Sorti de la fosse commune en 1996, les monstres de LORDI sortirent deux premiers albums de très bonne qualité, malgré la curiosité visuelle qu’ils pouvaient susciter. Mais leur carrière explosa littéralement après leur victoire écrasante au concours de l’Eurovision en 2006. Michel Drucker s’en souvient encore et nous également, puisque ce dinosaure (au sens péjoratif du terme) a sali toute notre communauté en déclarant qu’il donnerait l’album de LORDI à écouter à sa chienne.
The Arocalypse, renfermant le single "Hard Rock Hallelujah", marquera au fer rouge la discographie du groupe qui, au fil de ses sorties discographiques, semblait se reposer sur ses lauriers, après avoir certainement enclenché le mode "pilotage automatique", et publient des disques à la qualité aléatoire. Mais un regain de forme et d’inspiration pointaient le bout de ses cornes de bouc sur le précédent méfait, To beast or not to beast, présageant que LORDI avait trouvé son second souffle, et une ferme intention d’en découdre. Sa nouvelle offrande, à paraître le 31 octobre 2014, intitulée Scare Force One, vient, aux premiers abords, confirmer cet état de fait, puisque ce dernier a été confié à Mika Jussila pour la mise en son et l’artwork revient aux bases avec nos monstres préférés en premier plan, surplombés d’un avion dont le modèle m’est inconnu mais qui m’inspire autant de confiance que ceux d’une certaine compagnie malaisienne…
Après une introduction assez typique mais aux relents religieux, le "freak horror show" débute par le morceau-titre. Nul doute que les Finlandais ne sont pas là pour rigoler ou amuser la galerie et, tous ceux qui pensaient que LORDI ne perdurait que grâce à leur costume et leur titre honorifique de l’Eurovision vont en avoir pour leur frais. Cette composition renoue avec cette force perdue et frappe très fort d’entrée, le refrain efficace, appuiera mon propos, LORDI est de retour et ça s’entend. Mais cette composition est loin d’être orpheline, puisque les morceaux de bravoure se succèdent tout au long de Scare Force One. Jetez donc une oreille à "Sir, Mr President, Sir !", "Hell sent in the clowns" (aux accents de The monsterican dream), "House of ghosts", le single "Nailed by the hammer of Frankenstein" ou "Hella’s kitchen", pour ne citer que ceux-ci. LORDI a retrouvé une inspiration et une vitalité salvatrice et, il faut bien le reconnaître, après l’annonce de la sortie de ce disque, un an (et des poussières) seulement après To beast or not to beast, personne ne pouvait s’attendre à un tel niveau de qualité.
Contrairement à ses précédentes livraisons, Scare Force One ne souffre d’aucun temps mort, d’aucun titre de remplissage. Tous les morceaux que renferme ce disque sont tous des tubes en puissance comme "Monster is my name" ou "Cadaver Lover", qui seront assurément repris à gorge déployée lors de leurs prochaines prestations scéniques. Mais cela sera certainement les cas pour tous les titres de ce disque qui dispose de refrains ultra efficaces et très facilement mémorisables ("Monster is my name" ou "Hell sent in the clowns"), du genre à vous entrer dans la tête aussi facilement qu’une balle de kalachnikov pour ne plus en ressortir.
Côté arrangements, LORDI a, là encore, mis les petits plats dans les grands avec comme point d’orgue, l’ambiance "horrific circus" de "Hell sent in the clowns" où on imagine aisément les clowns "habituels", se transformant celui des œuvres de Stephen King, les dents aiguisées et traumatisant tous les enfants de l’assistance. Aussi, on pourra noter l’ambiance sombre et oppressante du lourd "The united rocking dead", assez inhabituel pour le groupe mais une nouvelle fois très réussie.
La performance des musiciens est à l’avenant de ce disque hautement qualitatif, chacun y met toutes ses tripes, Mr Amen est une véritable manufacture à riffs et décoche des solos de hautes volées. La section rythmique envoie le bois tels des bucherons canadiens (pardon, finlandais) et Mr Lordi, appose des lignes de chant à la fois rocailleuses, profondes mais aussi très mélodiques, juste impressionnantes. La production de Mika Jussila (CHILDREN OF BODOM, STRATOVARIUS…) met véritablement en exergue les compositions du groupe. Elle hisse clairement Scare Force One vers les sommets, l’espace sonore est rempli à merveille et chaque musicien se voit réserver une place de choix pour pouvoir s’exprimer à sa guise.
Vous l’aurez compris, pas grand-chose à jeter sur la nouvelle livraison des monstrueux LORDI, Scare force one se hissant tout en haut de la discographie du groupe, ce disque est bardé de refrains tous plus efficaces les uns que les autres, la production est en béton armé et les finlandais ont retrouvé une énergie qui leur faisait défaut sur les précédentes publications. Cet album convaincra même les plus sceptiques et risque de tourner en boucle pendant un bon moment sur vos différents lecteurs. Scare force one est appelé à devenir un classique, ni plus, ni moins.
8.5/10