Michael Kiske et Amanda Somerville

Le premier album éponyme duo Kiske-Somerville sortira le 24 septembre prochain chez Frontiers Records. Pour l'occasion, Michael Kiske et Amanda Somerville étaient tous les deux à Paris ce mercredi pour une journée promotion. C'est dans le cadre du bar d'un hôtel que nous sommes retrouvés le temps d'un échange de près de 30 minutes.

Ju de Melon : Bonjour Amanda et Michael, première question traditionnelle : comment allez-vous ce moment et quel effet ça vous fait de retrouver la capitale française ?

Amanda Somerville : "Merci, très bien"  [en français dans le texte]

Michael Kiske : Mais nous ne restons qu'aujourd'hui, c'est vraiment pas assez. On aimerait vraiment avoir plus de temps pour visiter etc...

Amanda Somerville : Oh oui, j'adore Paris !

Michael Kiske : Ca fait des années que je n'étais plus venu ici, vraiment... Depuis le début des années 90, je ne sais plus exactement... Tu sais, je suis beaucoup resté sur Hambourg depuis cette période et je n'ai que peu voyagé !

Amanda Somerville : Pourtant tu aimes ça non ? (rires)

Michael Kiske : Oui c'est vrai, j'ai adoré aller sur New York par exemple pour un clip tourné en 1996 mais à part je suis resté autour de chez moi, en Allemagne, ces derniers temps.

Kiske-Somerville

Ju de Melon : A deux semaines de la sortie de l'album, comment vous sentez-vous nerveusement et comment anticipez-vous l'attente des fans ?

Amanda Somerville : Tu sais, on ne peut jamais savoir à l'avance comment les gens vont réagir, mais je suis personnellement très fière du travail accompli. Pour ma part, je pense que c'est un super CD et tous les gens qui ont participé à ce projet ont vraiment fait un excellent boulot.

Michael Kiske : Pour nous c'est avant tout un succès artistique, quoiqu'il arrive ! Le reste n'est plus entre nos mains...

Amanda Somerville : En effet, maintenant c'est place au business, et nous ne pouvons gérer ça évidemment. C'est désormais à vous et à vos auditeurs de croire en nous et donner une chance à ce produit...

Michael Kiske : S'ils veulent une suite, un deuxième album, il faut de bonnes ventes ! Même chose pour les dates live...

Ju de Melon : Le projet Kiske-Somerville a vu le jour fin 2009... Comment cela s'est-il passé en quelques mots ?

Michael Kiske : C'est Serafino Perugino, le patron de Frontiers Records, qui en a eu l'idée. Il m'a demandé si j'étais intéressé par un duo avec une chanteuse, j'ai accepté, et ensuite il a proposé à Amanda qui a aussi accepté.

Ju de Melon : Et c'est la première fois que vous vous rencontrez en vrai pour ce projet je crois !

Amanda Somerville : Oui, c'est vrai !

Michael Kiske : Tout à fait, on s'est rencontrés pour la première fois pour le tournage des vidéo clips.

Ju de Melon : C'est fou quand on y pense, surtout que vous avez déjà chanté ensemble sur le chanson "Silver Maiden" du projet Aina il y a quelques années !

Michael Kiske : Oui, pire que ça même... Jusqu'à peu j'ignorais que c'est elle qui chantait, je n'avais jamais eu le nom de la chanteuse (rires) !

Amanda Somerville : C'est quand même marrant ça... Quand sur le blog j'ai posté l'annonce du projet Kiske-Somerville et que Michael a vu qu'on avait déjà chanté ensemble, il fut très surpris car il ne le savait pas (rires) !

Michael Kiske : Oui, je me rappelais évidemment d'Avantasia où on a collaboré ensemble, mais je n'avais aucune idée de qui chantait avec moi sur "Silver Maiden"... D'ailleurs, quand Sascha Paeth m'a envoyé cette chanson, il y avait déjà la voix d'Amanda et je ne voulais pas chanter dessus car je me disais qu'elle se suffisait à elle-même... Finalement il a insisté et je l'ai fait. Mais ce n'est que des années plus tard, en ayant enfin le CD d'Aina entre les mains... il y a quelques semaines donc... que j'ai pu me rendre compte que cette voix féminine était celle d'Amanda ! Tout ça à cause d'un de mes défauts : je récupère et ne regarde que rarement les CD sur lesquels je chante une fois qu'ils sont sortis.

