L’association des frères CAVALERA aura toujours de l’effet sur les plus nostalgiques d’entre nous, ceux qui ont connu et vécu pleinement les heures de gloire de SEPULTURA, lorsque celui-ci sortit les mythiques Beneath the remains, Arise, Chaos A.D et le tribal Roots. Mais voilà, éjecté de SEPULTURA, Max Cavalera fonda SOULFLY avec lequel il publia le tonitruant Soulfly, mais après, plus grand-chose à se mettre sous la dent. Il en est de même pour Igor, qui essaya de perdurer au sein de SEPULTURA, avant de quitter le navire quelques années plus tard. Depuis, le père Igor se consacre plus à sa famille, à sa vie personnelle et fait le Dj de temps à autre.
Mais en 2008, les frères Cavalera décidèrent de se réunir à nouveau et sortirent Inflikted, pas très original au demeurant, mais qui avait le mérite d’envoyer du bois et surtout, de titiller la corde sensible du passé. Puis, en 2011, le duo accompagné de Mark Rizzo, publia Blunt Force Trauma, qui s’avérera assez moyen et décevant. A l’arrivée de l’automne 2014, CAVALERA CONSPIRACY décide de remettre le couvert avec sa dernière livraison intitulée Pandemonium, en nous promettant un véritable retour aux sources.
A l’entame du dit opus, je m’attends à en prendre plein la tête comme à la grande époque et, force est de constater que dès le premier morceau Babylonian Pandemonium, je ne suis pas déçu de ce côté-là, ça envoie du bois, nous avons à faire à du thrash-metal primitif, voir primaire, doté de gros riffs bien rentre dedans. Ce titre n’est pas orphelin puisque les coups de butoir se succèdent avec Scum, I, Barbarian, Father of hate ou Insurrection et Apex Predator. Mais ce sont bien là les seuls points positifs de la galette car le reste….
Le retour aux sources promis a bien eu lieu…ou pas!! Il est bien présent dans le son qui est brut de décoffrage à souhait, on se demande même si le disque est passé par la case mixage, puis le retour au thrash alambiqué d’antan est évident et enfin, le chant de Max est plus gras que ce qu’il nous a habitué avec SOULFLY. Mais pour tous les « vieux » métaleux, dont je fais partie, un retour aux sources signifie revenir à l’essence même de ce qui a fait le succès des frères Cavalera et donc, de SEPULTURA, période Schizophrenia – Arise.
Je l’affirme droit debout, je me sens complètement frustré par cette promesse non tenue, les incartades ethniques sont toujours présentes, à croire que depuis Roots, Max Cavalera ne peut plus s’en passer, mais alors à quoi bon, puisqu’il le fait déjà avec SOULFLY ? Puis, côté riffs, il faut bien reconnaître qu’on atteint presque le niveau zéro d’inspiration et d’originalité, tant ceux-ci sont aseptisés, redondants et milles fois entendus, heureusement que Mark Rizzo relève le niveau, grâce à des solos de hautes volées. La prestation d’Igor est aussi à mettre en avant car son jeu est immédiatement reconnaissable, même si, et cela s’entend, le bougre manque encore de pratique et sa frappe n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il pratiquait au début des années 90.
Pour ne rien arranger, je passerai sous silence la pochette hideuse (c’est une question de goût) et, je soulignerai la rugosité de la production qui met bien en avant les guitares et confine parfois (même souvent) à la bouillie sonore quasiment inaudible. Comme si cela ne suffisait pas, l’agencement du tracklist est aussi à revoir car les morceaux qui alternent les variations rythmiques se trouvent tous en fin d’album, donnant à toute la première partie (voire les trois quarts) de Pandemonium un sentiment de lassitude et d’ennuie très fort.
Vous l’avez compris, c’est très déçu et limite en colère que je ressors de ce Pandemonium. La promesse d’un retour aux sources est, selon votre serviteur, une publicité mensongère, il ne suffit pas de balancer un thrash primitif pour y prétendre. Pandemonium est un disque fade, sans relief, sans imagination, sans originalité, doté d’une production rêche où l’inspiration semble être restée au placard. Au lieu de courir plusieurs lièvres à la fois, Max Cavalera devrait peut-être se concentrer sur un seul et unique projet pour élever le niveau de qualité qui lui fait défaut depuis des lustres.
Vous pouvez y jeter une oreille si et seulement si vous n’avez rien d’autre à faire, sinon, pas de temps à perdre avec ce Pandemonium.
4.5/10