5 juillet 2009. Zénith de Paris. Je prends pleine conscience de la puissance de Limp Bizkit alors que je m’égosille sur ‘Take a look around’. C’était pas gagné. Ma présence ici n’est alors due qu’à une impulsion nostalgico-lycéenne.
Juin 2010. Sous mes yeux : « Limp Bizkit bientôt à Paris ». Je me renseigne. Mon cerveau bloque sur un mot : Olympia.
Flash : ma meilleure amie est fan - son anniv approche - j’ai pas encore de cadeau – la salle est mythique – le live au Zénith était ouf. Trois secondes plus tard : les places sont achetées. Deux heures plus tard, ses yeux s’illuminent quand je lui apprends la nouvelle.
8 septembre 2010
19h. Sous mon parapluie rouge, j’attends devant le Lancel d’Opéra, espérant que mes cheveux ne friseront pas.
19h03. La raison de ma présence ici, sautillante et souriante, s’avance vers moi.
19h11. McDo. Comérages et repérage des autres euphoriques avec qui, dans moins de deux heures, nous vivront un live sans précédent.
20h05. Photo de la devanture de l’Olympia dans mon iPhone, nous savourons le plaisir crescendo à notre entrée dans l’arène. The Blackout, en première partie, a déjà commencé.
Le chanteur n’est pas le même que d’habitude, qu’on me dira plus tard, mais je m’en fiche. Il est beau, sa musique est bonne, il chante bien…
20h15. Je suis amoureuse.
21h04. La première partie est terminée depuis 34 minutes. A côté de moi le sosie de Justin Bieber a du se tromper de concert. La salle hurle et s’impatiente.
Les lumières s’éteignent. 2 000 métalleux enragés s’égosillent. Les poils de mes bras se hérissent, un sourire apparaît sur mon visage. Deux symptômes d’un syndrome appelé ‘surkiffage’ qui, à l’heure où j’écris, ne se sont toujours pas effacés.
21h05. Les premières notes de ‘Pure Imagination’ retentissent. Je hurle.
21h06. La scène s’allume. En face de moi : Wes Borland, torse nu, cheveux longs, peint en noir. Je re-tombe amoureuse. Je re-hurle.
A ce moment, je ne perds pas que ma voix. Je perds notion du temps.
Mes souvenirs s’organisent alors en temps forts.
La quatrième chanson se termine. Fred nous parle. Me revient le souvenir qu'il est un maître pour introduire les chansons. A la fin de son histoire de génie, il fait un vœu : « I wish we could fly ». Le public, déchainé, reconnaît ‘My generation’ et crie sa joie.
Je l’attendais, moi aussi. C’est la première que je connais sur le bout des doigts. Je n’en loupe pas une phrase.
Comme tout au long de ces deux heures de live, les 2 000 hurlent et sautent au rythme de la voix d'un Fred habillé d’un maillot de Garnett, joueur des Celtics.
L’instru avant le refrain final retentit. La foule se calme, et attend l’explosion. Bon public, tout le monde connaît bien la chanson et se prépare au final puissant d'une chanson mythique.
Limp Bizkit est fourbe. Limp Bizkit fait durer l’instru. Hurlements de frustration impatients. Fred repère un fan. Il le fait monter sur scène. Instant unique. Le public, incroyable, hurle sa joie à ce fan, sans une note de jalousie. Les rockeurs ont un grand cœur.
« Who gets the blame… ? » C’est Fred, au micro. C’est signe que l’explosion approche. L’instru se termine après 4 minutes d’attente. Les lumières s’allument. Le refrain explose, sous le cri et le saut d’un Olympia à l’unisson.
Je me retourne. Elle est là. Yeux grands ouverts, sourire impressionnant.
Regards croisés. 2 000 personnes s’admirent. Prennent conscience de l’aura particulière qui règne ici.
Béats, tous semblent se poser la même question : « C’est donc ça, l’orgasme ? »
La huitième chanson est précédée elle aussi d’un speech. Fred n’est pas poli.
Il fuck ce qu’on pense. Il fait ce qu’il fucking veut. Il veut chanter sa fucking chanson préférée.
Mais on me la fait pas à moi. Je m’étais renseignée. Je comprends alors qu’il va chanter une de mes chansons préférées, à moi aussi. Elle me regarde et goute à ma joie.
Je hurle en chœur avec Fred les paroles de ‘Yellow’, chef d’œuvre de Coldplay.
Autour de moi personne ne bronche. 1 999 personnes attendent la fin. Une personne prend son pied et chante à tue-tête. Moi aussi, je fuck ce qu’ils pensent.
'Walking away' se termine, les lumières s’éteignent.
Regards interrogateurs. Quoi ? Déjà ?
Regards à la montre. Oh merde, 22h23. Ca passe vite. Oh merde.
Hurlements. Acclamations.
Cinq minutes d’attente.
Le rappel commence.
Prise de conscience générale que c’est maintenant ou jamais. Il faut se lâcher.
Dans 4 chansons, ce sera terminé. Dans 12 minutes, tout cela ne sera qu’un souvenir.
L’Olympia hurle plus fort. Saute plus haut. Les slammeurs sont plus nombreux. Les pogos sont plus violents. Wes Borland est plus sexy que jamais.
22h50. Elle me regarde, béate. Je m’entends prononcer un « oh non ».
'Faith' vient de se terminer. Les lumières sont allumées. Les gens sortent.
« Oh non, c’est terminé ».
Le lendemain, 7h.
Mon réveil sonne. Mes genoux hurlent. C’est leur tour après tout. Ma gorge gratte. Son tour à elle a trop duré hier soir.
Ma bouche fredonne un « do you think we can fly… ».
Je prends conscience que ce concert a soulevé des questions. Des questions auxquelles je m’empresse de répondre au cours de la journée.
Parce que non. Impossible de travailler. Pas après ça. Pas après eux.
J’ai toujours pensé qu’il y avait un avant Prodigy, et un après Prodigy.
Aujourd’hui je suis certaine qu’il y a aussi un avant Limp Bizkit.
Je me délecte de l’après Limp Bizkit.
SETLIST
1. Pure Imagination (Intro)
2. Why Try
3. Show Me What You Got
4. Hot Dog
5. My Generation
6. Livin' It Up
7. 9 Teen 90 Nine
8. Yellow (Coldplay cover)
9. My Way
10. Rollin' (Air Raid Vehicle)
11. It'll Be OK
12. Break Stuff
13. Walking Away
Rappel:
14. Eat You Alive
15. Take A Look Around
16. Nookie
17. Faith (George Michael cover)