Le thrash entre deux chaises
Après s'être montré plutôt productif dans les années 2000, Exodus a fait patienter ses fans quatre ans avant de sortir Blood In, Blood Out, son dixième album. Au programme, retour du chanteur emblématique Steve Souza pour un album de thrash dans l'ère du temps, avec le son moderne des productions récentes du groupe et un sens du riff toujours aussi aiguisé. Malheureusement, des longueurs et des lourdeurs tirent ce disque vers le bas.
La bay area. Zone mythique dans laquelle tout a commencé pour bien des groupes de thrash metal. Si les succès et les paillettes ont été promises à certains, notamment Metallica, d'autres ont souffert d'une histoire plus chaotique. C'est le cas d'Exodus, victime d'incessants changements de line-up qui ont ralenti la montée du groupe, malgré la violence de ses riffs.
Blood In, Blood Out, nouvel album du groupe, fait suite à l'un de ses changements de line-up et marque le second retour de Steve Souza, qui peut maintenant se vanter d'avoir chanté sur plus de la moitié des albums d'Exodus. Il remplace ainsi Rob Dukes, qui faisait l'unanimité sur scène, avec sa dégaine de bad boy survolté et son charisme imbattable.
Vocalement, peu de choses ont changé depuis Tempo of the Damned. Souza éructe toujours sa haine à travers les paroles contestataires du disque, avec ce timbre nasillard immédiatement reconnaissable qui ne semble pas avoir pris une ride depuis Pleasures of the Flesh. S'il n'est pas connu pour ses performances vocales hallucinantes, force est de constater que son timbre sied parfaitement à Exodus. Reste maintenant à savoir ce que ça donnera en live.
Côté interprétation, Gary Holt et Lee Altus riffent toujours avec autant de conviction, enchaînant accords assassins et solos de haute volée. On oubliera vite la participation anecdotique de Kirk Hammet sur "Salt the Wound", qui est plus là pour justifier un rappel historique (il était dans Exodus avant d'intégrer Metallica) que pour étaler son talent de musicien. Tom Hunting et Jack Gibson sont toujours en place pour une section rythmique exemplaire de rage.
Côté compos, on a à boire et à manger dans Blood In, Blood Out. Exodus garde son sens du tube thrash avec un coeur d'album fort de "Body Harvest" et "BTK", prometteuses pour la scène. On retient aussi la rageuse "Numb" ainsi que le puissant morceau-titre. Mais là où le bât blesse, c'est que les thrasheurs ont été trop gourmands. Une heure de thrash avec une production over-the-top, c'est trop. Du coup, des longueurs se font sentir et donnent l'impression d'un album linéaire dans la rage.
C'est assez dommage, car la qualité est là et les compos sont solides, bien qu'inutilement allongées pour certaines (notamment "My Last Nerve"). Mais elles ne sont pas assez mises en valeur, ce qui donne un album agréable pour tout amateur de thrash qui se respecte, mais pas assez marquant. Pour un retour d'Exodus après quatre ans sans album et un retour du chanteur emblématique, ça pique.
Heureusement que le plaisir d'headbanguer est toujours là.