Soirée de légende
Alors que l'automne peine à véritablement s'installer sur la région parisienne, une grosse soirée metal s'annonce au Covent Gardent d'Eragny en ce samedi 25 octobre 2014...
Au menu, un festival heavy metal organisé par ADX avec l'aide de leurs amis et cinq groupes au programme allant du hard au thrash. Du old school à foison et un public patché à souhait venu célébrer leurs héros et découvrir plus d'un groupe prometteur ou déjà bien ancré dans la scène nationale...
FACTOR HATE
C'est un quintet qui ouvre le bal ce soir proposant une musique entre shock hard rock et heavy metal, portée par un chanteur au look gothique très Baudelairien. Et c'est sur quelques influences Alice Cooper, autant vocales que visuelles, que le show va se dérouler sans grosse fausse note et avec un certain entrain au fur et à mesure que le show avance.
Le frontman Watcher n'hésite pas à théâtraliser sa performance tout en étant détendu et plutôt affable envers un public qui réagit assez bien notamment sur le tubesque "Riding Fast and High" et son "double signe metal" brandi à la foule. Si vocalement il fait parfois preuve de certaines approximations, Titi sait gérer l'espace et semble très à l'aise dans son rôle.
Puisqu'on parlait visuel, certains détails ne trompent pas et prouvent que Factor Hate est là pour divertir son audimat le plus complètement possible : une rose noire sur "Black Roses", une poupée sacrifiée sur "The Haze" ou encore une camisole de force sur "Asylum", tout y passe et ce non aux dépends d'une certaine précision technique portée par des musiciens bien concentrés sur leur jeu.
C'est sur un "The Watcher" très efficace que Factor Hate termine les débats avec une présentation de ses membres pour un accueil plus que chaleureux de la part d'un public déjà nombreux. Une bien bonne entrée en matière que voici.
Setlist :
You're in the Nightmare
Black Roses
Riding Fast and High
The Haze
Asylum
Raise Your Hand
The Watcher
HÜRLEMENT
Energie ! Si on ne devait retenir qu'un seul mot de la prestation du quatuor Hürlement ce soir ce serait celui-ci. Clairement venus pour faire la fêtre entre riffs old school et chant haut perché, le compo heavy metal ne faiblira pas un seul instant.
Il faut dire que débuter un set par un morceau comme "Le dernier combat" nous place direct dans l'ambiance, avec un Alexis au micro qui améliorera ses montées au fur et à mesure que le set avancera. Largement inspiré par les grands pontes du genre tels Iron Maiden, Running Wild ou Manowar, Hürlement nous balance une performance entre riffs d'acier et moments épiques bien choisis sur des paroles en français à l'exception du très hymnesque "Brothers of the Watch" chanté par une partie du public.
Vestes à patchs en avant, rapidité sans faille pour un enchainement de morceaux sans chichi, Hürlement s'est fait plaisir et nous a fait plaisir lors du set qui lui était alloué. Et ce qui est bien quand c'est court c'est on n'a pas le temps de s'ennuyer, comme l'annonce le frontman avant d'entamer l'un des tubes du groupe "Ordalie".
Hürlement a donc fait mouche, de part sa grande envie d'en découdre et ses morceaux simples à retenir parfaitement taillés pour le live.
Setlist :
Le dernier combat
Dogue de Brocéliande
Kamikaze
Brothers of the Watch
Ordalie
Inquisition
Mercenaire
BARRAKUDA
Si on parlait d'énergie pour le combo précédent, que dire alors du quintet Barrakuda qui entame sa prestation à l'heure où bière et hot dogs commencent à être engloutis à foison ?
Un rouleau compresseur, tout simplement, entre hard rock old school et punk acerbé pour des paroles en français très vindicatives qui rappeleront à certains Trust même si le style musical semble plus nerveux que la bande à Bernie.
Il faut dire qu'avec un frontman comme Luka, on ne peut pas s'ennuyer ! Dès l'intro de "Plus rien à perdre", ce dernier se tapit dans le public avant d'entrer en scène de façon tonitruante, torse nu et headbangant à souhait entre deux coups de capoeira. De part cet aspect (qui ne faiblira pas un seul instant), le chant s'avère secondaire, très roots et pas forcément très nuancé mais on s'en fiche car le message est clair : on est là pour se donner à fond et impossible de ne pas embarquer à l'écoute d'une musique directe et exigeante pour les nuques.
Mais il n'y a pas que Luka ! Les autres membres se donnent aussi sans compter tout en prenant leur pied, notamment le bassiste Ephraim qui s'amuse beaucoup avec son chanteur entre mini pogos et coups de pied aux fesses. Il faut avouer que l'espace scénique s'avère restreint pour ce beau monde très mobile.
Musicalement, ça fait mouche avec du direct in your face, à l'image d'un Motörhead ou d'un Airbourne. Et malgré un léger essouflement général compréhensible peu avant la fin du set, on assiste à un véritable regain d'énergie sur le "Fou et furieux" final où Luka demande un bordel général au public qui semble avoir parfois du mal à suivre mais s'amuse tout de même plutôt bien. Et c'est bien là le principal au final, n'est-ce pas ?
Setlist :
Plus rien à perdre
Pas de quartier
Que justice soit faite
Adrénaline
Fureur
Guérilla urbaine
Fou et furieux
THRASHBACK
Au beau milieu d'une soirée entre hard et heavy, petite parenthèse un peu plus extrême avec le speed thrash old school sans pitié des franciliens de Thrashback.