Ju de Melon : Au niveau de la composition de cet album, je sais qu'Amanda a participé sur 3 chansons mais je n'ai pas vu ton nom Michael...

Michael Kiske : Je n'y ai pas participé c'est vrai, tout simplement parce que je ne le souhaitais pas. J'étais déjà concentré à fond sur mon nouvel album solo, occupé à écrire plein de chansons... A la base, je ne suis pas ce qu'on peut appeler un compositeur, il peut m'arriver de ne rien écrire pendant des années, et après soudainement ça revient. Je ne suis pas du genre à m'asseoir tranquille pour composer, ça ne marche pas avec moi...

Ju de Melon : Il y a beaucoup de "têtes pensantes" sur cet album... Magnus Karlsson, Mat Sinner et même Sander Gommans. As-tu un peu travaillé directement avec eux, Amanda ?

Amanda Somerville : Les chansons que j'ai écrites ont été faites en collaboration avec Sander Gommans, nous avons travaillé ensemble sur les 3 titres que nous avons faits. Et franchement, tout s'est fait naturellement ! Tu sais, quand on a fait énormément de choses et de projets au fil des années comme moi et Michael, on prend une certaine habitude de ces choses. Evidemment c'est parfois difficle avec autant de compositeurs, mais ça devient naturel au final.

Ju de Melon : Il est difficile de déterminer le style de cet album... Comment le décririez-vous musicalement pour les fans qui voudraient le découvrir ?

Amanda Somerville : Tu sais quoi, quelqu'un m'a déjà demandé ça auparavant et j'ai eu une idée... singer/songwriter metal !

Michael Kiske : Pas mal, pas mal !

Amanda Somerville : Je pense que les metalleux vont détester cette appellation mais pour moi c'est évidement, car il y a beaucoup d'émotions et de coeur dans cette musique. Et ça manque de nos jours, avec tous ces groupes qui écrivent sur la guerre, l'honneur, les épées à la main etc (rires)... Et parfois c'est énervant car ça peut m'arriver de travailler avec des gens qui ont peur d'utiliser le mot "love" dans une chanson metal. Ici, dans Kiske-Somerville, les chansons parlent d'amour, de relations entre les personnes, de tragédies, de coeurs brisés etc...

Michael Kiske : Et il y a beaucoup de mélodies aussi !

Amanda Somerville : Oui voilà, donc le terme de "singer/songwriter metal" ou "emotional metal" me parait approprié !

Michael Kiske : Ou rock... (rires)

Amanda Somerville : (rires) metal rock !

Ju de Melon : Quelle est votre chanson coup de coeur sur l'album et pour quelle raison ?

Michael Kiske : Pour moi c'est "A Thousand Suns"...

Amanda Somerville : ... Ce qui tombe bien car c'est une de mes préférées aussi ! Après, ça dépend de l'humeur dans laquelle tu te trouves... Evidemment, j'ai un attachement plus fort pour les chansons que j'ai écrites personnellement, car je les ai faites à un moment fort de ma vie où mes émotions étaient profondes. Du coup ma préférée est peut-être "Set a Fire"...

Ju de Melon : C'est le bonus track il me semble ! Pourquoi seulement à cette position ?

Amanda Somerville : (rires) Je ne sais paaaas ! Mais bon... elle est différente des autres, plus agressive... Sinon j'aime aussi beaucoup "End of the Road".

Michael Kiske : Moi aussi !

Amanda Somerville : Et "Silence"...

Michael Kiske : Oui, il y a vraiment beaucoup de chansons fortes sur ce disque... Chacun aura ses préférées ! Personnellement, je n'en déteste aucune...

Amanda Somerville : Ca me rappelle une anecdote car quand nous avons écouté l'album pour la première fois avec la presse, parfois on était là avec Michael à se dire "Ah ouais, elle est géniale celle-là !"...

Michael Kiske : Oui, on était très heureux car à chaque titre on se disait "c'est vraiment bon" etc. ! Enfin bon, on a hâte de l'écouter encore plus, nous n'avons même pas encore eu une copie de l'album...

Ju de Melon : Moi si (rires) !

Amanda Somerville : C'est trop injuste (rires) !

Michael Kiske : C'est toujours pareil, les journalistes ont toujours les albums avant moi... On s'en fiche des musiciens, ils n'ont pas besoin d'avoir l'album eux (rires) !

Kiske

Ju de Melon : Comment avez-vous travaillé la "coordination" vocale sur cet album, primordiale quand on présente un projet "double voix" ?

