Elvenking – Red Silent Tides

D'une beauté majestueuse, cette pochette ci-contre renferme-t-elle l'album de l'année ? C'est un peu la première question que je me suis posée en voyant cette splendide cover représentant une lune mélancolique sur des tonalités rougeâtres flamboyantes et représentant donc Red Silent Tides, 6ème album du groupe italien Elvenking. Autant dire que la barre s'est d'elle-même placée haute avec un tel visuel, surtout que les transalpins nous avaient quelque peu refroidi en nous offrant d'assez moyens successeurs à leur chef d'oeuvre Wyrd sorti il y a 6 ans et constituant une pierre angulaire dans le monde du folk metal.

Déboulant chez AFM Records le 17 septembre 2010, Red Silent Tides a donc pour rude tâche de réconcilier les fans de la première heure avec ceux plus récemment attirés par le côté moderne "extrêmisant" du combo (mis en exergue sur The Scythe). Après un interlude pseudo pop acoustique, Elvenking nous offre donc ici une nouvelle facette de sa personnalité... Plus mûre ? Plus aboutie ? Plus proche de leurs racines folk ? Ou encore plus loin dans le modernisme-pop ? Un profond débat pourrait bien s'installer après l'écoute de cet opus...

Première chose qui nous frappe à l'écoute de ce disque : le son. Une production approchant une rare perfection dans le style, chapeauté par le duo Mat Sinner/Dennis Ward qui visiblement a fait de sacrées merveilles. A la fois profond et raffiné, le mixage sonne propre sans pour autant souffrir d'un lissage trop extrême. A partir de là, tout est réuni pour nous offrir un grand moment...

Elvenking

Ne boudons pas un malin plaisir à vous gâcher le suspense ici : oui, cette galette est exquise. Oui, Elvenking a atteint cette maturité promise. Et ce sans pour autant revenir aux bases de Wyrd, ce qui aurait certainement suscité plus de critiques que de révérences. Car le côté folk folkisant à gogo, c'est terminé... Enfin, disons que cette influence est désormais englobée parmi tant d'autres. Ne nous y trompons pas, ce n'est pas parce que le violon du sieur Elyghen est toujours présent (et plus que jamais convaincant, épousant parfaitement les parties claviers joués par ce même personnage d'ailleurs) que cela suffit à faire d'Elvenking un groupe de "true" folk metal. Elvenking n'a désormais plus grand chose d'Elfique dans son approche, mais devient le Roi du mixage de divers sons rendant le résultat final diablement et spécialement réussi.

Quelles sont ces autres influences ? Faisons ainsi l'économie d'insister sur le côté heavy/power toujours bel et bien présent sur quelques riffs et passons à ce qui pourrait fâcher : le côté moderne. Fatalement, celui-ci reste d'actualité, ne serait-ce que par la production impeccable qui pourrait faire ronchonner les vieux amateurs de Heathenreel ou Wyrd. Ce côté cru et maladroit (mais sans conteste touchant) ayant disparu, nous sommes ici confrontés à un son pur que ne renieraient pas les meilleurs groupes américains proches de la new wave of hard rock ou de... l'émocore ! Aïe, j'ai ici lâché un mot bien horrible... Rassurez-vous, Red Silent Tides n'a rien d'émocore à proprement dit, Damnagoras nous faisant cette fois-ci le cadeau de growls trop maladroits (sauf à quelques rares moments, étouffés et imperceptibles, comme sur "Dawnmelting" par exemple), mais on sent à certains instants ce léger côté "mignon" et "mélancolique pour jeunes" qui ne dérange ici au final que bien peu. Evidemment, les singles tels que "The Cabal" (et son clip où les membres du groupes arborent un look très/trop soigné) ou "The Last Hour" s'avèrent hymnesques mais quelque peu... pop ! Et oui, ce nouveau brûlot a des relants mainstream, se mariant parfaitement bien avec l'univers et les sonorités du groupe, contrebalaçant avec quelques prises de risque inattendues...

Car c'est le côté symphonique et orchestral qui vient nous frapper sur ce disque, et ce à deux moments clés : "Silence de Mort" et "Runereader", sans aucun doute les deux meilleurs morceaux de l'album car offrant une large palette d'émotions. On ne peut d'ailleurs regretter que ces titres soient ainsi isolés, même si leur rare présence ne fait que mettre en relief ce brillant contraste voulu par Elvenking. En attendant, ces deux monstres sauront vous ravir, entre le côté quasi agressif du premier et les arrangements splendides du second - merveilleusement relevé d'un break symphonique à nous couper le souffle, que les espagnols de Mägo de Oz pourraient bien leur jalouser.

Pour le reste, les compositions s'enchaînent avec brio et restent pour la plupart bien en tête, donannt envie d'y revenir et d'y revenir encore. Un très bon signe. A noter quelques anecdotes relevées ici ou là... Outre le titre en français avec sa prononciation amusante, relevons l'intro de "What's Left of Me" qui sonne Meat Loaf ou Chris de Burgh (au choix) à plein tube vocalement, "Those Days" et son riff sautillant très US connecté à un refrain à la Bon Jovi ou Aerosmith (là aussi au choix), le morceau "Possession" qui aurait pu être une ballade d'Edguy ou un véritable succès AOR (toujours au choix), le dualité calme/speed de "Your Heroes Are Dead" avec son refrain boosté à la coke où Damnagoras fait ressortir son attirance pour la scène power italienne en quelques vibratos aigus, ou encore "This Nightmare Will Never End" sur lequel ce même chanteur en fait des caisses sur une prononciation disons "habitée" voire "possédée". Mais ces détails restent au final plus attachants que dérangeants...

Elvenking - Red Silent Tides

Entre brut de décoffrage et détails soignés, Elvenking a su trouver sa voie et ainsi pleinement exploiter le talent de ses membres. L'album de la maturité en quelque sorte, même si certaines choses sont encore à améliorer - éviter le cliché trop "mainstream" par exemple, du moins l'exploiter un peu moins sur la longueur. En attendant, que Brenda Montgomery perde sa grâce de jouvencelle si ce CD ne laisse pas une trace parmi les bons albums de l'année 2010, Elvenking mérite ici amplemant la reconnaissance qui lui était déjà due il y a 6 années de cela...

Note : 8/10

A voir aussi :

Vidéo clip du single "The Cabal"
Page Myspace de Elvenking

Elvenking sur La Grosse Radio

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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