Melechesh – The Epigenesis

Déjà 17 ans, qu'est-ce que le temps passe vite. Et avec tout ce temps, les israéliens de Melechesh ont eu le temps de se bâtir une petite réputation et une place de choix dans le milieu du black metal, duquel nos orientaux ont réussi à trouver une personnalité grâce à l'apport d'un exotisme et d'un orientalisme fort plaisant. Sixième album pour la formation, baptisé « The Epigenesis », signé sur Nuclear Blast, succédant à « Emissaries », parut 4 ans plus tôt. Ce nouveau cru est-il enfin la confirmation de l'excellence de la formation, un faux pas, un joyau ?

 

En terme de compositions, il est clair que l'ensemble est bien plus diversifié et les ambiances plus travaillées qu'auparavant, les éléments orientaux étant parfaitement incorporés à l'œuvre. De plus, notre galette démarre sur les chapeaux de roue avec un « Ghouls of Nineveh » énergique, rentre-dedans, ne faisant pas dans la dentelle, toutefois ce morceau reste très travaillé et la touche orientale est toujours très présente.

Malheureusement, malgré une forte diversité des titres, avec l'usage d'éléments prog (le tout rappelant bien souvent Orphaned Land), la formation perd en énergie et prolonge un moment assez vide, où le brûlot se laisse écouter certes, mais d'une oreille distraite. Ce qu'il manque globalement à l'ensemble, c'est un moment marquant, vraiment spécial et prenant, qui aurait permis à la formation de pouvoir nous offrir une offrande surprenante. Et pourtant, il est impossible de dire que l'opus est mauvais car les pistes sont dans leur ensemble très bien construites, solides et techniques, mais jamais la magie n'apparaitra, la mayonnaise ne prend pas. Le sentiment qui en résulte est une frustration, tant l'on se dit qu'un « The Magickan and the Drones » avec sa rythmique rapide et emballée, sa corne de brume et ses instruments traditionnels aurait pu être un tube en puissance. Mais non, il est ardu d'y rester accroché.

Musicalement parlant, vous l'aurez bien sûr compris, on reste dans du Melechesh classique et de bonne qualité, entre des breaks sublimes, des tempos violents et énergiques, le tour avec son lot d'instruments traditionnels, plus présents que jamais. En terme de mélodie, « When Halos of Candles Collide » est une pause instrumentale de toute beauté, un moment de rêverie au milieu de la violence, mené par des mélodies d'Orient savoureuses, douces et d'une beauté évidente. « The Greater Chain of Being », judicieusement placée avant la piste finale, produira le même effet. « Illumination - The Face Of Shamash » ravira tout fan de la formation, en étant probablement l'un des morceaux les plus caractéristiques du combo, plutôt classique pour Melechesh mais restant toujours d'une grande efficacité.

L'album se conclut par un titre éponyme, le somptueux « The Epigenesis », donnant sur plus de 12 intenses minutes. Changement de rythmique, multiplicité des atmosphères, riffs de grande intensité, chant aérien, influence prog, et bien sûr orientalisme, c'est une grande pièce, travaillée sur-mesure, chaque détail étudié afin d'en tirer le meilleur pour offrir à l'auditeur un grand spectacle. Seulement, l'un des reproches que l'on peut dresser à cette offrande est clairement le manque d'émotion ou de moments marquants, ce que le brûlot précédant était plus capable d'offrir.

Côté production, le chant est un peu trop en retrait et parfois l'effet d'éloignement à des côtés positifs, comme l'effet aérien planant et contribuant à la création de l'atmosphère, mais il peut se révéler négatif et nuire à l'intensité générale, dommage. Les instruments sont tout à fait audibles et le son très propre.

 

Le chanteur Melechesh Ashmedi use d'un chant black très convaincant, s'intégrant avec beaucoup d'aisance aux compositions du groupe. Un chant qui ne donne pas entièrement dans la puissance pure et dure, mal dégrossie et brouillonne, mais sieur Ashmedi évolue avec un certain tact et n'en fait jamais des tonnes, se révélant par endroits étrangement aérien et planant. Seulement, là encore, léger manque de feeling.

 

Indubitablement pourvu d'une instrumentation des plus remarquables, de morceaux ficelés d'une bien belle manière et d'un chant à tout épreuve, la magie et l'émotion qui nous auraient fait rentrer dans le brûlot sont aux abonnés absents et l'œuvre en pâtit. On se retrouve donc le cul entre deux chaises, entre le brillant et le froid, ne sachant que faire. Un bon opus, ça oui, mais pas celui sur lequel on s'orientera lorsqu'il s'agira de vouloir écouter en priorité l'une des galettes de Melechesh.


Note finale : 7/10

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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