Il y a déjà du monde rue des Martyrs avant l’ouverture des portes. En s’approchant de la salle une affiche me fait mourir de rire : « Putain c’est complet ». Ça c’est du Andréas & Nicolas pur jus, de l’humour jusqu’au plus petit des détails comme sur les places que l’on peut avoir dans la salle « A & N à Paris Putain ! » Le concept est respecté jusqu’au bout. Pendant qu’une pluie fine tombe sur Paris et qu’un vent bien frais s’engouffre dans la rue, un esprit bon enfant s’installe devant le Divan du Monde.
Dans la salle, conquise avant même que la première partie n’arrive sur scène le public monte la voix allant d’un « c’est à bâbord qu’on gueule, qu’on gueule, c’est à bâbord qu’on gueule les plus fort » auxquels répondent ceux qui sont de l’autre côté « c’est à tribord, qu’on gueule… » des plus classiques. L’ambiance est chaude, il y a même un mec déguisé en DSK en peignoir avec un énorme sexe gonflable… (Le gars doit avoir quelques journaux télévisés de retard…). Le public s’entraine à chanter le répertoire des musiciens passant de « S---- Salope » (notez tout de même le mot qui est suggéré et qui n’est pas obligatoirement celui que les senseurs auraient caché…) à « Ma super chérie » (un texte désopilant et intelligemment bien écrit) qui seront très attendus.
Mais avant cela on a le droit de découvrir une belle prestation avec To Project, groupe Rock/Pop/Jazz de belle facture, emmené par une délicieuse chanteuse qui possède une très belle voix (le papa l’accompagne à la basse). Les musiciens sont à l’aise et délivrent de jolies reprises pour relever le défit de maintenir la salle à bonne température tout en finissant par une cover à leur sauce jazzy et admirablement bien interprétée d’Iggy Pop.
Au-delà qu’ils soient de bons musiciens, A & N sont de véritables acteurs, des comiques à la répartie foudroyante, arrivant sur scène en peignoir et masque à la Iron Man pendant que la musique de 2001 l’odyssée de l’espace nous propulse dans l’ambiance de leur dernier album Singes du futur. Andréas et Nicolas et Singe batteur sont là pour nous en donner le maximum, en commençant comme au Motocultor par « Putain ! Putain ! Putain ! », où l’on voit Andréas chercher son jean partout sous les rires du public et la mine hilare de Nicolas. Des titres comme « Je déteste le sexe » ou « Je suis un pacemaker » déclenchent l’hilarité de toute une salle qui chante, crie, rigole, danse, se trémousse et participe aux échanges verbaux avec les nantais entre chaque chanson, donnant un fil conducteur à la prestation gérée au millimètre par les musiciens.
Le jeu du sac poubelle est toujours aussi désopilant et c’est une jeune fille qui monte sur scène et dont, je rappelle le défis est de faire chanter 10 chansons à A & N en moins de 2 minutes… Pari raté, comme souvent tellement les fous rires s’enchaînent sur scène et dans la salle.
On peut même parler plutôt de sketchs que de chansons tellement un titre comme « Will Smith » est désopilant et dont le but est de faire croire que l’acteur est un proche des deux musiciens comiques et qu’il connait très bien la salle dans laquelle joue A & N ce soir par des jeux de bandes enregistrées pas vraiment en raccord avec son intervention téléphonique.
Comme Mononc’ Serge n’est pas dans le coin (il était là au Motocultor mais pas ce soir à Paris) on n’a pas le droit à « En Abitibi », chef d’ouvre de l’humour décallé.
Peu importe on se régale des incontournables comme « Elle change la K7 dans la tête du chat », « Montrez-moi vos miches Madame » et le cultissime « Je collectionne des canards (vivants) Ultra Vomitien…
Le titre court de « Je suis narcoleptique » fait toujours autant rire le public lorsque l’on voit les musiciens tomber sur les planches à la fin du titre en moins de 5 secondes (seul Napalm Death a fait mieux avec « You suffer »).
Bref A & N ce n’est pas que de la musique, ce sont des rires, des larmes, des mecs sensibles et drôles qui finiront surement au théâtre quand ils seront plus âgés et plus matures (est-ce possible ?) et qui n’hésitent pas à rejoindre leur public juste après leur Two-Men-Show sans même passer par la case « douche ».
Putain,… que c’était bon point d'exclamation.
Lionel / Born 666
PS: des auditeurs ont écrit à la Grosse Radio pour savoir si Andréas et Nicolas avait mangé le poulet qui slammait au dessus de nos tête pendant le Motocultor…
Photos : © 2014 Arnaud Dionisio
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