Afin d’en savoir un peu plus sur le deuxième album de Conscience, groupe français talentueux de metal progressif, la Grosse Radio s’est entretenue avec Matthieu Gerbin son leader. Les aléas de la vie de groupe, la composition d’Aftermath of a Summer Snow et le concept développé au cours de l’album ont été évoqués au cours d’un entretien où la passion était au rendez-vous.
Bonjour Matthieu, merci pour cette interview accordée à la grosse Radio. Tout d’abord, peux-tu te présenter et expliquer à nos lecteurs comment Conscience a vu le jour ?
Bonjour à tous, je suis Matt et très heureux d'être sur la Grosse Radio ! Je suis le chanteur et guitariste de Conscience qui a maintenant un peu plus de 10 ans ! La première naissance est passée par Bereavement Before Dawn, un EP de 4 titres et plusieurs live (notamment avec l'excellent collectif Cheap Noize), avant ce qui a toujours été considéré comme notre vraie naissance "médiatique" fin 2004 avec l'ouverture pour Nightwish au Zenith de Paris.
Il a fallu attendre huit ans pour que le successeur d’Half sick of shadows voit le jour en support physique. Pourquoi autant de temps ?
La vie ! La vie d'un groupe est loin d'être un long fleuve tranquille. Concilier notre intense besoin de live qui a toujours été notre moteur avec l'écriture ambitieuse d'un concept album, en y ajoutant les aléas des vies personnelles et professionnelles de cinq musiciens, tout en continuant à écrire sur la même longueur d'onde alors qu'on évolue tous dans nos influences et nos envies et que le groupe change au gré des départs, c'est sport !
Ces dernières années le line up a été largement modifié, tout d’abord avec le départ d’Hervé en 2007, puis ceux de Gérald (claviers) et Cycy (basse) plus récemment. En quoi ces changements ont-ils modifiés le son de Conscience selon toi , et les derniers arrivés dans le groupe ont-ils pu apporter leur patte dans la composition?
C'est justement une des raisons pour lesquelles nous avons mis du temps à écrire et enregistrer cet album. Nous avons toujours voulu que chaque nouveau membre puisse apporter ses idées et sa touche. C'est le cas de Matthieu Vallé qui nous a rejoint fin 2013 et qui a écrit et enregistré les parties piano et claviers de la scène 10 du concept. Nous n'oublions pas Tommy qui a pris les claviers pendant un an également et qui a contribué à l'écriture et l'enregistrement de trois morceaux. Tous ceux qui sont passés ont apporté quelque chose au son de Conscience, même si, il est vrai que l'ambiance générale de Aftermath of a Summer Snow vient des paroles et du thème qui revient sur plusieurs morceaux. Ce dernier a été écrit par Cycy (Basse), qui a quitté le groupe après avoir posé les dernières lignes de basse sur l'album, le devoir superbement accompli !
Depuis quatre ans, un site dédié à l’album Aftermath a vu le jour et permis au groupe de dévoiler sur la toile les morceaux de l’album les uns après les autres. Pourquoi ce choix de promotion original ?
C'était évidemment une manière d'avoir une actualité "studio" alors que l'album grandissait doucement, mais également un vrai choix de promotion artistique : l'album raconte une histoire en deux actes et dix scènes et il nous est venu l'idée de le dévoiler petit à petit comme une série ! Le buzz qu'il y a eu autour de la sortie de certains morceaux correspondait souvent à notre actualité live ! Car, à part en 2013 où nous avons vraiment voulu nous concentrer sur la dernière ligne droite, nous n'avons jamais cessé de tourner. C'est vraiment sur scène que Conscience a toujours envie d'être !
Conscience est toujours un quintet aujourd’hui, mais la place de Nicolas Moulard (parolier) est toujours importante puisqu’il signe encore l’intégralité des textes de l’album. D’ailleurs celui-ci est un album concept. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Ce que tu dis sur Nicolas est vrai, c'est un sixième membre du groupe même s'il vit loin de nous (à New York) sans lequel notre musique ne serait pas la même. D'ailleurs Valérie (Gerbin NDLR), qui chante sur « Marguerite Davesnelles » (Scène 5) et qui réalise la plupart de nos videos (notamment le DVD qui accompagne notre premier album) en est elle le septième membre. En ce qui concerne le concept, la légende veut que Nicolas (que j'harcelais depuis des années pour avoir une histoire sur laquelle écrire de la musique) a écrit la quasi totalité des scènes en une nuit, disant qu'il attendait juste d'avoir le bon thème. Il s'agit de l'histoire d'un homme qui revient pour la première fois sur les lieux d'un drame qu'il a vécu trente ans plus tôt.
Aftermath est relativement long avec pas moins de onze compositions, d’une durée minimum de cinq minutes. Penses-tu que les longues pièces font partie intégrante de votre identité musicale ?
On ne calcule pas ! Ni dans un sens, pour être mieux "formaté" ni dans un autre pour suivre notre étiquette de groupe de "progressif". Les morceaux s'arrêtent vraiment au moment où l'on trouve qu'ils doivent s'arrêter, et dans le cas d'Aftermath leurs ambiances et leurs durées ont été beaucoup dictées par l'histoire. Ta question est amusante car on se disait justement qu'on avait été très raisonnable : aucun morceau ne dépasse dix minutes et quatre sont entre quatre et cinq minutes !
