Sho (chant) au meilleur de sa forme, et nous tenons là un futur incontournable du combo nippon.
Galneryus ne transgresse donc pas sa propre tradition, lui le plus européen des groupes de metal dit mélodique, renforçant même ce côté pour certainement affirmer ses ambitions hors-Japon. "Judgement Day" (remixé spécialement pour l'album) et le final "The Guide"/"I Wish" en mode épique proche des Kamelot ou autres Rhapsody le prouvent, jusqu'à cette magnifique conclusion instrumentale "The Voyage" en mode guitar hero tutoyant des influences classiques simples comme sait si bien le faire Michael Ammot (Arch Enemy) dont Syu n'a pas grand chose à envier sur le plan du feeling mélodique. Mais cela n'est qu'une face visible de l'iceberg, Galneryus proposant bien plus sur un disque des plus complets et variés.
Oui, varié, un véritable tour de force tant il est difficile de ne pas lasser sur un CD du genre culminant à plus d'1h10 de musique ! Alors certes certaines longueurs sont parfois notées, notamment au coeur de l'opus avec une instrumentale éponyme certes très bien réalisée mais qui se traîne parfois un peu le long de ses huit minutes, et ce malgré ces chorales que Stratovarius ne renierait pas, une technique habile à la Malmsteen d'antan ou son passage celtique à la Gary Moore/Nightwish (pour la réactualisation en mode sympho des familles). Celle-ci faisant suite à "Judgement Day" que l'on pourrait considérer comme trop classique (notamment sur son refrain) malgré son entrain, cela constitue une petite baisse qui empêche l'album de frôler la perfection.
Parce que pour le reste, revenons-y, le côté fouillé et divers des compos rend le voyage des plus intéressants. Galneryus sort en effet plus d'une fois des sentiers battus en tentant des choses, et ce dès "There's No Escape" et ses escapades modernes parfaitement digérées où l'innovation mal digérée par certains combos (Amaranthe pour ne citer que celui-ci) évite au quintet japonais de se vautrer dans une irréfléchie course au "commercial". Galneryus y allie ainsi une touche de j-pop tout en gardant une mélodie dantesque, faisant de ce morceau une petite pépite. "Ultimatum" qui suit garde cette touche actuelle et assez axée électro dans son clavier, sans pour autant perdre en agressivité et en mélodie "uplifting" sur un refrain assez en contradiction avec le titre et les paroles d'ailleurs ("I can't believe anymore" ? Nous si, on y croit)... Le tout avant d'enchainer avec ce qui s'avère peut-être le meilleur morceau de cette sortie, l'excellentissime "Enemy to Injustice" des plus majestueux avec sa touche épique symphonique magistrale et son break acoustique avant de nous achever par un grand final où la mélodie de "The Final Countdown" d'Europe n'est pas loin.
Ouf ! Alors si on croit que les japonais vont se corrompre plus loin avec par exemple des ballades mièves, on se trompe... Et pourtant avec "Secret Love" on aurait pu avoir peur, mais en fait pas du tout car ce titre n'a rien de cliché avec ses emprunts divers au disco et au... jazz ! Certes l'intro un peu dégoulinante (à la "Forever More" de Dionysus, superbe chanson de lover soit dit en passant) aurait pu faire craindre "le pire", mais la suite nous rassure avec une grande prise de risque globale qui nous fait naviguer entre plusieurs ambiances notamment magnifiées par ce "hand clapping" étonnant transformant presque le tout en moment "variété" avant qu'un "scratch de platine" n'apparaisse. Oui, tout ça, nous voici donc bien loin des clichés ! Et puis juste avant, il y a "Attitude to Life"... de l'excellent j-pop metal hard FM ! Oui oui, vous avez bien lu, comme quoi Galneryus a su nous prendre à contre pied, avec une certaine réussite qui plus est.
Vous l'aurez compris, cette nouvelle offrande est fort réussie. Ajoutez cela une production des plus soignées pour un son à la fois puissant et précis mettant chaque instrument en évidence, et il ne reste plus qu'à saluer l'excellente performance technique de chaque musicien. Un bel exemple sur "The Guide" où, que ce soit sur le plan technique ou mélodique, Syu et Yuhki nous offrent le meilleur passage solo/instrumental de l'opus entre shredding et moments plus sombres sur lesquels le bassiste Taka est mis en avant pour une portée globale plus dynamique. Et Junichi derrière les fûts, me demanderiez-vous ? Un jeu carré et au gros feeling, la précision au service parfois d'un certain groove assez rare chez les groupes typés power.
En résumé, cet opus (proposé en sortie uniquement japonaise depuis ce mercredi 24 septembre mais certainement disponible en import) mérite donc une couverture plus internationale. On espère vraiment qu'il sera distribué en Europe et ailleurs, car Vetelgyus a tout pour plaire et ravir les fans de power et même au-delà. Pour une musique riche, simple d'accès, grandiloquente mais jamais lassante, composée avec le coeur et l'honnêteté qui caractérise Galneryus.
Note : 8.5/10