Copy metal!
Le moins que l'on puisse dire, c’est que Bloodbound ne nous a jamais enthousiasmés avec ses précédentes sorties, la formation suédoise jouant un heavy metal on ne peut plus basique et entendu un peu partout. Normal donc qu’ils aient toujours été relégués au rang des formations de deuxième division. Avec ce sixième opus en dix ans de carrière (à la pochette hideuse, encore une fois), Bloodbound remanie un brin sa recette et, brisons directement le suspense, si sa musique devient plus enthousiasmante, le groupe manque encore cruellement d’une identité forte qui le sorte de la masse des groupes de heavy/power.
Depuis quelques années, les groupes comme Sabaton et Powerwolf tentent d’apporter un peu de renouveau à un mouvement power metal à bout de souffle avec le succès que l’on connaît. C’est ainsi logiquement que Bloodbound tente aujourd’hui de s’engouffrer dans cette brèche comme il nous le fait entendre dès le titre d’ouverture "Satanic Panic". Impossible de nier l’influence de Powerwolf sur ce morceau. Tous les gimmicks du combo allemand sont présents, des riffs au clavier qui sonne comme un orgue d’église jusqu’aux paroles (avec un titre pareil, on s’y attendait). Mais le problème c’est que les Suédois ne sont justement pas Powerwolf et cet hommage a quand même de sérieux airs de plagiat opportuniste à certains moments. Bloodbound ne s’est pas arrêté là, car ces références "Powerwolfiennes" se retrouvent à nouveau plus tard dans l’album avec "Nightmare From the Grave" (mais cette fois sans clavier/orgue). On retrouve aussi un petit côté Helloween dans le refrain de ce titre qui n’en est pas moins l’un des meilleurs de l’album, notamment grâce à ce refrain entraînant.
Je parlais aussi de Sabaton plus haut et ce n’est pas par hasard car Bloodbound va aussi allégrement chercher l’inspiration pour certains de ses nouveaux morceaux dans la discographie de ses compatriotes. Les choeurs en introduction d’"Iron Throne" et surtout ceux de "When The Kingdom Will Fall" rappellent sans doute possible le quintet de Falun (ce dernier morceau ressemble d’ailleurs parfois à s’y méprendre à "Hearts of Iron" présent sur le dernier album de Sabaton) !
Passé ces inévitables comparaisons, il faut reconnaître que le groupe mené par Patrik Johansson dont la voix, à mi-chemin entre Andi Deris et Rob Halford possède un cachet certain, arrive pourtant à nous proposer quelques chansons plutôt bonnes. "Nightmare From the Grave" déjà mentionnée plus tôt et "Made of Steel", aux paroles ultras clichées déjà entendues chez toutes les formations du genre, mais taillées pour le live, sortent particulièrement leur épingle du jeu.
Stormborn est donc un album plutôt axé sur des tempos rapides avec certains refrains imparables et des soli maîtrisés… mais le tout dans un style déjà entendu et réentendu maintes fois. Ce ne sera sûrement pas encore suffisant pour que les Suédois élargissent leur fan base, mais les courageux qui les suivent depuis leur début vont sûrement retrouver un peu d’espoir après une série de disques assez moyens.
En résumé, Bloodbound sort ce mois-ci un sixième opus efficace sans être spécialement transcendant. Il n’en est pas moins vrai pourtant que le groupe suédois tient là son meilleur album depuis un trop long moment. Dommage qu’il ne soit finalement entaché par des références bien trop décelables (essayez pour rigoler de les compter toutes. Nous avons notamment aussi trouvé du Accept et du Hammerfall). On se demande au final si ce n’est pas simplement de l’opportunisme plutôt qu’une véritable recherche stylistique. Cet album a donc été plutôt difficile à noter, certaines influences nous plaisant particulièrement, mais Stormborn, sympa à la première écoute, s’essouffle bien trop vite pour être considéré comme un bon disque. Si le groupe parvient à continuer sur cette lancée tout en trouvant enfin ce petit quelque chose en plus qu’il lui manque, aucun doute qu’il puisse enfin s’élever hors de la masse.
6/10