Pour la première date de la tournée européenne dédiée à l’anniversaire de Covenant, Morbid Angel s’apprête à fouler les planches du 106 à Rouen.
Malheureusement, contrairement à ce qui est indiqué sur les billets, c’est la petite salle du 106 qui accueillera les musiciens ce soir, faute de préventes. Qu’à cela ne tienne, il en faut plus pour décourager les français de Gorod, qui accompagnent les américains sur toutes les dates hexagonales.
Gorod
Lorsque les musiciens arrivent sur scène, la salle se remplit encore doucement. A priori, les Rouennais ne connaissent pas encore bien Gorod, mais le set délivré ce soir aura permis aux Bordelais d’acquérir de nouveaux fans. Premier constat, le son est excellent, surtout pour une première partie, laissant entrevoir toute la richesse musicale des compositions du quintet. Le groupe emmené par Nuts (chant), est carré. Toute l’attention du public est d’ailleurs focalisée sur le chanteur qui harangue la foule et envoie ses growls profonds en pleine face. Mais ce qui frappe le plus à l’écoute de la musique de Gorod, c’est le groove développé par les parties de basse de Barby et la batterie de Karol Diers, petit nouveau au sein de la formation. Ces parties groovy permettent d’ailleurs à Gorod d’être autre chose qu’un simple groupe de death technique et entraînent le groupe vers le haut du tableau. Le public ne s’y trompe pas et commence d’ailleurs à pogoter gentiment sur le désormais classique "Birds of Sulphure" (A Perfect Absolution).
Nuts communique très bien avec le public entre les morceaux et annonce un extrait du futur album du groupe, A Maze of Recycled Creeds, prévu pour 2015 et qui prouve encore une fois que Gorod en a sous le pied lorsqu’il s’agit de composer des titres techniques mais accrocheurs.
Les quarante-cinq minutes allouées à Gorod passent très vite et lorsque "Disavow your Gods" retenti, on se dit qu’on aurait aimé en entendre plus. Sur ce dernier morceau, les guitaristes Mathieu et Nicolas démontrent leur facilité à jouer des plans techniques extrêmement mélodiques, passant du tapping au sweeping avec une aisance déconcertante. Ainsi, après un set solide et sans temps mort, Gorod aura certainement glané de nouveaux fans ce soir et prouvé qu’il se démarque au sein de la scène Death hexagonale.
Morbid Angel
S’il y a un album dans la discographie de Morbid Angel qui met tout le monde d’accord, c’est bien Covenant. Sorti il y a maintenant 21 ans, ce classique du death metal est aujourd’hui interprété sur scène en intégralité. Lorsque "Rapture" démarre, le son ne s’est pas détérioré par rapport à la première partie et le groupe est réellement en pleine forme, à l’image de David Vincent qui assure avec brio chant et basse. Le fondateur du groupe, Trey Azagthoth, est toujours relativement discret, caché derrière sa longue chevelure, mais enchaîne les riffs et les soli avec sa patte toute particulière, à grand coup de vibrato. David Vincent communique bien avec le public, rappelant l’anniversaire de cet album désormais culte : "cette chanson a été écrite il y a 21 ans mais elle est toujours d’actualité aujourd’hui, car nous vivons toujours dans un monde de merde !" en prélude à "World of Shit" qui déclenche l’hystérie au sein de la fosse. Les slammers se font nombreux, n’hésitant pas à investir les planches, sous le regard légèrement décontenancé de David Vincent qui n’a visiblement pas l’habitude que l’on vienne marcher sur ses plates bandes et que cela semble énerver quelque peu.
De son côté, Tim Yeung s’en sort à merveille pour reproduire les parties de batteries jouées par Pete Sandoval deux décennies avant lui, ne faisant preuve d’aucune baisse de régime au cours du concert. A l’écoute des classiques qui se succèdent ("Pain Divine", "Vengeance is Mine", "Angel of Disease"), on comprend aisément pourquoi cet album est plébiscité par les fans. Au bout de presque trois quart d’heure, c’est le désormais mythique "God of Emptiness" qui est parfaitement interprété par David Vincent, qui use de sa voix claire et profonde sur le refrain, suivi d’ailleurs par tout le public du 106.
Après cette déferlante musicale, la boucherie ne s’arrête pas là puisque le groupe décide d’exhumer des titres de l’ère Steve Tucker. S’ils ne possèdent pas la même force que les classiques de Covenant, il est tout de même plaisant d’entendre David Vincent interpréter les rares "Curse the Flesh" ou "Ageless Still I Am", sur lesquels Destructhor (guitare) ne cesse de headbanguer, donnant la cadence à une audience survoltée. Mais malgré l’anecdotique "Existo Vulgoré" issu du controversé Illud Divinum Insanus, ce sont bien les deux classiques "Immortal Rites" et "Fall From Grace" tirés des deux premiers albums du groupe qui achèvent ce concert avec puissance et classe.
S’il a souvent été reproché à Morbid Angel d’être en pilote automatique lors de ses prestations scéniques, le concert de ce soir a montré un groupe impliqué, à l’image de son chanteur. Bénéficiant d’un son massif mais très équilibré, Morbid Angel a célébré l’anniversaire d’une pierre angulaire du metal de la plus belle des manières.
Setlist :
Rapture
Pain Divine
World of Shit (The Promised Land)
Vengeance is Mine
The Lion’s Den
Blood on my Hands
Angel of Disease
Sworn to the Black
Nar Mattaru
God of Emptiness
Where the Slime Live
Bil Ur-Sag
Ageless, Still I Am
Curse the Flesh
Existo Vulgoré
Immortal Rites
Fall From Grace
Photographies : Watchmaker 2014
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Un grand merci au 106.