October Tide, le retour ! Enfin, après 11 années d'absences, la formation nous revient, après avoir annoncée sa séparation en 1999, puis sa reformation en 2009 avec un tout nouveau line-up. Seulement voilà, l'excellent chanteur qu'est Jonas Renkse a cédé sa place à un autre, Tobias Netzell, chanteur d'In Mourning, ce qui laisse présager du bon. Pour combler les fans, le groupe se doit de livrer un album à la hauteur et c'est finalement le 28 Septembre 2010 sur Candlelight Records qu'une nouvelle livraison paraît : « A Thin Shell ». Digne successeur des précédents opus ?
Malheureusement, l'enthousiasme de l'attente retombera bien vite devant un album de doom/death comme il en existe tant d'autres. Sur le plan des compositions, l'ensemble est bien trop froid et monolithique, voir linéaire tant le manque de diversité est sans conteste le plus gros défaut de ce nouvel opus. Car un doom qui ne véhicule aucune émotion, c'est comme un sandwich au thon sur lequel l'ingrédient principal fut ôté : un met fade et sans réelle saveur. Cette nouvelle offrande d'October Tide, c'est exactement le même effet. Difficile d'y trouver un titre qui nous comblera par son intensité ou son émotion, par une quelconque fulgurance, originalité ou prise de risque. Non, les suédois jouent un doom appliqué, convenu, un peu trop d'ailleurs, et fortement inspiré d'autres formations. Et en tête de file, la première inspiration qui nous vient à l'esprit n'est autre que le premier brûlot des compatriotes d'In Mourning (coïncidence ?), par le côté doom de celui-ci. D'autres tels Swallow The Sun ou Daylight Dies se rajouteront sur la liste, et il est dommage que le groupe n'est pas utilisé toutes ces années pour pondre des titres plus osés et moins scolaires.
Notons aussi des longueurs, des breaks atmosphériques dispensables, des lignes de clavier arrivant comme un chien dans un jeu de quille, qui en feront pâtir l'album. « Fragile » souffre de tous ces symptômes et se trouve être un morceau fortement rébarbatif, qui laissera l'auditeur sur sa faim, tant par un manque d'accroche et de feeling que par une composition en elle-même très inintéressante. Et ce n'est pas le titre suivant, « Scorned », qui sauvera la mise. Se voulant plus profond et plus sombre que le précédent, il ne s'en dégagera absolument aucune atmosphère. De plus, comme la précédente, et presque toutes les autres avant, elle souffre des mêmes maux. Là où des formations telles Daylight Dies ou Swallow The Sun usent de leur magie pour parvenir à recréer ce qui fait la beauté du doom, October Tide rate littéralement le coche et s'écroule.
Bon, sauvons quelque chose au moins. On pourra se consoler en se disant que nos amis scandinaves sont de bons élèves, et tentent de reproduire au mieux ce que d'autres on fait avant … mais en moins bon. Oui ils savent se servir d'une guitare, d'une basse, d'une batterie, d'un clavier et d'un micro, mais sans ajouter aucune personnalité.
Ils seront au moins soutenus par une production limpide et claire, qui placera chaque instrument en son juste espace et sera mis en valeur, avec un mixage digne des plus grands, qui n'a rien à envier aux pointures du genre.
Vocalement, on peut également parler d'une déception de taille. Non pas que ce cher Tobias Netzell soit un mauvais chanteur, bien au contraire. Il a déjà prouvé dans le dernier In Mourning qu'il possède des cordes vocales en bon état, un potentiel énorme et une bien jolie voix. Seulement, ce-dernier n'est pas aidé par des compositions d'une grande platitude, sur laquelle il pose sa voix sans conviction ni émotion (comme la musique, en fait). Du coup, passant d'un chanteur talentueux à un vocaliste dans la moyenne, il accentue encore plus le regret de l'absence de Jonas (Katatonia), sans vraiment le vouloir. Sans réelle versatilité, il est regrettable de voir son potentiel aussi peu exploité, s'empêtrant dans la spirale de l'ennui.
L'attente ne sera pas comblée et October Tide livre un album fade, vide de tout titre marquant et dépourvu de la moindre émotion. Le résultat est froid, scolaire et lassant, sans nul doute que vous ne reviendrez pas dessus après l'avoir écouté. « A Thin Shell » ne marquera pas l'histoire et sa durée de vie limitée ne lui permet pas de s'imposer comme l'album de la résurrection de nos suédois. Pour vous réconcilier avec le genre, allez plutôt découvrir le dernier Swallow The Sun, en laissant celui-ci de côté. Dommage.
Note finale : 4/10