Alors lecteur, tu as envie de stoner ? Tu as trop écouté le dernier Grand Magus et tu veux une nouvelle friandise ? Et en plus tu veux que ce groupe soit plein de membres connus ? T'es difficile, dis-moi … Mais j'ai ce qu'il te faut ! Cette formation, elle nous arrive de ce beau pays qu'est la Suède, là où le vent glacial d'hiver souffle dans les forêts de sapins, mais on est pas là pour parler de ce sujet maintenant. Voici Spiritual Beggars, composé de membres tels Michael Amott (Arch Enemy, Carcass), Per Wiberg (Opeth) ou encore le chanteur de Firewind, Apollo Papathanasio, qui remplace le chanteur de Grand Magus, JB. Et « Return to Zero », c'est le 7ème album de la formation, pour Août 2010 sur InsideOut Music. Et avec un line-up pareil, on ne peut attendre que du grand art.
En terme de compositions, on se retrouve face à un stoner hard rock/heavy relativement plaisant, à la Black Sabbath ou comme les derniers Grand Magus. Bourré d'hymnes à foison, de refrains pêchus et mémorisables en une écoute, à l'instar de « Lost In Yesterday » ou de « The Chaos of Rebirth », l'un des tubes de l'album avec ses petits passages à la frontière du prog, un excellent morceau, dans la pure tradition du stoner, titre qu'un Black Sabbath n'aurait pas renié pour son efficacité et sa beauté. D'ailleurs, à tout bien y réfléchir, force est de constater qu'il n'y a ne serait-ce qu'un morceau en dessous du lot, chacun possédant un petit plus, une petite étincelle, et si l'on écoute tout individuellement, le plaisir est bel et bien présent (sauf un morceau).
Pour tout avouer, ce « Return to Zero » semble être un album rassemblant les plus grands morceaux d'une formation, ce qui rend le résultat encore plus surprenant. Un seul petit reproche, c'est l'uniformité de certaines parties, qui se ressemblent un peu trop et l'impression d'écouter la même chose n'est pas forcément très agréable, même si ce petit écart de la part des suédois n'est pas très dérangeant. Car avec tant d'expériences, les musiciens savent s'en sortir dans divers types de compositions, lorsqu'il s'agit de mettre de l'énergie, comme sur « The Chaos of Rebirth » et « A New Dawn Rising », ou encore de se montrer plus minimaliste et touchant, à la manière de « Spirit of the Wind », titre très intimiste qui pourra diviser (pour au final mieux régner ?). « Coming Home » semble directement sortie d'un album des britanniques de Black Sabbath, décidément l'influence principale de la formation, qui aurait pu même avoir sa place sur le mythique « Heaven and Hell ».
Les parties de guitares assurent, et pour les fans d'Amott et de ses solos, rassurez-vous, réjouissez-vous, « Star Born » et « Believe In Me » en possèdent, montrant la virtuosité d'un grand guitariste. Si vous n'avez pas suivi, pas de panique, « Dead Weight » rassemble en gros tout ce qui a été fait sur l'opus, un petit condensé des différents éléments des morceaux précédents, un peu comme une piqure de rappel. A bien y réfléchir, en réalité, la ballade « The Road Less Travelled » n'a rien d'exceptionnelle et se révèle niaise, seule la performance vocale attire l'attention.
Une production parfaite viendra agrémenter cet album, au son limpide et magistral, digne des grands de ce monde, et où tout est mis en valeur à juste titre.
Côté vocal, le grec Apollo Papathanasio (vainqueur du concours du nom le plus imprononçable) se démène et le résultat est amplement convaincant, très satisfaisant et vraiment enthousiasmant, nous faisant même oublier ce cher JB, lui aussi excellent au passage. C'est bien simple, notre ami du sud de l'Europe s'en tire mieux dans cette formation plutôt que dans son combo d'origine, Firewind, tant chaque titre de ce stoner sied à merveille à son timbre et son interprétation. Remplaçant de premier choix qui ne surjoue en aucun cas de sa voix, prestation comblant toutes les attentes même les plus exigeantes (cf. Brenda Montgomery), un enchantement.
Alors lecteur, ça y est, tu as écouté l'album et tu t'es pris une bonne claque ? C'est sûrement l'objectif du combo, et mission accomplie, cible atteinte ! Pistes en béton armé, chanteur de talent, production en or massif, digne héritier de Black Sabbath, ce « Return to Zero » est à déguster sans modération, à savourer, à délecter. Et le voici qui se classe parmi les galettes les plus réussies de l'année. Décidément, la Suède sait nous livrer de jolies choses en 2010.
Note finale : 9/10
Spiritual Beggars sur La Grosse Radio