Mysticum, ou l’histoire d’un groupe devenu culte par sa musique tout d’abord parce qu'il a su mélanger les sons de la musique industrielle à celle du black metal au début des années 90, mais aussi par son absence pendant presque 20 ans entre les sorties de ses deux albums...
C’est donc un Herr General « Cerastes » (chant/guitare) qui veut bien nous éclairer sur l’histoire et les mystères de son groupe Mysticum…
A l’arrière de la pochette de In the Streams of Inferno sorti en 1996, on pouvait lire "Our next album, Planet Satan, will be recorded and accessible after rehabilitating from mental asylum". Qu’en penses-tu 18 ans après?
Nous sommes très satisfaits du fait que Planet Satan soit enfin arrivé et l’avons sorti au détriment de notre environnement. Au sein de Mysticum, nous sommes très heureux du résultat de la production et est le digne successeur de ce qu’on faisait à nos débuts. Tout au long de ces 18 années, nous avons toujours su au fond de nos esprits qu'il se concrétiserait à un moment donné dans le temps.
Sur votre premier album il y avait un titre "In the Last of the Ruins We Search for a New Plane" Pouvons-nous dire maintenant que vous l’avez enfin trouvé?
Et le moment est enfin arrivé! Notre planète a été trouvée !!!
Peux-tu nous expliquer pourquoi Mysticum n’a seulement sorti que deux albums en 20 ans ? Qu’avez-vous fait pendant toutes ces années ?
Nous avons quitté la scène à la fin des années 90, frustrés et fatigués de la tournure que prenait la scène black metal à cette époque. Le black metal norvégien a connu une ruée des médias au milieu des années 90 et peu de temps après on a vu apparaitre une énorme quantité de groupes jaillir de partout. Soudain, "tout le monde" jouait dans un groupe de black metal ou en écoutait. Cette perte d'intégrité et de la qualité au sein de la scène, était la raison principale qui nous a poussés à la quitter. Également un mode de vie fête "die-hard" excentrique avec l'augmentation de la dépendance à différentes substances, il était difficile, voire impossible, d'être productif. Nous avons brièvement été ensemble pour faire black magic mushrooms sur le Split EP avec Audiopain, sorti en 2003. Ensuite, il y a trois ans, nous nous sommes réunis et avons décidé qu'il était temps de commencer le travail sur la production de Planet Satan, indépendamment de l'état de la scène black metal actuelle. Plus âgés et plus réfléchis, notre désir était de faire un metal exceptionnel qui sort des trippes avec un message anti-religieux et anti-chrétien sans ambiguïté.
Sur votre nouvel album Planet Satan quel est l’équilibre entre les anciens et les nouveaux morceaux ?
Eh bien, Planet Satan est un mélange de vieux et de nouveaux riffs, d’idées anciennes et plus récentes concernant les compositions et les paroles. Avec néanmoins quelques pistes constituées purement de vieux riffs, tels que "Fist of Satan" et "All must end". "Fist of Satan" était initialement nommée "The Satan" avec ses riffs qui datent de 1997-98. L'idée du texte est également de 1998, mais réécrite et améliorée depuis ces deux dernières années. Quant à "All must end", il date du début des années 2000. Nous avons retrouvé ses riffs enregistrés sur un vieux disque dur perdu au milieu d’anciens fichiers. En revanche, toutes les parties électroniques de ce morceau sont toutes récentes, ainsi que les paroles. Il y a aussi au sein du titre "LSD" de vieux matériel. Principalement des idées concernant les paroles et quelques riffs. En dehors de ces 3 morceaux le contenu de Planet Satan est basé sur notre travail de 2011 à 2014.
Etait-ce difficile de composer à nouveaux des titres ? Comment avez-vous fait ?