Michael Kiske : En fait, pour ma part j'ai été très chanceux car j'ai reçu les chansons avec sa voix déjà enregistrée. C'est intéressant car je me suis rendu compte que trop chanter avec elle les mêmes parties ne serait pas très intéressant, car elle un chant différent du mien avec un rythme bien à elle et une prononciation différente de la mienne...

Amanda Somerville : Ce qui a fait de toi un véritable acrobate, quand tu as quand même essayé de chanter en même temps que moi (rires²) !

Michael Kiske : C'était compliqué pour la rythmique avant tout ! Et à partir du moment où j'ai compris qu'il ne servait à rien de calquer ma voix sur la sienne, tout s'est bien passé et c'était simple. Du coup, le rendu final montre bien deux voix principales qui font chacune leur boulot sans essayer de trop se mélanger... J'ai souvent chanté "bas" pour lui laisser le côté plus aigu et plus haut, ça me parait plus naturel quand la fille chante les notes aigues... Ouf, ma langue fatigue, un peu d'eau (rires) !

Amanda Somerville : Prends mon coca, enfin si t'arrives à l'ouvrir (rires) ! [NDLR : Un serveur venait d'apporter de l'eau pour Michael et un coca pour Amanda, mais avait oublié d'ouvrir la bouteille de coca - laissant Amanda sans possibilité de boire]

Michael Kiske : J'ai besoin de ma drogue, une bonne tasse de café...

Amanda Somerville : Pour en revenir aux voix, dans le mix final ils ont quand même laissé quelques voix hautes enregistrées par Michael, et parfois on ne sait pas qui de nous deux chante. Notamment sur quelques passages où nous sommes en unison...

Michael Kiske : Mais personnellement j'aime beaucoup les passages où je double ta voix hate avec mon chant plus grave. Ca donne l'illusion qu'on a véritablement chanté ensemble au même moment, même si ce n'est pas le cas...

Ju de Melon : Michael, tu sembles véritablement au top de ta forme vocalement, tu donnes ici probablement une de tes meilleures prestations. Comment expliques-tu cette parfaite maturation niveau voix ?

Michael Kiske : Je pense que je m'améliore, tout simplement. Je vieillis, je prends du poids, c'est bon pour la voix il parait. Puis ton chant évolue beaucoup selon ta personnalité et tes expériences, et en vieillissant on apprend plus et on se sent plus à l'aise. Alors que bon, quand tu as 17-18 ans, tu chantes moins avec ta tête, tu n'es qu'un gamin ! Et pourtant j'adore ce que j'ai fait avec Helloween à cette période. Aujourd'hui je me sens mieux en tant que chanteur, avec une meilleure maîtrise et une bonne couverture de notes.

Ju de Melon : Je te rassure Amanda, ta voix est très bien aussi (rires) !

Amanda Somerville : Merci !

Ju de Melon : En tant que coach vocale, ce n'est pas une surprise...

Michael Kiske : C'est marrant car tout le monde te croit coach vocale (rires) !

Amanda Somerville : Oui c'est vrai, beaucoup pensent ça depuis des années. Disons plutôt que je m'occupe beaucoup de tout ce qui est production vocale et arrangements à ce niveau. Je ne suis pas une chanteuse entraînée de manière classique et je ne donne pas de cours à proprement parler, je m'occupe surtout d'améliorations possibles à apporter sur quelques mélodies ou tonalités, notamment avec Simone Simons d'Epica. Je travaille aussi beaucoup avec des chanteuses non anglophones pour améliorer leur prononciation, des choses comme ça.

Ju de Melon : Est-ce la première fois que vous travaillez avec Mat Sinner et Magnus Karlsson ?

Amanda Somerville : Oui, tout à fait.

Michael Kiske : Pareil en ce qui me concerne. Je connaissais un peu Mat mais on ne s'était jamais véritablement parlé, on se disait bonjour quand on se croisait. On s'est rencontrés à quelques festivals à l'époque.

Ju de Melon : Est-ce qu'un projet de tournée ou de quelques dates de concerts verra-t-il le jour pour défendre ce disque ?

Michael Kiske : Avant cela nous serons ensemble pour quelques shows avec Avantasia.

Amanda Somerville : Au moins nous sommes sûrs de partager la même scène à cette occasion !

Ju de Melon : Mais pas en France pour l'instant...

Amanda Somerville : Ce n'est pas sûr, ils ajoutent encore des dates et je suis sûr que Paris est dans leurs projets. Espérons-le !

