La fraîcheur de Threshold
C'est en toute intimité que le groupe britannique de metal progressif Threshold se retrouve au Covent Garden d'Eragny pour l'unique date française de leur tournée.
Un évènement rare qui malheureusement ne déplacera pas les gens en masse... Peu importe, c'est à une bien belle soirée que les fidèles du groupe vont assister en compagnie de deux jeunes formations en ouverture qui ne seront pas en reste.
THE SILENT WEDDING
C'est aux grecs de The Silent Wedding qu'il incombe d'ouvrir la soirée alors que tout le public n'est pas encore installé dans la salle. C'est donc devant un parterre plutôt réduit que le quintet délivre son power progressif assez sombre.
Les musiciens semblent tous concernés et heureux d'être là, à commencer par le frontman qui vit ses chansons enrobées d'un vibrato intéressant. Bien en voix et malgré quelques difficultés dans les aigus, Marios mènera parfaitement sa barque entouré de compères à la fois techniques et puissants.
Les compositions jouées ce soir tournent autour du seul et unique album du combo, Livin' Experiments, fort bien défendu par le groupe. Retenons l'introduction du show "To Them" et son aspect plus sombre, l'épique "The Return to Ithica" ou encore le très Stratovarius-esque "Real Temptations". Cerise sur le gâteau, The Silent Wedding se permet même une reprise de Savatage, le cultissime "Gutter Ballet", fort bien mené et très apprécié par la foule.
Un quasi sans faute dans ces conditions donc et une bonne petite découverte à approfondir par la suite.
Setlist :
To Them
The Tale of Strahd
The Return to Ithica
Gutter Ballet (Savatage Cover)
Real Temptationss
OVERTURES
C'est au tour des italiens d'Overtures d'investir les planches, et force est des constater que le jeune combo transalpin entre heavy power et touches plus modernes semble bien savoir où il va.
Malgré la surabondance de samples et des choeurs plus ou moins inaudibles de la part du jeune bassiste (20 ans) et du guitariste rythmique, la performance globale sera fort intéressante avec une présence scénique bien huilée pour un combo n'ayant que six années d'existence (mais trois albums studios... déjà !)
Dans la lignée des chanteurs locaux que sont Fabio Lione ou autres Michele Luppi (qui fut son professeur de chant), le vocaliste Michele Guaitoli envoie la sauce tout en émotion non sans oublier les cris aiguis qui vont avec la palette power. Il s'avère de plus fort facétieux avec ses camarades mais aussi très communicatif et blagueur avec un public qui accroche fort bien, d'autant plus que les autres membres (guitaristes en tête, très complices) ne restent pas en retrait.
Niveau musique, il y a quelques bons moments plutôt prometteurs, que ce soit l'entame "Thee Maze" (malgré un départ un peu brouillon) ou "Savior" au refrain entêtant. De quoi promouvoir le dernier album, Entering the Maze, avec vigueur.
Pour leur second passage en France (ils ont ouvert pour Almah à Paris l'an passé), Overtures ont réussi à installer leur bonne humeur et leur passion pour la musique dans les esprits. A suivre.
Setist :
The Maze
A Different Point of View
Savior
Empty Trails
The Oracle
Fly, Angel
THRESHOLD
Cinquante personnes à tout casser, c'est devant donc une assistance limitée que Threshold s'apprête à donner sa seule performance française de la tournée, la première depuis bien longtemps. Loin d'être refroidi, le frontman Damian Wilson constate les faits mais salue la fantastique présence d'une foule certes réduite mais parfaitement concernée à l'image de ces fans au premier rang qui connaissent toutes les paroles à la plus grande émotion du chanteur.
Entre progressif technique bien carré et mélodies imparables, le sextette britannique se lâche sans accroc si l'on excepte un léger pain guitare au début de "Lost in Your Memory" ou une harmonie solo mal engagée plus tard. Des légers détails au sein d'une soirée parfaite portée par des musiciens qui se donnent sans compter à l'image d'un Damian qui se permet de jouer avec le public, n'hésitant pas à aller dans la foule et même à faire un stage diving final avant le rappel !
Très en voix, il envoie la sauce vocale sans faiblir si ce n'est sur quelques aigus en fin parcours mais cela semble fort compréhensible, surtout sur le très exigeant et épique "Pilot in the Sky of Dreams" plus taillé pour l'ancien chanteur Andy McDermott (une pensée pour lui au passage). Niveau épique, retenons aussi le magistral "The Box" extrait du nouvel album For the Journey, un vrai voyage émotionnel.
Sur le plan instrumental, chaque musicien s'amuse en restant précis, à l'image du guitariste lead Karl Groom qui démontre une aisance exceptionnelle, bien soutenu par son comparse Pete Morten qui deviendra soliste par moments comme sur "Coda" tout en croisant le fer plus d'une fois avec son jumeau de scène. Plus en retrait, Steve Anderson parcourt sa basse avec un toucher diabolique, sortant rarement de sa boite mais toujours à bon essient comme sur "Ground Control". Derrière les fûts, Johanne James est un monstre absolu de précision et de force qui fait tournoyer ses baguettes à chaque moment calme. Aux claviers, le co-compositeur Richard West est plus timide mais assure également les choeurs principaux, y compris le moment extrême sur "Slipstream" interprété sur album par Dan Swanö.
Quant à la setlist, nous avons été fort gâtés, avec une forte représentation des deux derniers opus studios qui ont vu le retour de Damian Wilson derrière le micro. La foule réagit particulièrement bien sur "Unforgiven" du dernier disque, mais aussi sur "Long Way Home" que Damian vient partager avec nous dans la fosse ou sur le grand final "Ashes" qui conclut les débats en beauté.
Threshold couronne ainsi de succès sa prestation, menée de main de maître par un frontman des plus sympathiques - ce qui ne gâche rien. Un moment rare qui restera longtemps inoubliable pour les fans présents sur place.
Setlist :
Slipstream
The Hours
Liberty, Complacency, Dependency
Ground Control
Unforgiven
Long Way Home
Coda
Lost in Your Memory
Pilot in the Sky of Dreams
Mission Profile
The Box
Turned to Dust
Ashes
On ne pourra donc regretter qu'une bien faible affluence au sein de cette soirée quasi parfaite. Tant pis, les absents auront eu tort !
Encore merci au Covent Garden pour avoir fait ce pari qui s'avère au final gagnant sur le plan humain et musical.
Photos : Ju de Melon © 2014
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