Circle II Circle n'est pas vraiment un novice dans le domaine du heavy power prog. Pour preuve, compter dans ses rangs l'ex-chanteur de Savatage, Zak Stevens, et offrir au grand jour sa 5ème offrande en Octobre 2010, baptisée « Consequence of Power » sur AFM Records, n'est pas vraiment un signe d'amateurisme. A ce niveau, et avec un musicien aussi reconnu, on est en droit de demander une certaine qualité de la part de nos amis de Floride. Alors, bon brûlot, mauvaise galette ? Le jugement va être prononcé, la sentence est prête à tomber !
Et du début à la fin, c'est un assemblage de pièces plutôt sympathiques et dynamiques qui seront servies sur le plateau. Circle II Circle sait exécuter une prestation hautement réussie et se faire prenant, à grand coup de guitares bien affutées et de refrains mémorisables, dans une pure tradition heavy/power.
Le titre « Consequence of Power » porte bien son nom, mais sûrement pas dans le sens voulu par nos américains. En effet, le titre sait se garnir d'une guitare virtuose, accompagnée par un cortège emballé qui réussit à conserver sur tout le long un rythme effréné bien agréable. La conséquence de cette puissance sera ,sans aucun doute possible, une sensation de plaisir bien méritée pour un auditeur conquis.
Les autres titres ne sont globalement par en reste sur le plan de la qualité et vous trouverez certainement votre lot de bonheur dans l'ensemble, fort heureusement. « Out of Nowhere », où l'ambiance se fait plus sombre, s'octroie une bonne place dans le palmarès des meilleurs morceaux que compte la galette. Un poil plus prog que les deux premiers titres, le refrain nous convint définitivement de la réussite de cette piste. Le hard rock de « Mirage » fera également son petit effet, les nostalgiques de la période Savatage s'y retrouveront avec plaisir. N'oublions pas « Episode of Mania », tonique et mélodique, savamment mixée entre un power metal calibré tubesque et un heavy de bonne facture. « Take BackYesterday » et ses breaks au piano couplés à des riffs accrocheurs et son refrain dantesque sort véritablement du lot et s'impose sans aucune difficulté comme LA bombe de l'album. La recette du succès semble avoir été appliquée à la lettre, mission accomplie avec succès.
La réussite n'est cependant pas toujours présente. « Remember » se révèle moins attrayante, pas toujours très inspirée, trop classique et ne décollant vraiment jamais. « Redemption » a un air de déjà entendu qui n'est pas très agréable à l'écoute. Le titre en lui-même n'est pas à jeter, de part des couplets où la sauce semble prendre sans aucun superflu, accompagné d'un refrain bon même s'il ne marquera pas l'histoire. Hélas, les américains ont tendances à se répéter bien vite, expliquant ainsi que l'auditeur restera insensible. « Anathema » prend le rôle de la pièce dispensable. Difficile de succéder à la piste précédente s'étant imposée comme le meilleur morceau, si bien que l'on restera froid à ce manque d'inventivité et surtout de dynamisme.
L'enthousiasme retombe et l'on se pose des questions sur la durée de vie de notre combo : ne s'essoufflerait-il pas trop vite ? Le manque de prise de risque et d'originalité font malheureusement perdre en charme à l'opus, qui souffrira de la comparaison avec ses pairs. Un heavy power un tantinet prog, tout ce qu'il y a de plus classique, et si l'on se prête bien aux jeux sur plusieurs morceaux, la lassitude pointe bien vite le bout de son nez, l'auditeur préfèrera se détourner sur d'autres combos. Parfois, la ressemblance avec Savatage est trop grande, et surtout, la concurrence avec Jon Oliva's Pain pourra enterrer bien vite notre petit « Consequence of Power ». Car là où la musique de la formation pêche, c'est que finalement, tout est bien trop quelconque malgré de nombreuses qualités.
Encore une fois, la production n'est pas à son avantage. Son trop étouffé, vocaux outrageusement trop en avant par endroits (la grosse tête Zak ?). Bien sûr ce n'est pas inécoutable mais un énorme effort aurait dû être fait de ce côté, cela aurait probablement donné bien plus d'ampleur et de relief à la musique.
Zak Stevens, lui, est en forme et nous le montre. Son chant, chaud et puissant, forme la garniture idéale pour embellir chaque pièce, avec des variations maîtrisées, un charisme dont l'efficacité n'est plus à prouver et une puissance non négligeable. Un reproche à faire au sieur ? Le manque d'une conviction ou d'une émotion. Notre homme connait son organe et le maîtrise sans faire d'erreurs, mais à côté de cela, il n'apporte pas de charme particulier. Sur la ballade « Blood of an Angel », c'est bien simple, il ne semble pas être à sa place, malgré tant de qualités.
Ce ne sera sûrement pas l'album de l'année, mais « Consequence of Power » possède de bons moments qui ne seront pas superflus et feront pencher la balance du côté de la réussite. Malgré un manque de prise de risque évident, une originalité absolument inexistante et des influences marquées, Zak Stevens et sa bande réussissent à nous transmettre une écoute agréable. Seulement voilà, au bout de 5 albums, ne serait-il pas temps pour nos amis floridiens d'évoluer, de ne pas rester dans la seconde zone ? Des efforts seront à fournir pour l'opus suivant, et c'est tout le mal que l'on souhaite à nos américains.
Note finale : 7/10