Quel est ton titre préféré de l’album et pourquoi ?
Cette question est beaucoup trop compliquée ! Chaque morceau est vraiment particulier car il colle à ce que l'histoire dégage à ce moment précis de l'album. Mais j'adore l'énergie vraiment rock de « There Is Only Room for One », la douceur extrême de « There Are No Words to Say How I Feel » ou encore toutes les voix et les couleurs de « Marguerite Davesnelles » et le sourire qu'a Nico notre batteur quand il la joue !
Depuis les premiers pas du groupe sur scène, vous avez eu l’opportunité d’ouvrir pour des groupes renommés dans le domaine du métal et du prog (Nightwish, A.C.T, Arena, Riverside…). Quel concert gardes-tu en tête en particulier ? Et si tu devais ouvrir à nouveau pour un groupe, quel serait le groupe de tes rêves ?
Celui au Zenith était fou évidemment, et il n'y a pas un jour, même dix ans après, où je n'ai pas envie d'y retourner. Les rencontres avec des musiciens extraordinaires comme ceux d'A.C.T , d'Arena ou d'Anathema avec de très bons moments backstage sont de très bons souvenirs. Pour le futur j'adorerais évidemment une date avec Pain of Salvation que j'adore, mais je l'échangerais sans problème avec l'ouverture pour n'importe quel groupe qui nous ferait découvrir Bercy ou le Stade de France ! Sans oublier une date avec Lacuna Coil pour rencontrer Cristina Scabbia ! 😉 Mais mon rêve ultime serait d'être sur la Main Stage au Festival de Reading juste avant Muse.
Conscience sera en concert en tête d’affiche à l’Estival de Saint Germain en Laye, le 27 Septembre prochain. Vous avez prévus de jouer Aftermath en intégralité. As-tu des révélations à nous faire quant à ce concert ? A quoi les fans doivent s’attendre ?
Ce concert est vraiment une date exceptionnelle pour nous. Ce sera le premier live avec le nouveau line-up, dans une salle et sur une scène vraiment agréable et avec tout le temps que nous voulons. Pour marquer l'accouchement physique d'Aftermath nous avons voulu le jouer en intégralité sur scène alors qu'il n'a pas été "conçu" pour. L'ordre des morceaux par exemple ne se prête pas forcément à se mettre en voix progressivement, et il y a tout un passage de l'album tellement énergique que c'est un vrai challenge à passer en live ! Mais après avoir joué tout le concept, quelque chose comme 1h20 de set, et si le public en demande encore, ceux qui connaissent nos live savent qu'il y aura quelques surprises métallisées..
Vous avez souvent été comparé à vos débuts à Pain of Salvation, notamment en raison de la présence de parties de piano accompagnant des riffs lourds. Comment vois-tu l’évolution musicale du groupe de Daniel Gildenlow, et cela a-t-il joué un rôle sur ta façon de composer ?
Je continue personnellement d'être un POS addict en particulier parce que j'aime beaucoup la voix de Gildenlow quelque soit le style de musique sur laquelle il la pose. Dans tous les groupes et morceaux que j'écoute il me faut une voix qui me touche. En revanche l'évolution musicale de POS n'a aucune influence sur notre propre évolution, je pense que l'écoute d'Aftermath, y compris les morceaux écrits en 2013, le confirme.
Quelles sont vos autres influences ?
C'est incroyable à quel point tous les membres de Conscience écoutent et sont influencés par des styles musicaux très très différents ! On n'écoute quasiment pas les mêmes groupes ça fait un joyeux mélange metal, rock, prog, classique, pop mais c'est un réel plaisir de voir comment les influences des uns déforment les riffs des autres. Il y a aussi quelque chose d'autre qui influence tout particulièrement notre écriture: A part moi, tous les autres membres de Conscience ont une parfaite maitrise d'un autre instrument ! Nico (batteur) et Matt (pianiste) sont des guitaristes extraordinaires, Tom (guitariste) est un excellent bassiste et Futa (notre nouveau bassiste) est un virtuose au piano qu'il maitrise depuis toujours ! Je suis certain que cela influence leur jeu et leurs idées musicales.
Le successeur d’Aftermath est-il déjà dans les tuyaux ?
Il y a plein de morceaux dans les cartons c'est clair ! Mais en 2013 pour finaliser Aftermath et stabiliser le line-up nous avons tout mis en attente et nous allons reprendre de zéro tous les cinq pour écrire ce troisième album sur une période beaucoup plus courte ! Et j'ai vraiment hâte de voir ce que cela va donner !
Merci à toi pour cet entretien. Nous te laissons le mot de la fin pour nos lecteurs.
Merci à tous ceux qui nous suivent depuis tant d'année, et qui attendaient Aftermath of a Summer Snow depuis longtemps, j'espère que le résultat est à la hauteur de leur patience ! Merci à ceux qui vont nous découvrir en espérant que notre musique les touche et que nous les retrouverons au détour d'une salle de concert, car c'est en live que la musique doit se vivre. Et merci à la Grosse Radio !
Entretien réalisé par Watchmaker par mail mi-septembre 2014
Photos Live : Watchmaker