Absurdity – Undestructible

Il aura fallu presque quatre longues années avant qu’ABSURDITY ne se décide à remettre le couvert, quatre longues années à attendre la suite du très bon D:/Evolution, qui plaça le combo strasbourgeois dans la catégorie des espoirs incontournables de la scène extrême hexagonale. Pour tous les néophytes qui découvriraient ABSURDITY, il faut savoir que ce combo est actif depuis 2002, qu’il a sorti 2 démos, un Mcd et un EP, avant de publier en 2011, le massif D:/Evolution, qui leur ouvrit les portes de gros festivals comme le Hellfest ou le Motocultor, d’effectuer plusieurs tournées européenne et même d’assurer la première partie d'IMMOLATION.

Qualifiée de « massive moshing death metal » par ses membres, la musique pratiquée par ABSURDITY est une sorte de « death » moderne, « groovy » et mélodique, enrobée de touches industrielles qui leur vaudra l’étiquette de « deathcore ». Après le remplacement du bassiste et l’intronisation d’un nouveau guitariste, ABSURDITY, aujourd’hui composé de Zno au chant et aux programmations, de Erik et Damien aux guitares, de Matt à la basse et de Arnaud à la batterie, est prêt à mettre le monde à genou avec son dernier méfait intitulé Undestructible, toujours chez Urban Death Records et, produit, comme le précédent, au Supersize Studio de Budapest.

En préambule, il est à noter l’artwork travaillé, évoque instantanément le combat social de la formation, avec des hommes en costume, ayant tous les pouvoirs et manipulant sans vergogne, un pauvre homme « d’en bas », qui, semble-t-il, est prêt à se révolter et se venger de toutes les blessures visibles et invisibles qui lui ont été infligées. Les textes de cet opus traitent des maux de notre société actuelle, ses agissements, ses faits marquants, et, tentent d’y apporter une réponse positive. Le titre de l’album colle à merveille avec l’artwork, mais également avec les moments difficiles traversés par la formation avec le départ de deux de ses membres, à l’aube de la composition de Undestructible, qui faillit engendrer la séparation du combo, mais comme nous le constatons, il a su s’en relever.

« Prelude : First Infected », le bien nommé, lance les hostilités avec une introduction apocalyptique avant que la déflagration sonore ne débarque. Un premier uppercut vient d’être asséné à l’auditeur, et ce n’est que le début, car Undestructible n’est qu’une succession de coups droits, qui atteignent leur cible quasiment à tous les coups. Jetez donc une oreille à « Spawn », le gras et très « death » « Rebellion », avec en guest, Julien Truchan de BENIGHTED qui vient pousser la chansonnette et place, par la même occasion, quelques cris porcins dont il a le secret, mais également « Information Killed Information » ou « Can’t Stop the Machine » et « Blood Will Run… », rehaussé des vocaux de Shawter de Dagoba.

Il est clair que ABSURDITY ne veut laisser aucun survivant et, la destruction massive entreprise par la formation va tout écraser sur son passage, mais, conscient de la violence de ses compositions, le combo alsacien a incorporé, ici ou là, des passages plus aériens comme sur « Rebellion » ou « Wanted Animal », morceau lent et pesant qui présente également une facette plus mélodique et est doté d’un refrain qui n’est pas sans rappeler IN FLAMES, période Reroute to Remain, ou encore, le final du morceau titre, ajouté à cela les alternances des rythmiques plutôt « thrash », font de Undestructible, un opus varié même si les blasts tiennent une place prépondérante.

L’impression de rouleau compresseur est amplifiée par une production massive où l’espace sonore est rempli à merveille, chaque instrument est parfaitement audible. Les musiciens, tels des mercenaires lâchés en plein bastion djihadiste, ne sont pas là pour enfiler des perles et exécutent sans sommation, avec une mention spéciale à Zno qui éructe toutes tripailles dehors. Ce dernier apporte à son chant une certaine variété, en alternant entre gros « growl death », cri plus typé « black », et chant clair.

On se demande alors ce qui a bien pu leur prendre pour placer au beau milieu de ce déluge métallique, le titre « Criminal », sorte d’entre-acte « dubstep » électro, qui n'a strictement rien à voir avec notre style tant aimé et qui, même avec une grande ouverture d’esprit, ne casse pas trois pattes à un canard. Cette composition reflète, à mon sens, une réelle faute de goût, mais au vu de la qualité intrinsèque du reste de l’opus, on leur pardonnera facilement cet écart.

Undestructible dépasse de la tête et des épaules D:/Evolution, pourtant déjà hautement qualitatif, et frôle la perfection. Ce disque est un condensé de violence moderne, associé à une production en béton armé, ABSURDITY se place désormais en challenger plus que sérieux de la scène métal française et risque de mettre tout le monde d’accord. La formation peut être considérée comme le FEAR FACTORY français, en bien plus violent, mais surtout, en beaucoup mieux. Si l’aventure vous tente, essayez donc alors le « Massive Moshing Death Metal », mais n’oubliez pas le protège dent, sous peine d’en laisser quelques-unes.

8.5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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