Michael Kiske : Maintenant, si notre duo marche bien et si les gens achètent le CD au lieu de le voler sur Internet, nous ferons des concerts. Il faut nous supporter et vraiment le vouloir en tout cas ! Même chose comme je te disais pour un 2ème album, tout dépendra des ventes... Cependant, c'est plus difficile de booker des dates live aujourd'hui, contrairement aux années 80-90 où t'étais assuré de faire plusieurs dates après chaque album et ce peu importe les ventes. Aujourd'hui, les promoteurs sont plus frileux si on ne vend pas assez de CD...

Amanda Somerville : En tout cas on adorerait, que ce soit le live ou faire une suite. Nous sommes ouverts à tout !

Ju de Melon : Quelques mots sur le tournage des vidéos, d'après le trailer vous vous êtes beaucoup amusés...

Michael Kiske : Ca faisait des années que je n'avais pas fait un truc pareil, à vrai dire je ne me sens pas très à l'aise avec une caméra en face de moi au contraire d'Amanda qui sait parfaitement occuper l'espace. Mais le réalisateur a vu que je n'étais pas comme elle, il a donc géré ça au mieux pour nous mettre tous les deux dans les meilleures conditions. Par exemple j'étais souvent assis et Amanda chantait autour de moi, c'était plus naturel...

Ju de Melon : Parlons un peu des projets personnels ou autres qui vous tiennent à coeur... Amanda tout d'abord, on te connait pour ton travail dans Epica où tu as déjà remplacé Simone lorsqu'elle était malade, mais tu as aussi tes albums solo. Bientôt le 3ème ?

Amanda Somerville : Oui, ça avance doucement, j'ai d'abord la tournée Avantasia et ensuite le Rock Meets Classic en janvier. Puis j'ai quelques shows en solo en mars, pour le reste on verra après car avant cela j'ai beaucoup de choses qui me prendront du temps.

Ju de Melon : Tu viens un peu de travailler sur le nouvel album de Kamelot également...

Amanda Somerville : Oui, mais je n'ai pas fait de production vocale, j'ai juste fait des choeurs et quelques doublages de voix. Quelques voix lead en guest aussi...

Ju de Melon : D'autres projets de guest en vue dans d'autres albums metal ?

Amanda Somerville : Oui, très certainement, il y a pas mal de choses intéressantes à faire et j'aime bien participer à divers projets. Travailler avec autant de gens aussi différents c'est une bonne chose.

Somerville

Ju de Melon : Et toi Michael, pas mal de projets aussi...

Michael Kiske : Plus trop maintenant, vu que mon groupe Unisonic est désormais lancé, je vais donc freiner le reste. Comme je l'ai dit, j'écris assez lentement, mes albums solo ont toujours pris du temps à être faits... Mais je pense que les choses vont changer désormais avec ce nouveau projet. Je vais me concentrer sur Unisonic le plus possible pour justement être plus productif. Alors attention, ce ne sera pas vraiment un groupe de metal, Unisonic jouera du rock mais dans sa large définition. Ca ne sonnera pas comme Place Vendome qui était très inspiré années 80, ce sera plus "moderne" et frais quelque part. Nous n'essayerons pas de réinventer la musique cependant, nous ferons juste ce que nous faisons de meilleur. Ce sera à la fois puissant et mélodique, rien de "speed" mais du rock plus coloré avec beaucoup d'émotion. Les premières démos sont très encourageantes !

Ju de Melon : Tu t'es entouré de personnes expérimentées pour ce groupe ?

Michael Kiske : Nous serons 4, avec Dennis Ward, Kosta Zafiriou à la batterie et Mandy Meyer (ex-Gotthard) à la guitare ! Je les connais déjà très bien, certains étaient avec moi dans Place Vendome déjà.

Ju de Melon : Parlons donc un peu de la tournée Avantasia, autant ce n'est pas une surprise d'y voir Amanda... Mais par contre, Michael, peu de gens t'imaginaient revenir sur scène avec un groupe de metal !

Michael Kiske : Oui, c'est une surprise, car Tobias Sammet m'avait déjà demandé avant et j'avais refusé. Mais comme depuis je suis revenu sur scène avec Unisonic sur deux festivals, ça ne me pose plus de problème. Désormais je me sens prêt ! Et même j'ai hâte...

Amanda Somerville : Et je suis très heureuse qu'il ait accepté (rires) !

