Lonely Kamel – Shit City

Napalm Records semble décidément très porté sur la vague revival qui frappe le rock et le metal et nous le prouve une fois de plus. Si les Suédois de Blues Pills ou les Allemands de Kadavar sont devenus des fers de lance et jouissent à présent d'une réputation solide, il y a derrière toute une foule de suiveurs qui ont, eux aussi, leur mot à dire. Lonely Kamel est de ceux-là, et n'en est pas à son premier coup d'essai. Quatrième offrande pour le combo et deuxième sur l'écurie autrichienne, Shit City succède à un Dust Devil bien reçu par la critique et ayant provoqué l'enthousiasme sur nos pages. A voir, maintenant, si la qualité est toujours au rendez-vous, car qui sait, on est jamais à l'abri d'une erreur de parcours…

Le premier constat qui s'impose à l'écoute de ce disque, c'est que les codes du genre sont suivis à la lettre. Production à l'apparat daté, riffs qui sentent bon le désert, titres directs et résolument rock, nous voici plongés dans le monde merveilleux du stoner. Un chemin sur lequel moult pionniers sont déjà passés, de Kyuss à Fu Manchu, et le quatuor norvégien marche sur leurs traces avec application et admiration. Fort heureusement, on évitera toute mention plagiat. Si l'originalité n'est pas vraiment la qualité première des Scandinaves, l'exécution, elle, ne manque pas de professionnalisme ni de spontanéité. L'album aura ainsi du mal à concourir pour la place de nouvelle icône du genre qui terrasse tout sur son passage, mais l'écoute de Shit City est plaisante, et parvient à maintenir l'auditoire en haleine sur toute sa durée. Le secret des Norvégiens? De la passion, du talent, un profond respect pour les grands noms de la scène et une bonne dose d'inspiration, ce qui fait toute la différence.

En effet, ne s'enfermant pas dans un carcan délimité, Lonely Kamel injecte diverses influences à sa recette et celles-ci forment un ensemble hétérogène, qui permet au groupe de varier les plaisirs. Qu'ils soient plus directs et influencés rock (« Shit City » au goût de Motörhead, « Bfd »), jouent avec des ficelles doom (« Freezing ») ou puisent dans le blues, les neuf morceaux tiennent la route et entraînent facilement l'auditeur dans l'univers du combo. Pour couronner le tout, Thomas Brenna est un frontman et guitariste accompli, tenant aussi bien l'un et l'autre rôle. Ses riffs ainsi que ceux de son compère Lukas Paulsen jouent pour beaucoup dans la réussite globale des pistes, ceux-ci parvenant à instaurer une atmosphère captivante lors des pièces à durée plus conséquente (« Freezing », « Falling Down ») ou, dans le cas contraire, à se montrer suffisamment incisifs pour emporter dans leur fougue. Derrière le micro, le chanteur norvégien assure également, et sa performance est à saluer. Tantôt mélancolique, tantôt possédé mais toujours convaincant, le musicien trouve toujours une solution pour tirer son épingle du jeu et offrir le meilleur de lui-même.

Lonely Kamel

Le disque constitue une véritable traversée du désert, tant le climat y est aride. L'ensemble est dépouillé à l'extrême, tentant de capter l'essence même du stoner rock. Deux morceaux sont néanmoins plus faibles : « Is It Over? » ne décolle jamais réellement, et « Seal the Perimeter » se montre trop répétitive, lassant ainsi sur la durée. Ces faux pas, légers, sont rattrapés immédiatement, tant le reste fait mouche. Mention spéciale par ailleurs à l'opener « Shit City » qui met directement dans le bain et reste en tête grâce à son refrain bien ficelé, et « Falling Down », composition affichant plus de sept minutes au compteur mais gardant son intensité et son sympathique feeling rock jusqu'au bout. Ainsi, peu importe votre recherche, il y en aura pour tous les goûts.

Amateurs de stoner de qualité et de rock rétro, vous frappez ici à la bonne porte. Shit City est une œuvre solide, capable de transporter dans une ambiance désertique, si bien qu'il est difficile d'imaginer que ces quatre musiciens proviennent de Norvège. La qualité d'écriture globalement constante et le chant de bonne tenue sont des facteurs qui encouragent à la découverte de Lonely Kamel, qui devrait s'en tirer avec aisance sur les planches.

Note finale : 7,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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