Dans une scène où il est déjà difficile de trouver sa place, voir débarquer un nouveau combo n'est pas forcément une bonne nouvelle. Car la plupart du temps, il s'agit encore d'un bouche-trou supplémentaire, n'apportant rien au style. Le metal gothique à chanteuse souffre de ce syndrome et si certains groupes parviennent à s'extirper de la masse par leur maturité impressionnante (très récemment les espagnols de Diabulus in Musica), par leur renommée (Epica, After Forever, etc …) ou par un changement de style réussi (le tournant heavy/power/folk du combo d'outre-Rhin Coronatus), d'autres ne décollent et ne décolleront sûrement jamais, éternels suiveurs. Fraichement débarqués de Newcastle, Winter in Eden arrive dans ce milieu saturé et compte bien se démarquer grâce à sa première auto-production, « Awakening », en Avril 2010. Vérifions tout cela ensemble.
13 compositions, des titres lorgnant bien souvent vers Edenbridge et consorts, on ne peut pas dire que les britanniques se démarquent par leur originalité. Néanmoins, il se dégage des morceaux une certaine énergie et on se prend au jeu du combo par des refrains accrocheurs, comme en témoigne « Oblivion », garni qui plus est d'un enivrant violon, ou encore « Fate Will Oblige », mignon tout plein et doté d'une touche de charme, très prenant, mais soit dit classique dans le genre, sans oublier « Stolen Fairytale » muni d'un refrain entêtant. Et tout au long de l'avancée, on constate avec joie qu'une bonne partie des morceaux se révèle d'une qualité certaine, le charme opère, mais parfois retombe, par des pistes dispensables. De cette manière, on se passera aisément de « Cry », ballade gnan-gnan et sans intérêt, obéissant à tous les clichés du genre. Sans oublier les deux titres instrumentaux, « Aragon » et « Windelfell », qui font vite retomber l'intérêt. Le gros problème de cette galette est de s'inspirer très fortement des références du genre, que l'on identifiera bien souvent. Nightwish et Edenbridge en particulier, ne serait-ce que pour la guitare et le clavier, « Windelfell » ne permet plus à la formation de mentir sur ses influences. Dans cette scène, avec un disque classique à souhait, il sera difficile de s'en sortir sans innover.
La production est très bonne pour une auto-production et les instruments sont audibles à souhait, les solos peuvent donc aisément montrer la virtuosité du guitariste (« Ruled by Fear », le titre le plus punchy d'ailleurs). Seulement, d'autres possèdent une production assurément meilleure, et encore une fois, peu de chance de se distinguer face à une rude concurrence.
Alors, démarcation par le chant ? Non, et d'ailleurs, voici le plus gros problème de l'album. Vicky Johnson, aussi charmante soit-elle, ne possède rien de particulier, en réalité. Un joli timbre de voix qui sait certes nous guider par moment (elle se révèle très efficace sur « Ruled by Fear » ou « Stolen Fairytale »), mais un manque évident de technique. Quelques fausses notes sont identifiables dans ses montées, et surtout des variations malheureusement quasi-inexistantes. C'est bien simple, on croirait que notre anglaise n'a la capacité de chanter qu'une seule note, ce qui, à la longue, lassera les moins coriaces d'entre vous. Là où une formation comme Diabulus in Musica rivalisait avec les plus grands d'un point de vue vocal, Winter in Eden ne décollera pas de ce côté-ci, du moins pour le moment.
Au final, quelle conclusion peut-on tirer de l'écoute de ce « Awakening » ? Que Winter in Eden possède des qualités évidentes mais qu'un manque d'originalité couplé à des vocaux insuffisants ne permettront pas à ces anglais de montrer l'étendue de leur talent et de devenir l'une des surprises de cette année sur la scène gothique à chanteuse. Direction la case second couteau pour le moment, certainement, mais néanmoins un second couteau sympathique qui, espérons-le, arrivera à percer un jour car malgré un album, il se révèle déjà meilleur qu'un certain nombre de formations du milieu (citons des noms, tiens : Xandria, Visions of Atlantis, Magica, Midwinter). Le prochain album sera attendu au tournant.
Note finale : 7/10