A l'occasion du Up in Smoke Festival à Pratteln, en Suisse, La Grosse Radio s'est entretenue avec une formation britannique à la réputation croîssante : Alunah. L'occasion pour la frontwoman Sophie Day de revenir sur le concert, leur tournée et leur nouvel album Awakening the Forest. C'est une artiste souriante, très accessible et passionnée que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors d'un entretien qui restera gravé dans ma mémoire.
"Faire du doom nous est venu tout simplement, sans avoir l'idée de suivre un mouvement."
Interview en face à face par Sanguine_sky, questions de Ju de Melon et Sanguine_sky
Sanguine_sky : Bonjour Sophie et merci à toi pour cette interview! Pour commencer, pourrais-tu présenter le groupe aux lecteurs?
Sophie : Salut! Mon groupe s'appelle Alunah, j'y chante et joue de la guitare. Nous venons d'un coin non loin de Birmingham, en Angleterre, et nous sommes ensemble depuis 2006. On vient tout juste de sortir notre troisième album, qui s'appelle Awakening the Forest, sur le label Napalm Records. On est donc un groupe très actif!
Le nouvel album Awakening the Forest est disponible depuis peu. Jusqu'ici, as-tu reçu beaucoup d'échos ou de commentaires à son propos?
Oui, car notre label Napalm Records a commencé à envoyer les promos de celui-ci il y a déjà trois semaines. Pour l'instant, les retours sont très bons! Beaucoup de nos amis ont pré-commandé leur exemplaire, et l'ont reçu car notre album ne sera disponible au Royaume-Uni que la semaine prochaine. Ils l'aiment beaucoup, et ça nous fait très plaisir car quand tu écris un album, tu ne sais pas si les gens vont l'apprécier ou non alors avoir des retours positifs, c'est vraiment une bonne chose.
D'après toi, quelles sont les principales différences entre ce nouvel album et White Hoarhound?
Sur ce nouvel album, nous avons un nouveau bassiste et son jeu, son style est très différent, et le notre aussi d'ailleurs. Je le trouve plus lourd, plus mélancolique également, mais pas dépressif. Il garde cependant une véritable tristesse. Il est plus massif et sonne toujours comme du Alunah. Je pense que c'est un véritable pas en avant pour nous.
Est-ce que tu as un morceau favori sur l'album?
Oui! A écouter, mon titre préféré est « Awakening the Forest » mais à jouer en concert, c'est « Scourge and the Kiss ». On l'a jouée ce soir, et j'aime le fait qu'elle soit énergique mais descend aussi dans le psychédélique, puis elle est puissante à nouveau, j'adore la jouer! Mais à l'écoute, c'est définitivement notre morceau éponyme.
Récemment, vous avez enregistré un clip pour « Heavy Bough ». Pourquoi ce titre et quelle est l'histoire derrière cette vidéo?
A la base, on devait chercher un titre qui ne soit pas trop long et beaucoup de nos morceaux tournent entre six et sept minutes. C'est long, trop pour une vidéo. Le choix était ainsi restreint à deux ou trois titres, qui font environ cinq ou six minutes. « Heavy Bough » est le morceau le plus catchy, le titre avec lequel on peut s'identifier, connaître notre musique, donc une bonne base pour ceux qui ne connaissent pas Alunah. L'idée, c'est cet homme, seul, marchant dans la forêt, prenant des bouts de nature pour ses potions, ses remèdes. A la fin, il me... kidnappe! Oui, en gros, c'est ce qui m'arrive au final. On veut vraiment montrer la nature à travers ce clip. On s'est beaucoup amusé pour faire cette vidéo. C'était une journée très ensoleillée, dans un château en Angleterre et des passants promenaient leur chien, pique-niquaient... Du coup on a beaucoup attiré l'attention. Et George, notre acteur, avec son allure a effrayé quelques personnes. C'était génial! Pour notre première vidéo, on voulait quelque chose de spécial, et je crois qu'elle a été appréciée donc nous sommes ravis.