Nous n’avons pas de méthode particulière ou de processus bien particulier pour composer du nouveau matériel. Chaque titre vit sa propre vie et peut sortir de différentes origines. Certains sont construits à partir de riffs de guitare et d’autres viennent à la vie à travers des samples, des boucles ou de parties de programmation au niveau de la batterie. On ne peut pas vraiment dire que cela a été difficile de composer de nouveaux trucs. Après notre mise à jour de notre logiciel dur, le principal défi était de gérer l’explosion d'idées quand à la manière de poursuivre les enregistrements.
Comment travaillez-vous pour trouver ce parfait équilibre entre cette froideur, ce black metal primitif et les idées avant-gardistes?
Notre expression musicale vient de l'inspiration que nous tirons de chacun musicalement. Et nous nous retrouvons avec le spectre parfait et le mélange qui constituent le son brut et impitoyable de Mysticum. Nous avons toujours fait avec nos propres moyens, indépendamment du temps, des changements de tendances ou de l’influence du monde extérieur. Nous n'avons aucune influence directe marquée ou des idoles. Cela rend notre produit 100% original et donc difficile à classer.
Vous êtes désormais chez Peaceville Records. Est-ce la raison de votre retour sur le devant de la scène ?
Notre manager Mathias Løken a été le moteur principal pour la reformation de Mysticum, ainsi que notre contrat avec Peaceville. Un grand salut à lui pour le travail accompli! Pour notre sortie de Planet Satan nous pensions que Peaceville se démarque des autres labels, et cela a été un choix facile pour nous de faire notre choix parmi toutes les offres des autres labels.
Dans votre musique la batterie électronique donne cette atmosphère froide, voir glaciale. Pour Mysticum, est-elle plus importante que la place des guitares ?
Tous les ingrédients de l'univers de Mysticum sont tout aussi importants et nécessaires les uns que les autres. Nous voulons que l’utilisation des guitares et celle de la batterie électronique soit la même.
Qu’en est-t-il de la scène Industrielle black metal norvégienne actuellement ?
Outre Doedheimsgaard qui est un très bon groupe, je ne suis pas sûr qu’il se passe grand chose actuellement sur la scène black metal en Norvège.
Øystein « Euronymous » Aarseth (Mayhem) était fasciné par vos deux premières démos Wintermass et Medusa's Tears et voulait sortir votre album sur son label Deathlike Silence Productions. Te souviens-tu de cette époque, de vos relations avec Euronymous ? Quels souvenirs gardes-tu de lui ?
Øystein était le roi de la scène blackmetal norvégienne, une personnalité extrêmement forte et un visionnaire en ce qui concerne la connaissance et la compréhension de black metal. Il était tombé sur nos démos et nous avait signés sur son label. Il a également contribué au changement de notre nom de Sabazios en Mysticum. En dehors du fait que c’était un mec génial, nos souvenirs personnels restent personnels…
Comment avez-vous eu l’idée de mélanger le côté industriel au black metal ?
On n'a jamais eu le but de mélanger la musique industrielle avec le black metal, c’est seulement arrivé comme ça ...
Hellammer a été un membre de Mysticum pendant 6 mois avant la sortie de In the Streams of Inferno. Il n’a jamais rien enregistré avec le groupe ?
C’est vrai que nous avons répété avec Hellhammer à un moment donné. Et c’est aussi exact que nous avons abandonné cette possibilité, préférant un son plus stérile et marqué par le son des machines. Même si Hellhammer était, et est encore un excellent batteur avec des compétences mortelles.
Cela doit être difficile d’être de retour et de voir tous ces groups jouer du black metal en 2014?
Nous n’avons pas grand-chose à dire au sujet de la scène black metal en général.
Allez-vous être de retour sur les routes?
Nous allons faire des concerts. Nous sommes déjà en train de répéter et concevoir un spectacle à ce sujet. Quand et où, cela reste à voir. J’espère que vous allez aimer notre album Planet Satan. Si vous l’écoutez, mettez le son à fond !
Hail to the French Black Metal Scene !