Occultation – Silence in the Ancestral House

Occultation, en dépit d'une signature sur l'estimé label Profound Lore Records, n'a pourtant pas été la formation doom ayant obtenue la plus grande réputation après la sortie de son premier disque Three and Seven, globalement bien reçu mais ne s'étant pas attiré uniquement des critiques favorables. Alors pourquoi se décourager? C'est ce qu'a du se dire le trio américain, qui ne perd pas de temps et revient sur le devant de la scène, deux années plus tard, en espérant bien cette fois-ci obtenir un peu plus de reconnaissance grâce à Silence in the Ancestral House. Souhait légitime il est vrai, mais encore faut-il posséder toutes les armes pour sortir du lot. Dans un genre où les formations se multiplient, arborant toutes un look tourné vers les années 60 ou 70, les trois musiciens décident de se diriger vers des rivages différents, ce qui pourrait bien être la clef du succès.

Au milieu d'une scène bondée, il est nécessaire de trouver une façon de sortir de la masse. Et de ce côté là, Occultation est une belle surprise, qui ne redistribue pas toutes les cartes d'un style au regain considérable de popularité, certes, mais tire tout de même son épingle du jeu avec brio. Il est vrai que le côté sombre, un peu lourd, est vu et revu mais le doom du combo est très entêtant, parvenant toujours à trouver une formule qui maintient l'intérêt éveillé. L'accent est résolument placé sur les ambiances, et on ne peut s'empêcher de penser que Silence in the Ancestral House constituerait une parfaite bande-son de film d'horreur (« All Hallow's Fire » en priorité). Planant et pourtant intriguant, le monstre à trois visages compose une musique aux allures rappelant The Devil's Blood, le psychédélisme en moins, mais n'étant pas, non plus, dénuée de charme par rapport au défunt groupe néerlandais. Cet atour est substitué par une facette incroyablement accrocheuse, en témoigne « Laughter in the Halls of Madness », qui condense tous les désirs des Américains. Voilà donc un créneau qui mérite d'être exploité, et le jeune trio l'a bien sûr très bien compris, travaillant sur ces ficelles pour offrir un résultat soigné et agréable.

L'apport de la voix féminine n'est, par ailleurs, pas étrangé à cette sensation de paradoxe constant. Le chant se retrouve tantôt pop, éthéré, puis se lance peu après dans des tonalités plus noires et malsaines. Voilà donc des chanteuses (MAL et V, officiant respectivement à la basse et à la batterie) parfaitement dans leur élément, en osmose complète avec le fond musical proposé. D'autant plus que les lignes de chant embellissent bien souvent les compositions, comme sur « The Place Behind the Sky », où les frontwomen apportent un aspect aérien loin d'être déplaisant, officiant qui plus est sur une piste complexe d'assimilation, mais truffée d'excellentes idées (comme cette superbe envolée proche du black metal, probablement due à l'influence Negative Hate). Ce morceau ne sera pas le seul à bénéficier d'une accélération comme celle-ci. Les envolées arrivent sans crier gare et distillent dans la recette du groupe une touche surprenante, et judicieusement exploitée. L'envie de ne pas faire comme les autres est ainsi, une fois de plus, mise en exergue par Occultation, possédant plus d'un tour dans sa besace.

Les idées sans l'inspiration, ça ne vaut pas grand chose. A ce petit jeu là, le trio est heureusement bien préparé. Aiguisant plus d'un couteau, sortant la lame appropriée à chaque situation, Occultation sait écrire des titres diversifiés, s'inscrivant dans une belle cohérence si l'album est vu dans sa globalité. Manque de bol pour l'auditeur, la fin de parcours laisse amer, hélas. En effet, les deux dernières pistes sont en-dessous du lot, et si l'on sent les nombreux efforts déployés par le trio pour instaurer une ambiance, celle-ci peine à complètement prendre, et les longueurs ne sont pas évitées, notamment dans « Forever Hereafter », qui défile sans retenir l'attention. Si la pièce éponyme s'en tire avec davantage de faveurs sans pour autant combler, on ne peut que constater une baisse de régime par rapport à un début de course impeccable. Il est ainsi dommage que la constance ne soit pas respectée jusqu'au bout, tant l'impact aurait pu être fort. Cela dit, ces points noirs mis à part, il est bon de garder à l'esprit que les trois américains ne commettent aucun faux pas jusqu'à ces deux malheureuses pistes. De la production qui laisse la basse s'exprimer aux vocaux, en passant par les compositions variées, communiquant des émotions diverses sans être coincées entre deux tendances, il y a largement de quoi considérer le groupe comme étant mature et intelligent.

Occultation

Nous te voyons partout où tu vas...

Silence in the Ancestral House est un très bon disque, contenant de réels moments de grâce, bien qu'étant pénalisé par une fin décevante. L'ensemble est tout de même réellement convaincant, laissant apparaître Occultation comme un sérieux concurrent au trône laissé par The Devil's Blood. Développant un univers qui lui est propre, le combo ne demande encore qu'à maintenir le cap sur une œuvre entière afin de devenir une référence. Et quand cela arrivera, il y a de grandes chances que leur nom soit retenu dans les mémoires.

Note finale : 7,5/10

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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