Auspex – Heliopause

Planquez-vous, tous aux abris, les femmes et les enfants d'abord, ils sont de retour ! Qui ça, ils ? Mais enfin, je parle des français d'Auspex, jeune groupe de metal prog/power/sympho qui sévit dans nos contrées, provoquant carnage et désolation grâce à un premier brûlot efficace et complexe à la fois, qui fit trembler les fondations de la sphère du prog ! Et bien cette année, les revoilà ! Le monde va subir un nouveau bouleversement ! « Heliopause », c'est ainsi qu'est intitulée leur nouvelle arme, prête à l'emploi ! Quand ? Le 10 Octobre 2010 sur Pervade Records ! Minute … Peut-être que nos grenoblois ont été victimes d'un coup de faiblesse ? Ou alors, ils sont revenus plus forts que jamais ! Quelle est la clé de cet insoutenable mystère ?

 

Et ce brûlot tout neuf est composé à coups de guitares aiguisées et de mélodies variées ! Nul doute que l'accent a été mis sur la diversité, car toutes les pistes se suivent avec beaucoup de classe mais ne se ressemblent pas (trop). Et tel un glacier dans un volcan, puissance et douceur se côtoient, formant une délicate harmonie qu'Auspex s'évertue à recréer.

 

Il n'y a qu'à prendre l'exemple d'un « Silence », véritable petite pépite d'or, l'une des pierres angulaires de l'album ! Un morceau de prog hautement réussi, où le changement de rythme est présent, l'énergie n'est pas oubliée, tantôt tempérée, pour être plus présente par la suite, puis changer complètement de direction. Si la piste est un véritable régal à l'écoute, c'est également en grande partie dû à une maîtrise des musiciens, qui savent nous faire partager leur talent. Sans tomber dans le démonstratif, nos français réussissent une partition de haute volée.

 

« 0-1-0-1 (And so on...) » surprend par son côté expérimental très poussé, où la voix narrative se mêle aux chœurs, quelques lignes de chant faisant leur apparition par-ci par-là, sur un morceau à la structure changeante. S'il étonne au début et laisse perplexe, on se laisse bien vite entraîné par la beauté du titre, dont la dernière partie est juste sublime, la voix d'Elodie regorgeant d'émotion. Sur un plan instrumental comme vocal, la satisfaction est au rendez-vous !

 

De plus, le groupe ne perd en rien de sa personnalité, et apporte toujours sa touche de fraîcheur et d'originalité. « Setsunaki Tabi », mid-tempo intégralement chantée en japonais est très attachante et amusante, un pari osé mais relevé avec succès. Ce qui est encore plus satisfaisant c'est que notre formation grenobloise est toujours reconnaissable entre milles. Le jeune combo a réussi, avec brio, à créer son propre univers, son propre son, un défi artistique relevé haut la main. Dans un milieu musical où il est difficile d'avoir sa propre marque de fabrique, Auspex l'a trouvée. Une grande prouesse !

 

« Resolutio » (serait-ce signe d'une piste du nom d'« Heliopause » pour le 3ème opus ?), morceau de conclusion est très certainement le plus réussi et abouti que le sextette n'ai jamais crée. Une véritable perle du metal prog, où se retrouvent différentes langues (le japonais côtoie le français), des variations multiples : passages calmes avec piano enchanteur, puis les guitares se font plus incisives, se retrouvant au premier plan, la rythmique s'emballant, entrainée dans une folle cadence, pour un retour au calme, où les narrations en français d'Elodie sur l'atmosphère aérienne font un bel effet, pour accueillir l'arrivée des chœurs et le retour des riffs et se terminer par quelques délicates notes de piano, une fin en douceur.

 

L'ennui, c'est que si une bonne partie des titres se révèlent d'un niveau très élevé, tout n'est pas au même niveau. « I Walked Awoken on Titan », malgré une prestation vocale de qualité, semble parfois traîner en longueur et ne marquera pas les esprits. Dommage, car encore une fois, le morceau s'avère être très diversifié, formé d'éléments multiples. De plus, « Heliopause » se montre relativement complexe, et si le travail fourni par nos musiciens est considérable, la difficulté d'accès pourra rebuter un certain nombre d'auditeurs, qui délaisseront ce disque trop vite. Surtout, ne vous arrêtez pas au bout d'une seule écoute, car la richesse de ce skeud en vaut vraiment la peine.

 

La production, elle, est de haut niveau et permet d'apprécier à sa juste valeur le travail fourni par le jeune combo. Le seul reproche que l'on pourrait formuler à l'œuvre est de placer le chant trop en avant, rendant plus difficile d'auditions le reste des instruments. Mais cela ne s'avère que peu dérangeant, fort heureusement.

 

Elodie Buchonnet, elle, semble avoir encore progressé. La demoiselle gagne en assurance et en justesse, et ses vocaux s'accordent parfaitement aux compositions proposées. Avec grâce et prestance, elle se pose sur les titres et sa belle voix fait effet en l'espace d'un instant, remplie d'émotion et de nuances. Sachant user de subtiles variations, monter dans la puissance avec brio et mesure, offrant une palette variée de ses capacités, la jeune femme est sans aucun doute l'un des plus grands atouts d'Auspex. Le seul petit reproche que l'on pourrait faire est qu'elle semble parfois encore fragile, comme sur « Silence », lors de quelques envolées.

 

Boum ! Les ravages recommencent, préparez-vous à déguster ! Avec ce « Heliopause », Auspex enfonce le clou encore plus fort, et s'impose comme l'une des références du metal prog en France. Une musique terriblement inspirée et malgré sa technique imparable, l'émotion est toujours au rendez-vous. Définitivement une excellente surprise, et même si quelques titres restent plus faibles, l'ensemble satisfait. Un grand crû, cette année.
 

 

Note finale : 8/10

Myspace d'Auspex

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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