Michael Kiske : Ca a pris du temps à se faire mais je suis content. Je vais jouer pour la première fois en Amérique du Sud, je n'y suis même jamais allé car à l'époque ça ne se faisait pas trop de jouer là-bas...

Ju de Melon : Et ce sera l'occasion de te revoir sur scène aux côtés de Kai Hansen, une première depuis que Kai a quitté Helloween en 1988...

Michael Kiske : Oui, il avait quitté avant Pink Bubbles Go Ape...

Amanda Somerville : Tu as vraiment fait un album qui s'appelle comme ça (rires) ?

Michael Kiske : C'était un titre humoristique et c'est devenu une véritable expression depuis. C'était une période un peu folle, avec une pochette proche de Led Zeppelin...

Ju de Melon : J'ai parlé avec Kai Hansen en février dernier et en effet il m'a dit que vous restiez en bons termes...

Michael Kiske : Oui, il est même venu chez moi il y a peu, nous n'avons jamais eu le moindre différent sérieux tu sais. Même pendant les années Helloween ! C'est lui qui a voulu partir, c'est tout, mais ce n'était pas à cause de moi... C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, au-delà même de sa musique car sa personnalité faisait que tout fonctionnait très bien quand il était là. Après son départ, Helloween n'a plus jamais été le même groupe, tout s'est un peu écroulé...

Ju de Melon : Question qu'on a dû te poser au moins 666 fois, penses-tu que toi et Kai retravaillerez ensemble sur un projet un jour ?

Michael Kiske : Pour moi c'est fort possible en effet. On en a même parlé il y a 2-3 ans, nous voulions faire un truc mais ça ne s'est jamais concrétisé. Je reste persuadé qu'un jour je retravaillerai avec lui, peut-être pour Gamma Ray ou autre je ne sais pas... Puis tu sais, chanter sur ses chansons, forcément ça rappelerait les années Helloween vu que quand on travaille ensemble il y a quelque chose d'unique qui se passe, surtout qu'il a son style à lui bien particulier !

Ju de Melon : Sinon, Place Vendome est en pause désormais ?

Michael Kiske : Oui, Unisonic prendra trop de temps, je sais que Serafino aimerait qu'on fasse un 3ème album mais pas pour le moment. On verra plus tard, peut-être...

Ju de Melon : Quand tu regardes derrière toi et tes années dans Helloween notamment, te sens-tu fier quelque part ou as-tu des regrets ?

Michael Kiske : Je ne regrette rien, ça c'est certain. C'est comme ça que j'ai appris, beaucoup même, et il faut savoir faire les choses qu'on a à faire à un moment donné. Je regarde tout ça avec beaucoup de recul aujourd'hui et c'était vraiment génial. Je n'ai aucun regret, je ne pense pas avoir été méchant avec qui que ce soit, je n'ai aucun cadavre dans mon placard (rires)... Et je suis même étonné de voir que les albums Keeper of the Seven Keys gardent une telle popularité, c'est quelque chose d'intéressant.

Ju de Melon : Plus globalement, quel est votre opinion actuelle sur le metal à tous les deux ?

Michael Kiske : Pour moi c'est plutôt mort, du moins ça me donne cette impression. Je ne veux pas paraître vieux jeu, mais c'était énormément plus productif dans les années 80... Chaque mois tu avais 3 ou 4 nouveaux groupes qui explosaient, c'était énorme ! Et surtout, à l'époque, le metal n'était pas aussi "négatif", aujourd'hui c'est de plus en plus violent/brutal avec des thématiques sombres et "evil", je n'aime pas cette orientation.

Amanda Somerville : Pas tous les groupes d'aujourd'hui sont comme ça quand même...

Michael Kiske : Non bien sûr, mais il y en a de plus en plus et on ne voit presque plus que ça dans les medias niveau metal. Vraiment je pense que c'était plus attrayant et positif il y a 15-30 ans...

Amanda Somerville : Du metal plus "happy"...

Michael Kiske : Oui, surtout en Allemagne, et c'est vrai qu'on peut dire que la scène metal est différente dans chaque pays. En Italie ou en Espagne par exemple, c'est très rock 'n' roll, avec quelques groupes typés "Bon Jovi metal"... L'important pour moi c'est de conserver cet esprit rock et de rester positif.

Amanda Somervelle : Personnellement, pour être honnête, je pense que j'aurai du mal à répondre car je ne suis de près que les groupes dans lesquels je suis plus ou moins impliquée. Pour moi, c'est comme pour les autres genres, c'est fait de différents cycles et d'évolution. Ces dernières années, le côté metal symphonique à chanteuse a pris pas mal d'ampleur par exemple, j'ai pu voir ça de près...

