Belgian Rockers Invasion
Vous en avez marre de la masse des groupes à voix en corset qui se bagarre sous le portillon du succès ? Tant mieux parce que Lovelorn Dolls aussi. Souhaitant se différencier face à la concurrence, le groupe, après un premier opus plutôt bien reçu, va surprendre plus d'une personne avec sa seconde offrande Japanese Robot Invasion, qui va, comme je l'énonçais, peut-être vous prendre au dépourvu si vous attendez une complète continuité de leur œuvre précédente. Mais restez, chers amis, car un revirement de bord n'est pas forcément une attitude inintéressante et si la manœuvre est bien amorcée, alors ce ne peut être qu'un succès retentissant. Où veulent-ils donc en venir ?
La volonté est nette : se démaquer du créneau habituellement nommé « metal gothique » pour proposer une musique différente, plus originale et personnelle. Le quatuor assume donc bien plus nettement ses influences électroniques, et se rapproche encore davantage des bien connus canadiens de The Birthday Massacre, ou encore du combo transalpin Helalyn Flowers, mais toujours avec une lignée plus rock que les italiens, grâce à des guitares plus marquées, placées au centre des festivités tout comme les multiples nappes de synthé qui donnent cet aspect cybernétique aux compositions des musiciens belges. Évidemment, on adressera encore une fois le reproche d'inspirations assez évidentes, qui n'échapperont pas une seconde aux oreilles des connaisseurs. Mais l'avantage de la formation est qu'elle ne se range pas dans un placard aussi vite.
Le propos de l'album mise avant tout sur l'efficacité des morceaux. Si vous êtes allergiques aux sonorités éloignées de notre cher metal, vous pouvez déguerpir tant celles-ci sont omniprésentes, ne vous lâchant pas d'une semelle. Tant mieux, si j'ose dire. Oui, je suis certainement une hérétique mais le duo synthé / guitare et la touche electro plus en avant est une direction qui convient mieux aux Lovelorn Dolls, se trouvant de la même façon un créneau prometteur où il y a une carte à jouer. C'est dans ce compromis de rock robotisé, aux touches tantôt pop, puis soudainement approchant le metal, que le quatuor parviendra à se forger une personnalité affirmée et qu'il pourra revendiquer haut et fort sa propre identité. En attendant, si cette qualité leur fait encore défaut bien qu'elle soit plus creusée qu'auparavant, là où les reproches ne peuvent être adressés, c'est au niveau de la qualité d'écriture des titres.
Ceux-ci, à notre plus grande joie, possèdent une diversité de bon aloi. Alternant entre des moments accrocheurs à la première écoute ("Long Awaited Kiss", "Japanese Robot Invasion", "Just Like Heaven") et d'autres, plus sombres, dont les atmosphères prennent leur temps pour s’imprégner dans notre esprit ("Happy Valentine", "Blood Moon"), le groupe en donne pour tous les goûts. Ainsi, difficile de les taxer d'utiliser la même recette et d'en user jusqu'à épuisement. Là où l'on placera un léger bémol, c'est sur certaines lignes de chant de Kristell, qui peuvent s'avérer judicieuses comme décevantes. De cette manière, "The Thrill" se voulant entêtante manque de magie là où "Happy Valentine" démontre que la chanteuse possède plus d'un tour dans son sac, capable de passer de voix agressives et graves à des teintes plus aiguës, le tout n'étant pas sans nous rappeler cette chère Chibi (The Birthday Massacre) au niveau du timbre. Cet élément est loin de gâcher l'écoute de Japanese Robot Invasion, opus où les morceaux ne manquent définitivement pas de ressources pour plaire à un public assez large.
Voilà donc une galette dotée de charme. Variant entre rock, metal, musique électronique et pop, la musique de Lovelorn Dolls gagne en maturité par rapport à House of Wonders. Cette progression, plus que plaisante à constater, nous permet de fonder de très bons espoirs quant à la suite de la carrière de la formation belge. J'avoue toutefois que les plus réfractaires aux groupes s'éloignant des carcans traditionnels du metal pourront ici être déroutés, et ne pas accrocher à ce disque, bien qu'il existe des titres plus orientés vers ce style que nous affectionnons tant ("Wolf Inside", par exemple, apportant une parfaite conclusion à Japanese Robot Invasion). Si vous n'avez pas peur de tenter l'expérience, alors n'hésitez plus. Et bien qu'il subsiste quelques critiques à formuler à l'encontre du combo, celles-ci ne peuvent qu'aider le groupe à faire encore mieux la prochaine fois.
La Folle Fougère
Ma Note : 7.5/10