“Purée, ça envoie !”
C’est en substance la première réaction de votre serviteur à l’écoute de ce premier album des franciliens de Whisper of Death. Comme ce genre de réaction ne peut, bien entendu, pas suffire pour une chronique digne de ce nom, c’est avec une précision chirurgicale que nous allons décortiquer cet opus...
Sorte de Cannibal Corpse à la française, Whisper of Death balance sans murmurer un bon vieux death d’une violence inouïe, à la technique irréprochable et surtout à l’humour décapant. Cette facette du groupe, déjà visible sur l’artwork, se retrouve principalement dans les textes en français traitant de sujets aussi diversifiés que les attaques de zombies, le cannibalisme ou encore les pogos de lépreux (on vous laisse imaginer le résultat) sur un ton décalé.
D’un point de vue purement musical, le groupe s’en sort avec les honneurs, sachant composer des chansons accrocheuses basées sur des riffs massifs et rapides. Les musiciens font état de leur maîtrise de l’instrument à travers les dix titres de cet album, à grand coup de double-pédale ("Torture for Dummies") mais également de rythmiques plus travaillées ("OBF" et ses plans de basse au son cinglant). Clément (chant) n’a rien à envier à George Fisher (Cannibal Corpse) et use de sa voix grasse tout au long de l’album avec précision. La paire de guitariste composée de Jordan et Jérôme est également capable de produire de très bons riffs ("Surgicale Strike" ou encore l’introduction de "Cannibalism Airlines"), certes peu originaux, mais tellement savoureux que l’auditeur est pris d’une furieuse envie d’headbanguer.
La production est d’ailleurs excellente pour un premier album d’un groupe français. On sent l’envie de bien faire et la formation a su peaufiner son travail avec minutie (le mixage de François Ugarte (Pitbull in the Nursery) est exemplaire). Chaque instrument ressort à merveille, même la basse ("Happy Burial"), pourtant souvent délaissée dans ce genre. On retrouve l’urgence de la scène punk/grindcore tout au long de cet album, à la fois dans les thématiques et la durée des titres.
En un peu plus d’une demi-heure de musique et de violence maîtrisée, Whisper of Death nous entraîne dans leur univers décalé. Ainsi, si la musique du groupe est loin d’être originale (les influences sont identifiables dès la première note) elle reste cependant très accrocheuse. Le concept fun développé dans les textes des chansons (sortes de scénettes gores dignes d’un film de Robert Rodriguez) font de ce disque une excellente surprise de cette fin d’année.
Si l’épreuve du studio est désormais passée avec brio pour le groupe, reste maintenant à savoir comment Whisper of Death appréhendera la scène dans le futur. Mais si le combo passe à proximité de chez vous, n’hésitez pas longtemps, cela peut être amusant d’assister en vrai à un pogo de lépreux ! Et ainsi prendre au sérieux cette formation qui ne se prend pas au sérieux…
Note 8.5/10
Photographies promotionnelles : DR avec l'aimable autorisation du groupe