Premier étonnement pour ceux qui ne connaissent pas le trio : mais où est le chanteur ? Notre photographe se fera même piégé le temps de quelques secondes sur le premier titre "Bombers of Death", s'apercevant un peu tard comme quelques autres que celui-ci officie en fait... derrière la batterie !!
Et c'est bien là l'une des principales caractéristiques des ex-Evil One ! Ce n'est cependant pas ce détail qui faiblit l'ensemble, bien au contraire, Speed matraquant ses fûts tout en conservant une agressivité vocale des plus impressionnante, le tout en véritable métronome. Du grand art.
Chaque musicien devant lui s'attelant aux choeurs dès que possible, c'est un ensemble limité mais ravageur qui habite la scène d'une présence irréprochable, portant des compos ciselées à l'extrême et à classer parmi les réussites du genre.
Au-delà des classiques "Wardance", "Leatherface" ou l'une de leurs plus anciennes compos "Thrashback" (datant de l'époque Evil One), nos amis thrasheux nous proposent une excellente reprise de S.O.D. et se permettent même de teaser sur leur prochain album à paraître au mois de février prochain. Deux extraits en seront ainsi joués : l'indomptable "Night of the Sacrifice" qui passe fort bien l'épreuve du live et une "surprise" avec la première fois d'un "1888-Jack the Ripper" qui risque bien de rester en tête quelques temps.
Thrashback mérite clairement sa réputation de fine fleur du thrash français, et c'est une véritable réussite que nous espérons pour eux à la sortie de ce futur opus intitulé Night of the Sacrifice prévu pour le 1er février prochain.
Setlist :
Bombers of death
Box of Power
Thrashback
Wardance
Night of the Sacrifice (New)
1888-Jack the Ripper (New)
Leatherface
Unleashed the Beast
United Forces (SOD Cover)
ADX
Il est 22h lorsque les rois de la soirée pénètrent sur scène le temps d'une intro aux lumières sombres annonçant la "Prière de Satan". Le grand moment tant attendu pour les fans, pour certains voyant le groupe pour la première fois en live après plusieurs années de fanatisme, se fait dans une atmosphère surchauffée et un Covent rempli comme un oeuf. Phil, le chanteur, plaisantera plus d'une fois sur l'impressionnante chaleur ambiante de la salle, mais il faut dire que le public amassé ce soir se donnera à fond et rendra un grand hommage à la légende qu'est ADX.
C'est tout en crescendo et sans véritable répit que le leader du heavy français donnera une véritable leçon à ses fidèles pour un concert exceptionnel bercé par un gros son propre et puissant. Ce n'est pas pour rien qu'un large sourire apparaitra plus d'une fois sur le visage des musiciens sachant pertinemment que l'alchimie de cette soirée fut parfaite.
Une setlist sans fausse note sera ainsi délivrée, faisant la part belle aux grandes heures du groupe, notamment à l'album Exécution qui fêtera l'an prochain ses 30 ans et qui bénéficiera d'une tournée anniversaire pour l'occasion débutant au Divan du Monde le 24 janvier avec Manigance. Un opus largement représenté par cinq titres, tous repris en coeur par l'assistance quand celle-ci n'est pas occupée à mosher dans tous les sens comme ce fut le cas précédemment pendant Thrashback. Certains y laissont épaules endolories et côtes abîmées au passage, mais quel hommage rendu par une jeunesse pour la plupart pas née à l'époque la plus glorieuse du combo !
Les hymnes "Déesse du crime" ou "Suprématie" feront par exemple un carton, de même que "De l'autre côté" seul rescapé des années 90 ou bien le plus récent "Division Blindée" en hymne final qui verra tous les acteurs de cette bien belle soirée venir faire la fête sur scène. Quant au dernier album Ultimatum, paru plus tôt cette année, il sera également mis en valeur avec entre autres "Commando suicide" sur lequel Alexis d'Hürlement viendra faire un guest. Et que dire de ce "Red Cap" monumental où le batteur Dog s'habille d'un beau chapeau rouge qu'il met largement en valeur le temps d'une intro épique ?
Quant au jeu global des musiciens, il n'y a absolument rien à redire. Soli, leads et rythmiques parfaitement exécutées par Betov et B.Y., une basse et des choeurs convaincants de la part du petit dernier Julien Rousseau, une batterie bien puissante et carrée du Dog, et un Phil qui finit la soirée en tutoyant les étoiles. Il faut dire que ce dernier a su monter en puissance tout au long du show, finissant par maîtriser aigus (certes limités par rapport à avant) et passages agressifs sans la moindre difficulté tout en harangant le public au maximum comme par exemple sur le populaire "L'étranger".
Voici une apothéose qui conclut parfaitement une soirée de fête heavy à la française ! Les ADX ont montré ce soir que leur légende était loin d'être usurpée et qu'il faudra encore compter sur eux ces prochaines années.
Setlist :
Prière de Satan
Mémoire de l'éternel
Déesse du crime
De l'autre côté
Commando suicide (avec Alexis de Hürlement)
Paracelse
Le fléau de Dieu
L'étranger
Red Cap
Suprématie
Notre Dame de Paris
Caligula
Division Blindée (avec tous les groupes sur scène)
Pascal Betov et ses amis ont donc réussi leur pari : organiser une superbe soirée de passionnés pour passionnés et rendre le tout à la fois attrayant, chaleureux et professionnel. Les fans sur place étaient ravis et en redemandent, nous aussi d'ailleurs, voici un rendez-vous que l'on aimerait voir revenir l'an prochain pour une seconde édition...
Photos : © 2014 Lyk'harts
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