6 ans déjà que le groupe de metal mélodique français AnachroniA a publié son premier opus, « The Endless Agony », et depuis les choses ont bougées chez ces lillois, surtout dans le line-up, ayant beaucoup évolué. Et finalement, en Juillet 2010 sur le label français Great Dane, « One Second Before... » voit le jour, paraît enfin aux yeux du monde et signe le renouveau pour notre jeune formation. Le brûlot qui précédait révélait déjà un certain potentiel et un talent présent, cette nouvelle livraison sera donc attendue au tournant. Poudre aux yeux ou confirmation ? Le verdict est tombé.
Et aux premières écoutes, ce qui frappe, c'est la nouvelle direction musicale. Cette fois-ci, les français se sont donnés un coup de fouet et l'ensemble sonne bien plus dynamique et violent qu'auparavant, un fort tournant vers les horizons du death est amorcé. Mais malgré tout cela, AnachroniA n'a rien perdu de son côté mélodique et de sa douceur charmante, que ce soit par une flûte et un piano délicat tel sur « What Dreams May Come », un chant féminin plutôt suave et enfantin, l'opus joue beaucoup sur cette tournure de dualité entre la délicatesse et la violence, le chant de Fay contrebalançant bien souvent les grunts, se posant sur les compositions avec élégance et apportant la part de lumière aux titres.
D'ailleurs, fort heureusement, les pistes sont généralement très diversifiées et peu de répétitions se font ressentir. Et si la première galette manquait véritablement d'un morceau marquant, restant dans les esprits et qui captivait l'auditeur, ici, ce problème est corrigé avec brio. « Inflamed », véritable petit bijou, faisant office de balance entre une chanson commençant de manière forte, agressive, avec une batterie frappante et des lignes de guitare aux riffs tranchants, laissant place à la douceur et le calme apporté par la chanteuse, le tout pour un résultat à la hauteur de nos attentes. « Sekhmet », titre judicieusement placé à la fin, avec ses influences orientales et son refrain auront le même effet et tireront cet album vers le haut.
Cependant, et il fallait s'en douter, quelques titres ne trouveront pas une réelle utilité et se placent un cran en-dessous de ce que les lillois sont capable de faire, à l'instar d'« Epitaph », ballade se voulant épurée et atmosphérique et malheureusement s'avèrera être dénuée d'intérêt, surtout avec l'apparition des grunts, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Un faux pas considérable, lorsque l'on sait que le sextette à l'art de savoir en proposer de belles (« Angels Cry » sur « The Endless Agony »). De même concernant « Secret of Sciences », aussitôt écouté, aussitôt oublié, ne marquant pas l'esprit, ou encore « The Least », rappelant par moment Echoes of Eternity dans le rythme mais trop maladroite, surtout sur la conclusion, dommage.
La production s'est nettement améliorée depuis le premier essai, le son se distinguant très clairement et nul doute que les moyens ont été bien plus conséquents cette fois-ci, un choix extrêmement judicieux, évitant ainsi une guitare noyée dans le fond, couplée à une batterie trop éloignée et un chant écrasant. Non, maintenant chaque élément est audible à merveille, entre les guitares, électriques comme acoustiques, développant ainsi les ambiances éthérées que le combo développe sur l'œuvre (« Last Prayer Part I »), la flûte, les vocaux, la basse et la batterie. Un régal, tout simplement.
Sur les parties vocales, la dualité violence/douceur fait son effet, entre la voix death puissante et enragée d'un Zwain convaincant et la voix popisante et sucrée de Fay, apportant la part de lumière et de féérie. Les titres reposent beaucoup sur cette cohabitation fort réussie, et ce malgré quelques couacs vocaux commis par Fay lorsque la demoiselle cherche ses notes trop haut dans les aigus et se vautre complètement (« Chimaira Builders », « Secret of Sciences »), ou commet des fausses notes désagréables à l'oreille, même si sa prestation sait se faire apprécier à sa juste valeur. Dualité parfois mise à mal lorsqu'elle tente d'apparaître sur des morceaux où elle n'a pas lieu d'être (« Epitaph »).
Voici un opus de qualité tout à fait honorable et prouvant qu'AnachroniA fait parti des groupes pouvant se frayer un chemin dans le milieu. Même si des erreurs sont encore à dénoter à plusieurs endroits, le potentiel se dévoile enfin et nul doute que le troisième brûlot saura être encore plus appréciable que celui-ci. « One Second Before... » devrait ravir les fans de metal melodique. Le prochain sera donc attendu de pied ferme !
Note finale : 7,5/10