Si tu pouvais changer quelque chose sur l'album, qu'est-ce que ce serait? Ou le laisserais-tu en l'état?
J'aimerais mettre plus de chœurs. On a écrit beaucoup d'harmonies mais nous avons manqué de temps en studio. J'avais quelques harmonies pour « Heavy Bough » que je n'ai pas eu le temps d'enregistrer. Si je pouvais changer quoi que ce soit, j'enregistrerais tous ces chœurs, toutes ces harmonies. Mais nous sommes déjà très content de l'album en tant que tel. Il a été énormément réécrit car une fois les morceaux terminés, souvent, nous n'en étions pas satisfaits. Maintenant, on en est très fier alors on l'adore, cet album.
Vous êtes en tournée actuellement. Quelle est la réaction du public face à votre musique?
C'est notre quatrième concert de la tournée aujourd'hui en Suisse. Les deux premiers concerts étaient au Royaume-Uni, et hier à Paris. Nous sommes très contents de chaque soirée, surtout à Paris et aujourd'hui à Pratteln. Le public est génial, très euphorique et plein de gens se rappelaient des titres de notre précédent album et ont chanté avec nous. Il y a cette barrière de la langue que nous réussissons à passer, grâce aux chansons. On a été très bien reçu, notre musique appréciée, c'était génial à chaque fois!
Est-ce que tu pourrais décrire un jour type de tournée?
Beaucoup de voyage et de temps passé dans le van pour nous six en tournée. Il y a généralement six à sept heures de trajet entre les dates. J'imagine que dit comme ça, ça semble un peu ennuyeux. On essaye aussi d'avoir autant de sommeil que possible, parce que ton concert est moins bon quand tu es épuisé. Avant les concerts, on répète un peu. On ne boit qu'après le show car nous souhaitons vraiment nous concentrer pour faire un bon concert.
La scène doom a de plus en plus de succès en ce moment et on assiste à une véritable expansion. Comment expliques-tu cela?
Je crois que beaucoup apprécient les groupes des années soixante et soixante-dix, et recherchent une relève aux grands noms comme Black Sabbath. The Obsessed, Spirit Caravan etc, et plus ces grands groupes regagnent en popularité, plus les jeunes vont les découvrir facilement. Ce regain de succès pour ces légendes a des répercussions, c'est sûr. Nous ne sommes là que depuis 2006 donc on est encore assez récent, mais nous venons de Birmingham, comme Black Sabbath, et beaucoup sont influencés par eux. Pour nous c'est une bonne chose car les promoteurs, les labels s'intéressent de plus en plus au genre, et ça nous permet d'avoir accès aux concerts plus facilement.
D'après toi, qu'est-ce qui distingue Alunah des autres groupes de doom?
Il y a beaucoup de groupes de doom qui ont des voix masculines. Pour ma part, je ne sais pas growler, hurler... je ne sais pas trop comment décrire ma voix... discrète, féminine, peut-être bluesy, ce qui fait déjà une différence par rapport à d'autres groupes. De nombreux groupes tentent aussi d'être le plus heavy possible, et ce n'est pas notre optique. Nous souhaitons vraiment écrire de bons morceaux, avec des refrains mémorisables, des ambiances envoûtantes, des paroles que le public peut chanter avec nous. Dans un sens, on a une approche un peu pop, un petit peu comme Black Sabbath... avec ces bons morceaux, ces mélodies entêtantes, ces refrains. On a vraiment envie de faire redécouvrir ça, du « sing-along » doom... du karaoké doom!
Te sens-tu proche de certains groupes de la scène doom?
