L'histoire de la musique nous a offert quelques duos homme-femme cultes depuis de nombreuses années... Stone et Charden, Sheila et Ringo, Sonny and Cher, Ike & Tina Turner, Didier Barbelivien et Anaïs, Damien Sargue et Cécilia Cara... J'en passe et des meilleurs ! Pourquoi alors le metal ferait-il bande à part et ne s'ajouterait pas à cette longue liste non fastidieuse de mariages de voix ? C'est peut-être à cela qu'ont pensé Michael Kiske (ex-Helloween) et Amanda Somerville (Aina) en se lançant dans ce projet portant sobrement leur nom et chapeauté par le duo venu de Primal Fear : Mat Sinner et Magnus Karlsson (aidés un tantinet par l'ex-After Forever Sander Gommans).
Vous l'aurez compris, ce n'est que du bonheur. Ou pas. Enfin cela dépend ce que vous recherchez. Et encore... Oh et puis zut, comment peut-on imaginer croire que ce projet marquera l'histoire du duo inter-sexe dans l'histoire de la musique ? Sachant qu'il ne laissera probablement aucune marque dans le monde du metal, si ce n'est quelques traces de sucre fondu sur les contours d'une salade peut-être un peu lourde à digérer...
Ces propos sont certainement un peu exagérés, mais cette galette éponyme du même nom que les sus-nommés (pas Stone et Charden hein, Kiske/Somerville) n'apporte pas grand chose si ce n'est de longues minutes procurant un début d'ennui. Et on a beau se repasser le disque en long et en large (et avec ses travers), cela nous en touche une sans bouger l'autre comme on dit. Tout juste quelques envie de mettre en avance rapide ou de trifouiller le saut de piste lorsque, trop prévisible, un morceau nous rappelle tous les poncifs d'un genre ne représentant d'intérêt qu'aux yeux d'un débutant découvrant une musique plus (hard ?) rock.
Le pop metal, et ses représentants du genre tels que Ari Koivunen, Delain, Tarja et sa carrière solo, Nightwish avec Anette Olzon (sic)... Une plaie pour certains, un engouement pour d'autres. Une honte pour les puristes du heavy, une chance pour ceux qui espèrent voir le metal propulsé en tant que musique reconnue commercialement. Le but commercial semble ici ouvertement avoué et à peine caché derrière des grands noms du genre, Frontiers Records semblant flairer le grand coup comme il l'a fait en signant le projet Issa (dont Sanguine_Sky vous a déjà parlé en détails ici-même)... pour une sortie à la même date tiens, le 24 septembre prochain, comme c'est étrange le hasard parfois !
Je vous vois trépigner, attendre que je décrive ici-même ce CD improbable où Céline Dion trouverait presque son compte. Mais non, attendez un peu, dois-je vraiment m'y soumettre ? Pas que j'ai peur d'être trop méchant mais... En ai-je vraiment envie ? C'est vrai quoi, devant un tel niveau d'insipidité, mon inspiration se voit réduite à néant et les mots ne me viennent pas pour décrire une musique aussi... simple, oui, où les guitares se font parfois (trop) rares et où la basse de Mat Sinner rivalise avec les nombreux arrangements symphoniques du grand orchestre de René Coll (à moins que ce ne soit tout simplement des samples ?)...
Alors si, laissez-moi tout de même monter au craineau et pester contre la très flagrante sous-utilisation du génial compositeur que sait (habituellement) être Magnus Karlsson. Mince quoi, cet homme a déjà écrit multiples hymnes, certes "faciles", mais terriblement accrocheurs avec son (ancien ?) groupe Last Tribe et surtout pour cet excellent projet mettant en scène deux des meilleures voix du heavy metal actuel : Russell Allen et Jorn Lande. Ici ? Rien, ou presque... Quelques bribes de ce que nous connaissons de lui, même si son jeu de guitare reste parfois reconnaissable. Alors peut-être que des morceaux comme "A Thousand Suns" (un titre attachant), "Devil in Her Heart" (élu meilleur refrain du CD), "Second Chance" ou "If I Had a Wish" sont à sauver, grâce à son talent et quelques mélopées potables, mais il n'est pas certain que ces titres auraient figuré au premier plan sur un de ses précédents projets.
Le problème de cet opus est avant tout qu'il se retrouve TROP centré sur ses deux voix et en perd ici sa saveur musicale pure. Parce que oui, grosse surprise positive de cet éponyme sans nom, Michael Kiske excelle comme rarement. Dans les aigus maîtrisés, dans le suave d'une tonalité grave, le vétéran chanteur exprime toute sa panoplie comme aux meilleures jours et semble même ouvrir une nouvelle voie de maturité des plus intéressantes sur cette prestation. Après quelques années d'érrances à se chercher (hors du metal... remarquez là il ne s'en est pas forcément rapproché, mais bon...), Michi aurait-il (re)trouvé sa voie(x) ? Cela semble bien parti. Même si, évidemment, les compo ne mettent pas plus en valeur que cela sa performance... Quant à Amanda Somerville, bah... C'est une prof de chant quoi, et une ex-choriste de Rhapsody/Luca Turilli. Tout est dit ici. Oh ça oui, elle chante très bien... mais sans émotion, de manière quasi robotique parfois, avec des tonalités à la Simone Simons d'Epica (qui pour rappel est son élève) mais l'expression des mélodies en moins. Du karaoké super bien maîtrisé, une voix parfaite techniquement mais semblable à mille et unes autres, tout simplement pas faite pour une carrière de lead... Désolé Amanda, mais pour Baltard ce sera non !
Bouh, qu'il est méchant ce Ju... Mais même pas, il vient pourtant de dire que les chanteurs étaient convaincants, enfin surtout un ! Or ce n'est pas tout, car au rayon "c'est très bien aussi, voire même super, mais..." on peut rajouter la production. Nickel, bien équilibrée, soignée à son paroxysme, mais... Toujours ce fichu "mais" hein... trop lisse, trop propre, trop convenue... Comme les compositions, comme le chant, comme l'ensemble donc !
Votre serviteur vous épargnera ici d'égratigner les (trop) nombreuses ballades mièvres constrituant ce brûlot un poil trop tiède. Si vous voulez tout de même vous rassurer un peu, sachez que outre les quatre nommées plus haut, les chansons "Don't Walk Away" (au refrain presque entraînant) et "Arise" (la plus speed, co-écrite par Sander Gommans) valent également la peine. Or 6 titres noyés autour de 6 autres bien moyens (dont un bonus track où Amanda se lâche enfin mais... pas pour notre bonheur), le compte est vite fait...
Nous ne saurions conseiller ce CD aux fans de metal pur, pas même aux aficionados de metal symphonique à chanteuse... Juste à ceux qui aiment bien le côté (très) doux dans le monde du rock metal moderne, ou à ceux qui aimeraient faire découvrir une musique plus péchue aux fans de pop les plus "ouverts". Après tout, ce Kiske/Somerville n'a pas que des défauts...
Ma note : 5.5/10
Trailer officiel de l'album Kiske/Somerville