"Is it sick to say that I live to break your will?"
Réglés comme des horloges, les Américains d’In This Moment sont de retour avec leur 5ème album. Deux ans après le succès commercial de Blood et une arrivée chez Atlantic Records, Black Widow doit permettre au groupe de grandir et de s’affirmer sur la scène. L’album ne fera pas taire les critiques, loin de là, mais l’essai est transformé pour quiconque saura aller plus loin que l’imagerie.
Blood avait signé une rupture musicale et visuelle pour In This Moment, au revoir le metalcore basique – mais efficace – et bonjour aux mélodies radio friendly. Avec plus de 230 000 exemplaires physiques vendus rien qu’aux USA, il est utopique de penser que la formule allait changer pour Black Widow. Et effectivement avec la sortie de "Sick Like Me", l’auditeur est en terrain connu. Il le restera d’ailleurs tout au long des 13 chansons et des 60 minutes qui composent cet album. Comme son prédécesseur, Black Widow s’ouvre sur une intro et se termine par une chanson longue, calme avec une montée en puissance sur la fin. Ceci est un des nombreux points communs entre Black Widow et ses prédécesseurs.
L’accent est encore une fois mis sur Maria Brink dans ce nouvel opus et l’Américaine le rend bien à l’auditeur en ayant fait des progrès sur son chant. Surtout, elle se permet d’expérimenter. Une voix robotique sur le titre éponyme, une voix rappée sur "Sex Metal Barbie". Même si le chant crié est moins présent qu’auparavant, quand il fait son apparition, c’est une réussite à chaque fois. "Big Bad Wolf" et "Dirty Pretty" en sont les meilleurs exemples. Quant à la voix claire, elle se fait plus envoûtante que jamais. Pour une fois, les ballades de Black Widow ne sont pas le point faible de l’album d’autant plus que la blonde s’est occupée elle-même de la composition au piano. "The Fighter" est lancinante sans trop en faire tandis qu’"Out of Hell" est le meilleur choix possible pour terminer cet album. Le groupe y glisse d’ailleurs dans les dernières secondes un petit quelque chose qui va ravir les fans attentifs.
Les musiciens ne sont néanmoins pas en reste. Si vous vous attendez à des mélodies simplistes comme dans le passé, passez votre chemin. Exit le riff basique, la batterie en carton. Bonjour les riffs chaleureux et incisifs et une batterie moins martiale. Chris Howorth nous expliquait, ici, que cet album était celui du groupe qui avait le moins de soli et c’est effectivement le cas. Cela n’enlève rien à la qualité de composition qui se découvre au fur et à mesure des écoutes. Le riff de "Black Widow" est du jamais vu dans l’historique du groupe, c’est avec ce genre de compos qu’il est possible de se rendre compte du chemin parcouru par In This Moment. Non, le groupe ne s’est pas assagi. Au contraire, il a grandi musicalement et propose maintenant à son public une musique plus évoluée, mélangeant agressivité et mélodie. Finalement, le départ des 3 membres à l’aube de Blood se révèle maintenant comme une bonne chose.
Après Adrian Patrick (Otherwise), c’est Brent Smith de Shinedown qui s’invite pour un duo. Ce qui était déjà une bonne idée en 2010 avec "The Promise", est un coup de maître en 2014. "Sexual Hallucination" est un des morceaux les plus réussis de Black Widow. Les voix se mélangent parfaitement, la tension est à son comble entre les deux protagonistes et on n’ose pas imaginer ce que pourrait donner le clip.
Si la première partie de Black Widow est assez classique, la seconde partie se révèle beaucoup plus étonnante entre ballade, mid-tempo et interlude. In This Moment prouve être capable de faire varié en maintenant la qualité. "The Fighter" est une vraie power ballade qui donne envie d’être debout sur un piano en envoyant ses tripes au public présent. "Bones" est la chanson qui résume le mieux l’esprit de ce 5ème album avec toutes les qualités que cela implique. Enfin "Out of Hell" conclut en douceur cette heure d’écoute de la meilleure des manières.
"Black Widow" est la preuve qu’In This Moment a passé un cap. Bien sûr, cette sortie va diviser, comme toujours quand une jolie blonde est au micro et qu’en plus, le sexe est au cœur des textes. Il serait bête de ne pas s’intéresser à la musique pour des raisons aussi absurdes d’autant plus que cet opus est le meilleur à ce jour des californiens. Un must-have et un des meilleurs albums de 2014.