La période revival est définitivement très prolifique, à un point presque fascinant. On en découvrirait presque une nouvelle formation chaque jour. Difficile de savoir où donner de la tête, et trier le bon grain de l'ivraie peut se révéler être un véritable calvaire quand on est en recherche d'un groupe capable de tirer son épingle du jeu. Si dans cet exercice, Kadavar ou encore Blues Pills ont bénéficié d'un support médiatique important et d'un gain de popularité phénoménal, d'autres sont loin de démériter et auraient bien le droit, eux aussi, d'être sous le feu des projecteurs. Purson, quintette britannique répondant à tous les critères de la jeune bande nostalgique d'une époque révolue depuis belle lurette, a pourtant frappé très fort grâce à la parution d'un premier disque de très grande qualité. The Circle and the Blue Door, encensé par la critique, était ainsi une carte de visite alléchante, ouvrant quelques belles portes aux Anglais. Une année plus tard, pas question de chômer, et les voilà déjà de retour avec un EP sous le coude, In the Meantime.
Foncièrement, les différences avec l'offrande précédente sont plutôt limitées, et le combo continue tranquillement sur sa voie. Il n'est pas difficile d'imposer une classification à Purson, officiant dans un registre rock psychédélique qui n'est pas sans rappeler les grandes heures du rock. L'influence des années 60 et 70 est clairement revendiquée, et cette volonté de faire revivre le passé est louable quand la maîtrise est également de mise afin d'offrir un bel hommage. Pas de surprise concernant notre jeune formation, celle-ci connaissant les ficelles du style sur le bout des doigts, reprenant tous les codes rétro. L'application est réelle, avec un véritable amour pour les grands noms ayant marqué toute une époque, et la jeune bande parvient ainsi à nous transporter dans une machine à remonter le temps qui aura, pour certains, un délicieux goût de madeleine de Proust. Si l'originalité n'est ainsi pas la plus grande qualité du quintette, tant le passéisme imprègne cet EP, Rosalie et ses compères n'ont pas leur pareil pour écrire des pièces savoureuses, aux atmosphères variées et enivrantes.
« Death's Kiss », qui peut se voir aussi bien comme une introduction qu'un réel morceau en lui-même, pose déjà quelques bases qui aident à se faire une idée quant à la suite des festivités proposées par ces maîtres de cérémonie. Le ton y est rock, toujours emprunt d'un psychédélisme très affirmé, où l'apport de multiples instruments comme la flûte n'est absolument pas inconvenant. Bien au contraire, l'ambiance ne s'en voit que renforcée. L'autre élément qui attrape l'auditeur dans les filets de Purson dès le départ, c'est la voix de la chanteuse et guitariste Rosalie Cunningham, n'ayant rien perdue de sa superbe. Quelque soit les pièces composées, la jeune femme parvient à adapter son registre pour se retrouver en parfait accord avec la musique délivrée. La frontwoman constitue un point central du propos des Anglais, et il est vrai qu'aux postes où elle officie, celle-ci fait des merveilles. Si de nombreux groupes mettent en avant le chant afin de camoufler un ensemble pauvre et dépourvu d'inspiration, ce n'est nullement le cas pour le quintette, qui n'utilise pas sa chanteuse comme un faire-valoir mais l'intègre au sein de pistes soignées et cohérentes. Et c'est cette union qui fait la force de Purson.
En effet, qu'importe le tempo, les cinq musiciens ont réponse à tout. Que le ton soit plus emballé (« Danse Macabre ») ou tirant fortement vers le mid-tempo (« Wanted Man », « I Will Be Good »), In the Meantime recèle de très bons moments. Là où le combo convainc, c'est d'arriver à ne proposer, avec ces quatre nouvelles pistes, aucun temps mort, laissant espérer un prochain album à l'avenant. Ainsi, « Danse Macabre » n'est pas sans évoquer le côté tubesque d'un « Leaning on a Bear » de l'essai passé, dans cette même veine rock où l'accent est placé sur un refrain solide, capable de sublimer le morceau. Le clavier, par ailleurs, semble tenir une place bien plus prépondérante qu'auparavant, et sa place est centrale, sans pour autant empiéter sur les plates bandes des autres instruments. Les deux dernières compositions laissent place à un rythme plus posé, plus sombre aussi. L'humeur n'est pas à la fête, et cela s'entend par le changement de ton d'une Rosalie s'adaptant à un cadre plus intimiste sur « Wanted Man ». La conclusion, « I Will Be Good », pourrait presque se révéler comme une synthèse des trois titres de l'EP, mais avec ses qualités propres. Ne serait-ce que pour l'ambiance qui se met en place, ou encore par les lignes de chant qui font mouche, déclamées par une voix convaincue et énigmatique.
Venus tout droit des années soixante, voici les musiciens de Purson.
The Circle and the Blue Door offrait déjà à Purson une réelle crédibilité dans la mouvance rétro. Avec ce nouvel EP In the Meantime, les Britanniques enfoncent encore une fois le clou en proposant une délicieuse mise en bouche, où les quatre plats principaux possèdent chacun une saveur distincte. Deux effets secondaires succèdent donc à l'écoute de cette offrande. Le premier, c'est un sentiment de satisfaction, qui rassure quant au prochain album de longue durée. Le second, c'est un sentiment de frustration, car quatre morceaux, c'est tout de même relativement court. Espérons ainsi que l’œuvre à venir sera une suite digne de ce que les Anglais ont pu offrir au long de leur carrière.