Oui! Il y a Monolith Cult de Bradford, ils sont géniaux, l'un de mes favoris. Il y a aussi Ki, de Birmingham, ils sont relativement récents et très très bons, on a déjà joué avec eux. Conan aussi, qui a joué hier, Black Moth, Lord Vicar, Spirit Caravan avec qui on a joué en première partie, ce sont des gens adorables, très amicaux. C'est un honneur pour nous de jouer et de connaître des personnes comme eux. Ce sont de très bons musiciens!
Vos fans français aimeraient beaucoup vous revoir. Crois-tu que le Hellfest 2015, c'est encore un rêve inaccessible ou une possibilité envisageable?
On a énormément entendu parler du Hellfest. Hier à Paris, on nous a demandé si nous y serions. Et on aimerait vraiment, vraiment, vraiment y jouer car pas mal de groupes avec lesquels nous sommes amis y ont déjà joué, et c'est définitivement quelque chose qu'on veut faire aussi. On a contacté l'organisation, alors croisons les doigts! J'espère qu'ils seront intéressés par Alunah. Mais même si nous n'y jouons pas, on s'y rendra sûrement en tant que festivaliers. On a plein d'amis qui y vont et ça a l'air d'être un excellent festival. Donc si on y va en tant que fans, c'est bien, si on y va en tant que groupe, c'est l'idéal!
Quelles sont tes influences personnelles?
Les paroles que j'écris sont très influencées par la nature. J'aime l'histoire des arbres... hum, ça sonne un peu bizarre dit comme ça. Mais j'aime connaître le rôle que les arbres ont eu sur l'histoire de l'Angleterre, car comme la France, nous avons beaucoup de cultures pagan ou wiccan, et les arbres y ont joué un rôle primordial. Notre chanson « Heavy Bough » par exemple parle d'un grand arbre et de son importance sur l'histoire. Ils ont été utilisés comme des remèdes contre les maladies. Je suis aussi influencée par l'histoire du Royaume-Uni. Musicalement, mon groupe préféré est The Doors, j'aime aussi Janis Joplin, B.B. King. J'apprécie aussi Hexvessel, sorte de doomy-folk finlandais. Les gars eux préfèrent Iron Maiden, AC/DC... donc comme tu vois on a beaucoup d'influences diverses dans Alunah.
Comment avez-vous eu cette envie de vous lancer dans le doom?
C'est venu tout naturellement. Quand on a commencé à écrire de la musique, c'est le style qui s'est démarqué et beaucoup pensent que venir de Birmingham a joué un rôle dans notre musique car c'est de là que vient Black Sabbath et que c'est dans notre sang de faire du doom. Notre guitariste est vraiment fan de Tony Iommi, ses riffs sont toujours influencés par lui. Notre batteur est un grand fan de Black Sabbath, notre bassiste aussi, et puis moi aussi. Faire du doom nous est venu tout simplement, sans avoir l'idée de suivre un mouvement.
Est-ce qu'il y a des groupes que tu aimes et souhaiterais partager avec nous?
Hexvessel! Tout le monde doit écouter Hexvessel! Je crois que je suis obsédée par eux. Il y a aussi Beastmilk, qui sont finlandais comme eux, tu en as peut-être déjà entendu parler? Il y a Orne aussi, avec le mec de Lord Vicar, tu confirmes?
Je confirme!
Oh tu les connais! J'adore ce groupe! Il y aussi Sahg, et Audrey Horne, et aussi le nouveau Blues Pills, je l'adore. Il y a tellement de bonne musique en ce moment! Et le dernier Opeth aussi... et le dernier Alunah! Tu connais?
Je crois que oui! C'est déjà la fin de l'interview, merci à toi pour cette entrevue! Est-ce que tu as quelques derniers mots pour nos lecteurs?
Merci à tous pour votre soutien, pour votre présence à nos concerts. On adore vous rencontrer, voir de nouvelles têtes, on espère que vous aimerez notre musique et que vous achèterez notre nouvel album... si vous voulez! Et merci encore!
Remerciements au groupe et à Olivia pour sa disponibilité et sa gentillesse.