Rosa Crvx au Château de Thoix (26.07.2014)

Pour la première fois la Nuit Dark Ritual se situe dans le joli parc du château de Thoix en Picardie et est entièrement organisée par le groupe Rosa†Crvx. Un beau challenge franchement réussi pour cette première, et pourtant…

Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance, principalement en raison de ce à quoi nous avons eu presque tous droit en France cet été : une météo exécrable ! Et ce samedi 26 juillet, annoncé comme bon, ne l’a pas été totalement. Heureusement pour l’arrivée principale du public en fin d’après-midi, cela s'est maintenu jusqu’au lendemain.
 


Malheureusement c’est en coulisse que les choses ont été les plus compliquées. Le groupe et les bénévoles n’ont pas chômé. Grand coup de chapeau à eux tous au passage, car à cause des caprices du ciel ils ont dû monter et démonter la scène plusieurs fois les jours précédents le concert. Un exercice épuisant mais obligatoire lorsque l’on a une scène en plein air. Sans compter les autres choses qu’il y avait également à installer : la billetterie, les stands de restauration, de livres, d’antiquités et du merchandising ainsi que les surprises de la soirée (la cage et la structure de feu), aménager le vrai-faux cimetière et décorer la grande salle du château pour la soirée Dark avec aux manettes DJ Sioux’Boy et Olivier. Un sacré boulot !

Etant situé assez loin de Paris, un camping gratuit était aussi à disposition dans le parc du château, on peut dire que rien n’a été laissé au hasard pour que les convives présents puissent profiter de cette nuit très spéciale.

Le public justement est présent pour cette première prévue pourtant peu de temps avant. Après ce petit état des lieux voyons ce que nous a réservé cette longue nuit…


C’est avec un peu de retard sur l’horaire prévu (ceci ayant laissé à tous  le temps de se restaurer et de flâner aux alentours), que le groupe prend place sur sa scène itinérante auquel vous avez peut-être donné quelques deniers au projet camion-scène que nous avions relayé ici.

Il fait désormais nuit, l’ambiance idéale pour un concert de Rosa†Crvx. Les murs, éclairés principalement par les nombreuses bougies placées sur la scène, mettent en place une atmosphère sombre et mystérieuse propre à leur univers.
 


Il faut savoir qu’il se passe des choses pendant un concert de Rosa. Outre les grands drapeaux habituels, c’est surtout la Danse de la Terre qui interpelle et éblouit à chaque représentation. Ce soir, la danse est en situation spéciale car mobile. Les deux excellentes danseuses Nancy et Marianne sont installées sur une grande place pouvant les accueillir ainsi que les bacs de terre. Elles seront ensuite soulevées par 6 porteurs en habit de moine comme pour passer à travers le public telle une procession quasi funèbre durant toute la durée du titre accompagnant cette chorégraphie "Eli-Elo". On ne peut être insensible à cette performance certainement physique, exécutée pendant presque 8 minutes, par les deux courageuses danseuses qui ont bravé la température déclinante qu’accompagne inévitablement l’avancée de la nuit. (Une vidéo de DJ Sioux’Boy en témoigne ici)
 

 


L’audience se couvre les épaules mais est réchauffée par le groupe en formation trio dont le talentueux nouveau bassiste Mickael qui joue seulement son deuxième concerts ! Ils délivrent leurs compos martiales et dark avec le talent qui leur sied.

A la gauche de la scène, Claude comme d’habitude, dos au public telle une organiste d’église toujours un brin mystérieuse, est tout à son piano et son immense carillon de cloches qui font leur office avec une grandiloquence quasi religieuse. Olivier, lui, envoie énergiquement ces riffs mélodiques et puissants en même temps que ses incantations latines de sa voix si caractéristique qui, à l’instar de la BAM, fendent le silence. Sans oublier la fidèle BAM, martelant froidement et sans répit le rythme résonnant et brisant un peu plus à chaque impact la tranquillité du petit village ou les quelques âmes y demeurant sont probablement endormis.
 


Seul un problème de son incombant au manque de temps de l’équipe pour l’affiner les réglages forcément différent acoustiquement d’un espace fermé aura pour désagrément majeur d’avoir une basse trop écrasante sur certains titres. Cela sera la lacune involontaire mais rien de dérageant pour apprécier ce grand show incluant classiques et nouveaux titres. On applaudit devant les presque 1h30 de spectacle et de musique purement exaltante.
 


Après une petite pause rangement de scène vient le tour de La Performance de la Cage. Faisant partie d’une des nombreuses machines et instruments tirés des Jeux de Fers créés par Olivier Tarabo au milieu des années 80 (Plus de détails ici). C’est donc une exclu car rarement exécutée et encore moins en extérieur et en nocturne. Le principe : une personne nue recouverte de terre entre dans une cage de fer sphérique suspendu par une tyrolienne entre deux arbres. La cage est projetée grâce à la force de deux hommes contre une grande plaque de fer, sorte de gong géant humain.
 


L’impact de la cage donne un son métallique sourd mais agréable répété plusieurs fois sur fond musical comme un instrument de musique humain monumental. Malheureusement un petit aléa technique, une coupure de courant, avortera le spectacle un peu prématurément mais ce rendez-vous étonnant aura été à la hauteur.
 

C’est maintenant le moment de la nouveauté de cette édition 2014, la structure de feu baptisée : Le Cercle des Sorcières ! Installées à 8 mètres de haut, 4 sorcières avec leurs balais et leurs capes vont payer leurs méfaits par le feu ! Aspergées d’essence comme le cercle de métal au-dessous d’elles, le feu, à cause de l’humidité des jours précédents et de la nuit avancé, aura du mal à partir. Mais une fois enflammées, nos horribles sorcières sont mises en mouvement à l’aide d’un ingénieux système de poulie et de chaines. L’ effet de ces torches enflammées mouvantes est vraiment très réussie et hypnotisant. Accompagnées d’une bande son finement choisie pour le thème avec des titres particulièrement dark et flippant des groupes cultes The Moon Lay Hidden Beneath a Cloud tiré de l’album Amara Tanta Tyri et de Aghast tiré de l’opus glaçant Hexerei im Zwielicht der Finsternis créé par un duo féminin composé de Andrea "Nebel" Meyer Haugen (Hagalaz' Runedance, Nebelhexe) et Tania "Nacht" Stene la femme de Fenriz de Darkthrone. Un final occulte et flamboyant.
 


La nuit se poursuivra selon les envie de chacuns et chacunes, aller dormir, danser dans le chateau sur les mix de DJ Sioux’Boy et Olivier ou rester auprès du feu de camp à discuter avec les oiseaux de nuit restant et regarder les étonnants courts-métrages en stop-motion de Faustine Lucette Andrée Ferrer diffusés sur l’écran de la scène.
 


Les derniers résistants contre sommeil envahissant, partiront au levé du jour, fatigués mais heureux d’avoir passé une nuit exceptionnelle organisée par des personnes motivées, passionnées faisant partager sans compter leur talent, leur temps et leurs moyens. L’auto-production et le « fait tout toi-même » dû au peu de reconnaissance médiatique est souvent le prix à payer pour des artistes évoluant dans des styles musicaux non-conventionnels mais offrant des moments rares pour le public et eux-même.
Vivement la prochaine nuit qui s’annonce encore plus grandiose, ne la manquez pas…

Quelques détails supplémentaires sur cette aventure ici
 

 

Photos : Arnaud Dionisio / © 2015
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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