Michael Kiske : Ca c'est quelque chose d'intéressant, j'avoue !

Amanda Somerville : Mais après, c'est comme pour tout, il y a trop de groupes qui essayent de suivre la mode et qui n'apportent pas grand chose en plus. Maintenant voilà, j'ai hâte de voir comment ça va évoluer et quelle sera la prochaine révolution dans le monde du metal, j'attends encore...

Michael Kiske : C'est vrai, ça fait quelques années qu'aucune vraie révolution ne s'est faite, voilà pourquoi j'ai l'impression que le metal est en train de mourir... Tu sais pourquoi je me suis intéressé au metal personnellement ? Parce que c'est de la grande musique, tout simplement, avec des albums excitants et des groupes qui n'en avaient rien à faire de leur image. Tout n'était que musique et amusement... Pourtant au même moment j'écoutais aussi des groupes ou artistes comme U2, Kate Bush, Pat Benatar, Simon and Garfunkel, Elvis Presley et même Barbra Streisand, donc ce n'était pas exclusif ! Quand j'étais jeune, j'écoutais beaucoup Iron Maiden et les murs de ma chambre étaient tapissés de posters ou autres, mais je n'ai jamais été exclusivement fan de metal, je suis resté ouvert aux autres styles. Pour moi c'est logique d'ailleurs, aimer différentes musiques ça me parait normal...

Ju de Melon : Et qu'est-ce que vous écoutez aujourd'hui tous les deux ?

Michael Kiske : J'écoute un peu du vieux et du récent, par exemple mon album préféré de Judas Priest reste en permanance sur mon iPhone, du Iron Maiden, le dernier album solo d'Amanda aussi que j'aime beaucoup... et je dis ça honnêtement, pas pour bêtement faire de la promo ! Sinon j'aime beaucoup la musique anglaise, des groupes comme Oasis, Keane, Travis. J'écoute aussi pas mal de country music, les anciens albums de Faith Hill par exemple. Après évidemment, mon gros coup de coeur reste pour la musique classique, c'est le genre dont j'ai le plus de CD à la maison... Tu vois par exemple Wagner a pas mal inspiré le metal mais il n'a jamais abordé de thèmes horribles, tout était spirituel voire chrétien dans son travail, et ça m'a toujours inspiré car c'est le style de musique que t'écoutes pour te donner de l'énergie positive.

Amanda Somerville : Le seul Wagner que j'ai écouté c'est le morceau qu'on entend dans Looney Tunes, "Ride of the Valkyries" (rires) !

Michael Kiske : (rires) Je l'ai tellement entendu ce thème que je ne peux plus l'écouter, il a tellement été utilisé...

Amanda Somerville : Sinon j'ai aussi des goûts très éclectiques, évidemment j'écoute beaucoup plus de metal qu'avant depuis que je travaille avec certaines personnes proches de ce milieu. J'ai grandi en écoutant de la folk music, du jazz, mais aussi du rock... Ma maman était une grande fan de Black Sabbath par exemple, mon père écoutait plus de la folk ou de la country comme John Denver. Evidemment j'ai hérité de tout ça !

Somerville-Ju-Kiske

Ju de Melon : Merci pour vos réponses Amanda et Michael, quelques derniers mots pour les fans français ?

Amanda Somerville : "Vive la France" [en français dans le texte]

Michael Kiske : "Vive la France et merci" [en français dans le texte]

Ju de Melon : Vous parlez un peu français ?

Michael Kiske : Pas vraiment non (rires) !

Amanda Somerville : Non, juste les bases simples... En tout cas j'aimerais dire aux gens merci à tous pour vôtre intérêt, car si vous lisez cette entrevue cela veut dire que vous vous intéressez à notre projet donc c'est déjà quelque chose de très positif.

Michael Kiske : Et si l'album atteint votre coeur et votre âme, nous aurons réussi notre mission. En tout cas nous avons pris beaucoup de plaisir à le réaliser !

Vous l'aurez compris, l'ambiance autour de cette table était très conviviale. On sent bien que Michael et Amanda s'entendent très bien et leur discours sonne ainsi raisonnablement juste, sans artifice. Espérons pour eux le meilleur des succès pour ce premier album éponyme du projet Kiske-Somerville...

Chronique du Kiske-Somerville sur La Grosse Radio



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